Dans la foulée du dernier dossier d’Alter Échos consacré à l’engagement des jeunes dans la politique, nous vous proposons sur le site, une fois par jour, l’interview, mi-décalée mi-sérieuse, d’un candidat de chaque parti.
Alter Échos : Quel âge avez-vous ? C’est la première fois que vous vous présentez ?
Mélisa Blot : J’ai 28 ans et c’est effectivement la première fois que je me présente à des élections. C’est une opportunité unique et j’ai la chance de faire partie d’une équipe très pro mais dans laquelle on rit aussi beaucoup.
AÉ : Qu’est-ce qui vous a mené jusqu’au MR ? Voter comme papa et maman, ou justement vous en démarquer ?
MB : J’ai toujours été passionnée par la politique. Mes parents étaient impliqués dans le monde syndical mais également au PSC à l’époque. J’étais encore fort petite. Personnellement, je me suis rendue compte assez rapidement que les propositions du MR rejoignaient mon point de vue sur pas mal de thématiques (ou c’était plutôt le contraire ?). Puis un très bon ami à moi est venu me trouver pour me convaincre d’entrer chez les Jeunes MR. Et je ne l’ai pas regretté. Ce fut une expérience mémorable…dans le bon sens du terme ! On a mis en place des activités sur le terrain, on a été à la rencontre des jeunes. Et on a refait le monde mille fois autour d’un verre jusqu’aux petites heures… Par rapport à mes parents, je pense que c’est plutôt moi qui les ai convaincus de voter MR !
AÉ : Les Jeunes MR réclament la légalisation du cannabis, vous en fumez ?
MB : En voilà une question. Nous réclamons aussi de revaloriser les statuts et les salaires des métiers en pénurie. Est-ce que j’en exerce un ? Non. Ça ne m’empêche pas de soutenir cette mesure. Actuellement, la politique répressive est un échec. La police est dépassée par la prolifération des plantations de cannabis partout en Belgique (et surtout en Wallonie). En parallèle, la dette wallonne s’élève au minimum à 6 milliards d’euro (entre 6 et 11, les experts ne semblent pas s’accorder…) et il est primordial de trouver des moyens à investir dans une réforme profonde de l’enseignement et de la formation, mais aussi dans la création d’emplois.
Dans l’Etat américain du Colorado (1e Etat à autoriser la vente et la consommation de cannabis à des fins non médicales), les ventes de cannabis ont rapporté 3,5 millions de dollars en impôts rien que pour le mois de janvier, simplement avec une taxe de 15% sur la consommation et de 2,9% sur les ventes. Si on voulait interdire les substances néfastes pour la santé, on devrait commencer par interdire purement et simplement la vente d’alcool et de cigarettes. Or, ce n’est pas le cas. Arrêtons l’hypocrisie. Les moyens dégagés serviront à financer la prévention et des politiques nécessaires au redressement de notre pays.
AÉ : Vous avez des contacts avec les jeunes des autres partis ? Vous vous retrouvez en boîte après vous être affrontés sur le terrain politique ?
MB : Tout d’abord, je suis plutôt resto-cafés/bars, que boîte. Mais oui, j’ai des amis dans certains autres partis. On n’est pas d’accord sur tout, mais c’est ça aussi qui est drôle. On se moque gentiment de nos gaffeurs respectifs. La vérité c’est qu’on se comprend parce qu’on vit les mêmes choses, on traverse les mêmes difficultés, les mêmes étapes initiatiques. Pour moi, la politique est une très bonne école de la vie. On apprend beaucoup sur la nature humaine, la société dans laquelle on vit. C’est une aventure de chaque instant.
AÉ : Qu’est ce qui vous agace le plus chez les « vieux » MR ?
MB : Ne dit-on pas qu’un jeune con deviendra un jour un vieux con ? Ce qui m’agace chez les « vieux », m’agace aussi chez les « jeunes ». Et ce n’est pas une question de parti. Ce qui m’agace c’est le manque de respect pour autrui, les gens qui n’ont pas de parole et la malhonnêteté intellectuelle.
AÉ : Quelle tête au MR rêveriez-vous de voir sauter ?
MB : Aucune. Mais je peux vous en citer beaucoup dans les autres partis ! Non ? Sérieusement, dans un parti politique, c’est comme dans la vie ou plutôt, comme dans une famille : il y a toujours un cousin qui se fait remarquer, un oncle qui monopolise la parole ou une tante qui a un avis sur tout alors qu’elle ne s’intéresse à rien. Même si parfois ils nous énervent, on les apprécie parce qu’on sait qu’on est intrinsèquement lié.
AÉ : Quelle opinion des Jeunes MR rêvez-vous de faire passer dans le programme du parti alors que vous savez qu’elle n’a aucune chance d’être acceptée ?
MB : La seule position sur laquelle les Jeunes MR et le MR ne sont pas d’accord, c’est la légalisation du cannabis. Ça laisse peu de marge ! Si le débat doit avoir lieu sur cette question, il ne faut cependant pas agir dans l’urgence, la réflexion doit faire son chemin. Il faut convaincre sans imposer. Et il ne s’agit pas d’un rêve pour moi. Mon rêve, ce serait de trouver des jeunes à des places éligibles lors de chaque élection… Je suppose que mon point de vue changera au fil des années ! Il faut former la relève et lui donner sa chance. C’est ce que Jacqueline Galant fait avec moi et je l’en remercie.