Comme d’autres communes bruxelloises, celle de Jette est en pleine démarche Agenda 21 Local global1. Avec comme particularité une mobilisation citoyenne pro-activeet très structurée qui veille autant qu’elle propose et anime.
« L’intention était déjà présente sous la précédente mandature, mais elle n’a pu se concrétiser que l’an dernier,grâce à l’appel à projets lancé par la Région [voir Alter Échos n° 259], explique Christine Gallez, échevine (Écolo) dudéveloppement durable2. La commune est endettée et nous ne voulions pas nous lancer dans cette dynamique sans avoir les moyens de recruter une personne pour sa coordination.Le subside de la Région nous le permet désormais. »
Un tram, des valeurs
Si la commune s’est lancée dans une démarche spécifique d’Agenda 21, c’est aussi en raison de sa forte dimension de participation citoyenne. Pourl’échevine, il s’agit d’un aspect « que l’on ne retrouve pas autant dans les autres plans communaux dont l’élaboration comporte moins d’occasions deconfrontation avec les citoyens. »
Comment, dès lors, articuler le plan stratégique d’ensemble et les plans et mesures sectoriels ? « C’est le Collège qui veille à la cohérence.» Sans pour autant remettre en question tous les projets déjà en route. « Nous faisons la part des choses, très explicitement, entre ce qui est négociable etce qui ne l’est pas », affirme Christine Gallez en référence au projet régional de la nouvelle ligne de tram 9 (entre le nord – l’hôpital Brugman –et le centre-ville de Jette) que le Collège entend défendre en dépit d’une forte contestation de riverains. Celle-ci résulte, selon l’échevine, «d’une somme d’attitudes « nimby« 3 alors que la dynamique de l’Agenda 21 repose jusqu’à présent sur un consensus autour de valeurs. »
Pilotage et coordination
Le pilotage est assuré par un comité présidé par le coordinateur et composé d’échevins, de fonctionnaires de différents services etd’associations jettoises. Se réunissant quatre à cinq fois par an, celui-ci exerce une triple mission : vérifier que les impulsions ont bien lieu, identifier les freins etpistes de solution, cautionner les activités du coordinateur. Un groupe de coordination composé de l’échevine, de sa proche collaboratrice et de la celluledéveloppement durable se réunit une fois par semaine et gère le dispositif « au quotidien ».
À l’administration communale, une cellule développement durable regroupe l’éco-conseillère, la personne responsable des dossiers énergétiquescommunaux et le coordinateur de l’Agenda 21. « Leur dynamique de travail est celle du projet, l’objectif est de les faire travailler de façon transversale avec les services.Ainsi, pour la rédaction de marchés publics, nous veillons à ce que la personne qui en a la charge rencontre la cellule DD afin de tenir compte de clauses environnementales,éthiques, durables », explique l’échevine.
Un moteur hybride
La dynamique de l’Agenda 21 de Jette jouit déjà d’une certaine notoriété. C’est qu’outre le volontarisme du Collège échevinal,elle est aussi alimentée par une plate-forme citoyenne d’une vingtaine d’associations et de particuliers jettois, l’une des plus active du réseau « Çapasse par ma commune ». Associée à la discussion à propos de la méthodologie de participation citoyenne à mettre en œuvre, la plate-forme contribueaussi à la mobilisation dans les groupes de travail thématiques qui se mettent en place ; le premier sera structuré autour d’un public : les jeunes.
La question de savoir comment associer certains publics, culturellement plus éloignés de la prise de décision et de la gestion communale suscite des expérimentations.Ainsi en va-t-il du groupe de travail « jeunes », qui sera animé par une association experte, Habitat et Participation. Ainsi également, de la présentation despriorités du diagnostic le 13 décembre, qui sera illustrée par des dessins d’enfants d’une école de devoirs. C’est aussi le sens du dossier decandidature de catégorie 2 (sectoriel) que prépare actuellement l’échevinat du développement durable pour le nouvel appel à projets Agenda Iris 21. Ils’agirait cette fois de travailler avec les locataires de logements sociaux autour de leurs charges énergétiques.
1. En Région bruxelloise, l’appel à projets Agenda Iris 21 permet également de soutenir des initiatives plus sectorielles – nous y reviendrons dans un prochainnuméro.
2. Christine Gallez, échevine du Développement durable :
– adresse : chaussée de Wemmel, 100 à 1090 Jette
– tél. : 02 423 12 09
– courriel : infojette@jette.irisnet.be
3. « Not In My Backyard », « pas dans mon arrière-cour », syndrome théorisé par des chercheurs anglo-saxons pour expliquer les réactionsd’hostilité de riverains face à l’implantation ou à l’extension d’une nouvelle installation.