On croyait que c’était dans l’encre, mais, à la lecture du dossier, vous serez bien obligé(e)s de constater qu’un article bien trempé peut l’être dans le sang des autres. Pas de ce sang qui fait la une de la presse à scandale, mais de ce sang qui fait lien. Car les liens du sang ont une force étrange.
Même quand la mort rôde à deux pas et qu’elle flirte avec votre boulot. On en parle avec une flic, un pompier et un magistrat («Quand la mort fait partie du job»). Ce sang, il faut aussi le nettoyer. C’est ce que font chaque jour Marie, Claire, Olga ou Toto qui arpentent les couloirs des hôpitaux pour ranger, désinfecter. Des travailleurs de première ligne souvent invisibilisés («Agents d’entretien: ‘Nous sommes les oubliettes de l’hôpital’»). Autre secteur, celui de la viande. Un mot vient directement à la bouche: pénurie. Pénurie de candidats en formation, pénurie de travailleurs, pénurie de boucheries. Assiste-t-on à la disparition d’un secteur? («Qui pour manier le couteau?»)
Face au sang, nous ne sommes tous égaux. En Belgique, quand on est un homme ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, c’est un peu la croix et la bannière pour donner son sang ( «Pas tous égaux devant le don de sang»). Inégaux aussi, parce qu’on est Noir et qu’on souffre d’une maladie méconnue, qu’on n’ose le dire, tout en souffrant de douleurs invisibles: c’est la quadruple peine des patients atteints de drépanocytose. Cette maladie génétique – la plus répandue en Belgique – touche principalement les afrodescendants («La quadruple peine des drépanocytaires»).
Inégaux enfin, parce qu’on est une femme et qu’on souffre de règles douloureuses. Mis en place en Espagne en 2023, le congé menstruel n’existe pas en Belgique. L’idée ne fait pas l’unanimité, y compris dans les rangs féministes. Le débat, encore timide, a le mérite de faire exister un sujet encore trop souvent chuchoté entre personnes concernées («Du sang, du labeur et des larmes»).
Alors, prêt(e)s pour une prise de sang?
Dossier illustré par Bertrand Dubois
