«La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre», écrivait Einstein à son fils Eduard en février 1930. On pourrait dire, sans trop se tromper, qu’il en va de la vie comme de la politique. Pour avancer, il ne faut pas perdre l’équilibre. Notamment en Wallonie qui veut faire passer l’usage du vélo de 1 à 5% d’ici à 2030. Un défi immense pour mettre un plus grand nombre de Wallons en selle, souvent désenchantés, par rapport au peu de progrès des politiques cyclables, au manque d’améliorations significatives à l’échelle locale et régionale (lire «La Wallonie à vélo, un tour d’errance»). Au-delà du sud du pays, un nombre croissant d’initiatives s’efforce également d’élargir l’usage du vélo aux publics moins familiarisés. Mais pour qu’il devienne un véritable outil de mobilité pour toutes et tous, plusieurs freins restent à surmonter (lire «Démocratiser le vélo, une course de fond»).
En attendant, le vélo reste le domaine réservé de quelques privilégiés, bobos, gentrificateurs, mangeurs de légumes bio… Les images collant au cycliste urbain, singulièrement à Bruxelles, semblent parfois caricaturales. Pourtant, les chiffres sont là: aujourd’hui, le pédaleur bruxellois n’a rien d’un prolétaire et la pratique de la bicyclette a parfois tout d’un marqueur social (lire «Le cycliste urbain, ce privilégié»). Dans la capitale encore, le box à vélo est devenu un symbole parfois clivant. Inégalement réparti sur la région, il reflète les enjeux politiques, sociaux et urbains de la capitale. (lire «Le box à vélo, ce nouvel objet urbain»).
On ne pouvait clore cette vélorution, sans évoquer un autre déséquilibre. Genré, celui-là. Si depuis les premières générations de vélocipèdes au XIXe siècle, le vélo s’est imposé comme un symbole de liberté et d’autonomie pour les femmes, des inégalités persistantes subsistent, tant dans l’accès à la pratique que dans la représentation des femmes à vélo (lire «Cyclisme et féminisme, un chemin d’émancipation à vélo»).
Bref, dans la vie comme à vélo, il nous reste bien du chemin…
Dossier illustré par Jérémie Luciani