Pour la première fois en France, des isoloirs ont été installés dans les prisons pour encourager le vote des détenus. Si le vote en milieu carcéral est autorisé depuis 1994, le taux de participation des quelque 50.000 détenus avoisinait de 4% à 8%. Concrètement cette année, des isoloirs en prison leur ont permis de préparer anonymement leur choix, qui ont ensuite été envoyés au ministère de la Justice. Ces votes sous barreaux ont eu lieu entre le 16 et le 22 mai afin qu’ils soient dépouillés le dimanche 26, en même temps que le reste de l’électorat français. Parmi les 56.000 détenus français autorisé à voter, 10% auraient manifesté leur volonté de s’exprimer.
La situation quant au droit de vote des détenus est disparate en Europe. La Pologne fait figure de meilleur élève avec un taux de participation de 46,5% et 46% lors des élections présidentielles et législatives de 2015. Dans nombre de pays, c’est le vote par correspondance qui est de mise, avec des résultats parfois peu reluisants en termes de participation. L’Estonie, la Bulgarie et le Royaume-Uni resteraient aujourd’hui les trois seuls pays de l’Union européenne refusant le droit de vote à un total de près de 90.000 détenus (Source: «Voter en prison: l’Europe au défi. Elections européennes 2019», Louis Belin, 22 mai 2019, sur www.arte.tv).
En Belgique, les 6.000 détenus avec le droit de vote doivent passer par un vote par procuration. Selon l’association Genepi-Belgique, «les démarches pour voter par procuration sont difficiles d’accès pour les détenus». Preuve ultime de cette incapacité à pouvoir voter: le ministère de l’Intérieur donne une dérogation automatique à toute personne qui est en prison. Rappelant que 6.000 votes, «c’est un nombre suffisant d’électeurs pour décider si une formation politique aura ou non la possibilité d’avoir un groupe parlementaire», le Genepi-Belgique, en partenariat avec la Concertation des associations actives en prison (CAAP) et Bruxelles Laïque, a lancé «la campagne des 6.000», pour le droit de vote et le respect de la citoyenneté des détenus. L’association, qui a organisé des ateliers sur les droits citoyens des personnes icarcérées dans plusieurs prisons du pays, rappelle que cette campagne sur un droit bafoué est aussi l’occasion «de mettre en lumière la réalité des conditions de détention et l’état des droits humains en prison» (Source: «Les campagne des 6.000, une opération du Génépi Belgique», La Brèche n°1, printemps 2019).
Infos: https://genepibelgique.wixsite.com/genepi/droit-de-vote-des-detenu-e-s