Lundi 4 mai, Solidarités nouvelles a organisé un débat au squat du n°60 rue des Champs à Liège. Le thème initial portait sur « le droit depropriété et le droit au logement ». Ont participé au débat, des représentants des groupes SDF, des habitants du quartier, les squatters du lieu et leur avocat1,soit une quarantaine de personnes. Le thème fut vite quelque peu délaissé au profit de l’établissement de rapports « de bon voisinage » entre squatters et habitants duquartier.
Stéphane Robin, squatter, a tout d’abord présenté le projet de la communauté, expliquant qu’il s’agissait avant tout, pour lui et ses compagnons, d’avoir un logement. Ilcompte également proposer aux étudiants des Beaux-Arts d’y installer des ateliers. « Nous sommes prêts aussi à donner un coup de main aux habitants du quartier pour desdéménagements, des petits travaux, etc, mais nous avons aussi besoin d’outils, même de vieilles planches pour faire du squatt un logement décent ». Poursuivant sur cettelancée, Maître Jean-Paul Brilmaker a précisé que « le squat n’est pas une catégorie juridique nouvelle, il est avant tout une extrême misère pour ceuxqui en sont réduits à vivre de cette manière, pour ceux qui ne bénéficient même pas de l’aide sociale. Si des personnes ont des droits, d’autres essaient deles mettre en valeur (…) Au moins, ils ne vivent pas sous les ponts ». Paul Trigalet – Solidarités nouvelles – rappela, à cette occasion, la possibilité d’obtenir le minimexpour les sans-abri, « à condition que soit mise en œuvre I’adresse de référence ». « Une démarche alternative à la réquisition d’immeublesabandonnés se présente aussi, prônée par la loi Onkelinks : c’est la location forcée inscrite dans le nouveau Code du logement wallon qui devrait êtrevoté bientôt ». Quant à Germain Dufour, ex-Sénateur Écolo travaillant avec les sans-abri, il estime qu’il « faudrait savoir ce que l’on veut Si on veut nettoyer laville des mendiants, il faut accepter qu’ils s’installent ailleurs et fassent des projets. Malheureusement, la politique va trop dans un sens de sécurité de la ville ».
Une voisine intervint en soulignant que « les squatters étaient assez mal ressentis. Personnellement, je les admire pour ce qu’ils font, mais la nuit, il y a des problèmes de tapage. Ilsont une image un peu négative. Moi, je demande à être rassurée ». Les squatters répondirent qu’ils étaient prêts à faire des efforts. « Si on vientici, c’est pour arrêter la rue, dit Stéphane. C’est vrai qu’on crie, mais dans la rue, c’est le seul moyen de se faire comprendre. On ne sait plus parler normalement ». In fine, ladécision fut prise que squatters et habitants se rencontrent, afin de résoudre leurs problèmes de voisinage et d’envisager des collaborations possibles pour une vie harmonieuseentre gens du quartier.
Jean-Paul Brilmaker restait toutefois inquiet, car les services de sécurité et de salubrité de la Ville avaient apporté le soir même un avis d’interdictiond’occupation des lieux déclarés insalubres. « La procédure serait alors exécutoire et les jeunes pourraient être expulsés avant que nous n’allions enappel ».
1 Bien que certains invités, ne soient pas venus : des représentants du Bourgmestre, de la Ville, du CPAS, du Syndicat des propriétaires, des Échevinats des Affairessociales et de la Famille, du Logement Urbain et du Logement périurbain. L’Agence Alter assurait le rôle d’animateur-modérateur.
Archives
« Jonruelle II : droits des mal logés, droits des habitants du quartier »
Alter Échos
18-05-1998
Alter Échos n° 30
Alter Échos
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