Loin du cliché de l’homme gay, blanc, issu de la classe moyenne et vivant en ville, les personnes LGBTQIA+ sont en fait plus à risque de basculer dans la (grande) précarité. La part des personnes ayant connu des épisodes de vie en rue serait cinq fois plus importante parmi les LGBT que dans la population générale, nous indique une enquête européenne. Plus que d’autres, elles demeurent pourtant dans un «sans-abrisme caché», notamment parce que leur expérience des services d’aide reste entachée de réflexes LGTBphobes (lire «Du sofa à la rue: le sans-abrisme caché des LGBT»).
Parmi les plus fragiles, les personnes trans. Focus, en bande dessinée, sur les violences subies par des femmes trans en situation de prostitution dans le quartier Yser à Bruxelles. Une BD réalisée par Klou (auteure de Bagarre érotique. Récits d’une travailleuse du sexe) et inspirée par le documentaire Yser et l’étude «Incivilités et violences à l’égard des travailleur(se)s et prostitué(e)s trans dans le quartier Yser», tous deux menés avec l’asbl Alias (lire «Les guerrières d’Yser»).
Est-ce aux structures LGBTQIA+ d’intégrer davantage les questions sociales ou au secteur social-santé de devenir davantage «LGBTQIA+ friendly»? «Il faut les deux!», assure Myriam Monheim, du centre de planning familial Plan F à Bruxelles, pour qui les structures généralistes doivent se former, mais qui précise aussi qu’il «y a aura toujours quelque chose de plus fort et de plus dense du côté des structures communautaires» (lire «Vers un secteur social-santé ‘LGBTQIA+ friendly’?»). Dans les maisons des repos, où les seniors peuvent être «invisibles autant pour la société que dans la communauté LGBT», les réflexions et formations sont lancées… Objectif: faire de ces lieux de vie des espaces aussi inclusifs qu’égalitaires (lire «Le retour au placard»).
Faut-il pour autant mettre sur pied des structures sociales spécifiques pour ces publics? Alors que les pouvoirs publics ont multiplié ces derniers temps les places dans les refuges ou logements dédiés, sur le terrain, on s’interroge sur la mise en concurrence entre populations précarisées (lire «Des refuges pour jeunes LGBT: une priorité?»). Le débat est ouvert.
Ce dossier a été illustré par Sophie Della Corte et réalisé avec le soutien de Equal.Brussels.
Écoutez sur notre Soundcloud le débat d’Alter Échos sur la thématique, avec comme intervenants Guilhem Lautrec, de l’asbl Alias, et Isabelle Gosselin, de l’Observatoire du sida et des sexualités et de l’asbl Ex Aequo.
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