Edgar Szoc
Wallonie : les pénuries de main d’œuvre à l’ordre du jour
Comment se fait-il que les entreprises wallonnes ne trouvent pas de candidats compétents pour certains emplois offerts, alors que la Wallonie compte plus de 260.000 demandeurs d’emploi ?Cette question, vieille comme la montée du chômage, a déjà connu diverses réponses politiques et diverses dénominations : fonctions critiques,pénuries, difficultés d’appariement. Récemment, le plan Marshall prévoyait de consacrer 75 millions d’euros à cette problématique, en utilisant surtoutl’instrument de la formation. Le Forem a commencé à en opérationnaliser les grandes lignes depuis le début de cette année. Fin mars, c’est un rapport de recherchesur cette question que présentait le Dulbea (Département d’économie appliquée de l’ULB). Commandé par les ministres Arena (Formation – PS) et Marcourt(Économie et Emploi – PS), il s’appuie notamment sur neuf tables rondes sectorielles qui ont permis aux acteurs concernés – employeurs, salariés, Forem, enseignants,fonds sectoriels, intérim (Federgon) – d’échanger leurs points de vue1. Retour sur une question qui a déjà suscité beaucoup de mesures, sans queleurs effets n’aient toujours été visibles.
Agenda 21 : ce que les communes peuvent faire
Contrairement à la Déclaration de Rio, qui édicte surtout des principes très généraux, l’Agenda 21 (ou Action 21), adopté en juin 1992,constitue un véritable programme d’actions concrètes assez facilement appropriables, constituant potentiellement un mode d’emploi du développement durable pour leXXIe siècle. D’où l’intérêt d’observer comment ces programmes sont mis en place au niveau local – en sachant que le contexte institutionnel n’encourage quetrès modérément ces démarches : ni la Région wallonne ni la Région bruxelloise n’ont encore mis en place d’outils d’aide administrative ou financièreadressés aux communes pour la mise en œuvre locale d’un Agenda 211. Les communes en sont donc réduites au volontarisme politique – ce qui contraste avec lasituation prévalant dans les pays voisins. Exemple d’une tentative d’implantation avec la Ville de Bruxelles.
Rapport annuel de l’Onem : en attendant le contrat de solidarité entre les générations
Pour l’Office national de l’emploi (Onem), 2005 a été une année de transition – contrairement aux précédentes, elle ne se caractérise pas par ungrand nombre de modifications réglementaires ni de nouvelles mesures. Année de mise en place ou de véritable décollage de mesures décidéesprécédemment, donc. C’est notamment le cas pour le Plan d’activation du comportement de recherche d’emploi – rebaptisé « Chasse aux chômeurs » par sesopposants –, la suppression du pointage ou encore le nouveau régime d’allocation de garantie de revenus (AGR) octroyée aux travailleurs à temps partiel. C’est à unretour sur l’activité de l’Office et, de là, à un panorama sur la situation de l’emploi (et du non-emploi) qu’invite le rapport annuel 2005 de l’Onem, rendu public à lafin du mois de mars1. Et ce, avant un redémarrage du processus de modifications réglementaires cette année, dans le sillage du « contrat de solidaritéentre les générations ».
Contrat de gestion de l’Orbem : du rêve à la réalité
Il avait été annoncé par l’accord de gouvernement bruxellois – le ministre de l’Économie et de l’Emploi, Benoît Cerexhe (CDH) en avait même fait un deses chevaux de bataille pour cette législature –, il avait été confirmé lors de la signature du C2E (Contrat pour l’Économie et l’Emploi) : le Contrat degestion de l’Orbem (Office régional bruxellois de l’Emploi)1 a désormais été signé, ce 31 mars, par le ministre Cerexhe, le président de l’Orbem,Robert Delathouwer, et son directeur général, Eddy Courthéoux… Suivant la logique maintenant éprouvée de ce type de texte, c’est notamment les idées debonne gouvernance et de management par objectifs qui sont mises en avant…
Pacte associatif : livre vert adopté, associatif consulté
Comme ils en ont pris l’habitude depuis le début de cette législature, les gouvernements de la Communauté française, de la Région wallonne et de la Cocofont tenu une réunion conjointe ce lundi 27 mars. Au menu de cette assemblée interfrancophones : le pacte associatif – dont l’objectif est de clarifier les relations entrel’administration, le monde politique et le secteur associatif. Comme prévu, les trois gouvernements ont adopté le Livre vert1, qui propose un état de la questionen 104 points distillés sur une vingtaine de pages. Parmi les cinq annexes au document, figure également la note méthodologique qui donne plus d’informations sur la suitedu processus et les délais espérés pour la mise en œuvre et l’adoption du texte final. Extraits.
S’inscrire au CPAS pour 6 euros par mois!
