L’enquête que je rêverais de réaliser? On dit que les Belges amassent des millions sur des comptes d’épargne. Et pourtant on ne sait pas grand-chose de ces comptes: les montants, leur répartition géographique, le nombre de comptes d’épargne par ménage. Cela permettrait par exemple de situer dans le pays les régions où les personnes sont en capacité d’épargner et dans quelle mesure, et celles qui abritent un pourcentage significatif de population qui ne parvient pas à mettre de l’argent de côté, ce qui constitue un indicateur de précarité et de probable vulnérabilité, notamment à l’égard d’offres de crédit peu recommandables.
L’intérêt d’une telle étude pourrait également mettre en lumière l’ampleur de l’exonération de précompte mobilier pour les 1.880 premiers euros d’intérêts (3.760 euros pour les personnes mariées et les cohabitants). Cette mesure ne vaut a priori que pour le premier compte d’épargne. Si une personne en possède plusieurs, les intérêts perçus sur les autres comptes d’épargne possédés seront soumis au précompte immobilier de 15%. Or, il semble qu’un certain nombre de personnes dans cette situation «oublient» de mentionner cette réalité et bénéficient dès lors de l’exonération de précompte sur chacun des comptes qu’ils possèdent.
Une telle recherche ne semble pas si complexe à mettre en œuvre puisqu’il s’agit de croiser les données du registre national et celles de la Banque-Carrefour. Sans doute une question de choix politique. Paradoxal quand on sait les efforts budgétaires à réaliser.
Olivier Jérusalmy, chercheur au Réseau Financité, membre du comité de rédaction des Échos du crédit et de l’endettement
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