Dans le cadre de la revalorisation de l’enseignement technique et professionnel (T&P), les travaux de la Commission consultative des professions et des qualifications (CCPQ) participent,depuis 1995, à la définition de profils de qualification et de formation pour les différentes options de ces types d’enseignement. Les réseaux sont, quant à eux,chargés de traduire ces profils en référentiels de formation. Les premiers programmes sont d’application depuis septembre 2000. Le point sur le travail de la CCPQ avec JackyLeroy, Directeur général de l’enseignement obligatoire de la Communauté française1.
Alter Echos – En quoi consiste le travail de la CCPQ ?
Jacky Leroy – Le principe de la CCPQ, c’est de redéfinir ensemble (le monde des entreprises, le monde de l’éducation) les compétences que devra maîtriser unélève avec tel ou tel diplôme. On demande aux entreprises de décrire des activités professionnelles. On découvre des métiers. Il n’y a pas de profils’il n’y a pas de métier qui existe, donc cela a abouti à la suppression d’une série d’options. Ce qui a amené un fameux toilettage du répertoire. En six ans, onest progressivement passé de 450 options à 80.
AE – Qu’en est-il de l’application de la réforme dans les classes, notamment de la réappropriation des profils de qualification et de formation ?
JL – Nous n’avons pas encore une grande quantité de profils qui sont déjà appliqués sur le terrain. Pour les techniciens en informatique, par exemple, cela signifie qu’ily a un cadre de référence qui est le même partout, c’est un langage clair. Le résultat, c’est que le recrutement a été très bon dans les écoles,que le niveau d’exigence est clairement défini.
AE – Certains reprochent à la CCPQ de laisser trop de place au monde des entreprises dans la définition des profils mais aussi des programmes…
JL – C’est la première fois que j’entends quelqu’un du monde de l’éducation qui aurait dit cela. Ce n’est pas vrai. Souvent, ce qui se passe, c’est le monde des entreprises qui dit auxenseignants « vous exagérez », vous voulez en voir trop. Je ne dis pas que ce genre de critique n’existe pas, mais je pense que ce serait celle de quelqu’un de frileux. Mais c’est vrai que celane se fait pas sans quelques tensions. La division s’est rarement faite entre le monde des entreprises et le monde des enseignants. Si vous croyez que c’est évident pour un boucherindépendant et pour un boucher de grande surface de se mettre d’accord sur le savoir-faire requis d’un jeune boucher que l’on va engager…
AE – Comment le travail de la CCPQ répond-il à l’objectif de revalorisation de l’enseignement technique et professionnel ?
JL – En T&P, le recrutement se fait aussi par relégation, on le dit assez. Mais pas uniquement, et à force de tout le temps le relever, on crée le phénomène.Donc à côté des choses qui ne se passent pas bien, il y a un niveau extraordinaire qui est toujours atteint dans notre enseignement technique et professionnel. Le tri, lasélection sont sévères. Lorsque les profils et les épreuves d’évaluation seront appliqués, il y en aura effectivement moins qui réussiront. Moi jedéfends un enseignement technique et professionnel d’excellence. Parce que le diplômé qui a des capacités professionnelles, il sait ou il ne sait pas. S’il ne sait pas, iln’est pas diplômé.
AE – Que fait-on avec ceux qui ne savent pas ?
JL – C’est leur problème. Ils ont la chance d’avoir un système d’enseignement qui leur propose une qualification. S’ils ne saisissent pas cette chance, ce n’est pas laresponsabilité de l’éducation. Notre tâche est de mettre à disposition des écoles, des profs, des profils. Après, il y a la responsabilité desjeunes.
AE – Mais on sait que la responsabilité des jeunes n’est pas évidente, qu’elle s’acquiert petit à petit. Comment fait-on avec les élèves les plus jeunes ?
JL – Ce dont on parle ici c’est du 3e degré. Il faut faire en sorte que les élèves soient orientés le mieux possible, mais notre rôle n’est pas d’attribuer uneattestation de qualification à quelqu’un qui ne connaît pas son métier. Le T&P est un enseignement d’exigence, et donc que l’on prenne l’élève tel qu’il estquand il arrive, avec ses difficultés et ses erreurs de comportement, d’accord. Mais pas pour les accepter. L’école, cela reste la rigueur, un endroit où l’on apprend, on ne faitpas de l’occupationnel.
AE – Le quatrième volet du travail de la CCPQ est relatif à l’évaluation, en quoi consiste-t-il et quand sera-t-il d’application ?
JL – Il faut des outils d’évaluation. Face à un profil défini, on doit encore mettre en place des batteries de questions d’évaluation, des batteries de travaux. C’est encours. Même s’il ne faudrait pas que cela tarde trop, les moyens de la CCPQ restent beaucoup trop restreints compte tenu du travail qu’on lui demande. À côté, il y al’adéquation et l’évolution des profils. On est en train de boucler les profils de CQ 6 et après, on va boucler les profils de l’alternance. Une fois que ce sera terminé,on pourra faire le tour et voir s’il n’y a pas des profils qui se sont modifiés, des métiers qui apparaissent et des métiers qui disparaissent.
1 DG de l’Enseignement obligatoire, Cité administrative de l’État, bd Pachéco 19 bte 0 à 1010 Bruxelles, tél. : 02210 55 93, fax : 02 210 57 28. La CCPQ està la même adresse.
Archives
"Jacky Leroy : "Je défends un enseignement technique et professionnel d'excellence !""
xavier
26-02-2001
Alter Échos n° 92
xavier
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