C’est dans la plus grande discrétion qu’un arrêté royal du 22 mai 2005 a institué une nouvelle catégorie d’âge pour les chômeurs isolésbénéficiaires d’allocations d’attente. Alors qu’auparavant, ceux-ci étaient classés en trois tranches d’âge (moins de 18 ans, 18-20 ans, plus de 21 ans), legouvernement fédéral a décidé d’en rajouter une quatrième (plus de 25 ans). Un changement purement technique? Voir… Car ce changement n’est pas sansconséquence pour les intéressés ; des conséquences qui se font ressentir jusque dans les CPAS.
Le travail comme torture, le management comme épidémie…
Chaque semaine, dans trois hôpitaux publics de la région parisienne, une psychologue et deux médecins reçoivent des hommes et des femmes malades de leur travail. Leurséchanges sont filmés, sans fioriture, ni effet de manches. Tel est l’arguement de Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, le dernier documentaire deSophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil. Pendant une heure, la caméra ne se détache pas de ces dialogues, s’attardant sur quatre témoignages en train de se dire dans leshésitations et les balbutiements. Niveau zéro de la mise en scène : plus que la caméra, c’est la parole qui fait voir. Tout ce qui n’est pas montré (le hors-champde la souffrance sur les lieux de travail) transparaît dans les visages, les postures, les tics et, évidemment, les récits de chacun des quatre intervenants.
Sociologie au service du travail social
Entre travail social et sociologie, s’est instauré, depuis la naissance des deux disciplines, un rapport complexe fait de proximité et de méfiance, decomplémentarité et de domination. Cette dimension d’amour-haine est théorisée, entre autres, par François Dubet, dans Le déclin de l’institution :« Le travail social est suspendu à deux grands univers intellectuels qui lui donnent du sens : la sociologie et la psychanalyse. Les travailleurs sociaux sont donc tenus de chercher lasignification de leur action dans des travaux théoriques qu’ils ne produisent pas eux-mêmes. […] Leur seul discours « authentique » est celui du vécu, mais le vécu ne ditjamais rien s’il n’est pas interprété. […] Les travailleurs sociaux sont donc en situation d’être colonisés par des modèles théoriques dont ils n’ont pas lamaîtrise quand ils veulent échapper à l’engluement dans leur « vécu ». » C’est pour tenter d’échapper à cet engluement, sans pour autant basculer dans lacolonisation, que Patrick Dubéchot a rédigé La sociologie au service du travail social1. Son objectif : « montrer l’intérêt de l’approchesociologique pour la mise en œuvre des pratiques d’intervention sociale et décrire les articulations possibles entre les deux champs. »
Pacte des loups ou pacte des mous : le pacte associatif côté coulisse
Les métaphores animales abondent au moment de qualifier le pacte associatif qui doit clarifier les rôles respectifs de l’administration, du politique et des associations : lescabinets semblent se regarder en chiens de faïence et avancent à pas de loup, beaucoup d’associations se présentent en chats échaudés et, pour qualifier le rythme dutout, c’est plutôt l’image de la tortue qui vient à l’esprit… La situation devrait néanmoins significativement s’animer dans les semaines à venir. Un gouvernementconjoint Communauté française-Cocof-Région wallonne est en effet annoncé pour le 27 mars. Devraient y être soumis une note méthodologique et un Livre vertoffrant une synthèse de la question et des différentes positions en présence ainsi que des perspectives internationales1. Le but explicite de ce Livre vert estd’offrir aux associations souhaitant contribuer au débat un outil de travail susceptible de leur éviter un fastidieux travail de déblayage. Du côté politique, c’estd’ailleurs la rédaction de ce document qui est invoquée pour justifier le retard accumulé par le processus.
Le titre-services en tiers-payant au CPAS de Beyne-Heusay
Voici un mois, lorsque les entreprises commerciales actives dans le domaine des titres-services (T-S) se sont fédérées sous l’enseigne de Federgon, une de leurs revendicationsavait trait au financement du dispositif T-S. Partant du principe que les T-S permettent de répondre à des besoins relevant de tous les niveaux de pouvoir, les entreprises commercialesdemandaient que des entités telles que communes, régions ou communautés puissent participer au financement du système – s’ajoutant ainsi au fédéral,seul contributeur actuel. Derrière cet appel, se cachait également la crainte de voir les T-S être victimes de leur succès, et l’État en contingenter l’accès,même si actuellement cette politique bénéficie toujours d’un budget ouvert. Quoi qu’il en soit de ces craintes, un CPAS wallon (celui de Beyne-Heusay) propose déjàune aide à l’achat de T-S pour ses usagers, qui s’apparente au système de « tiers-payant » réclamé par Federgon.
La Fondation Free tombe sur des jeunes entreprenants
« Contradictoires, infidèles, versatiles, exigeants, susceptibles… les adolescents d’aujourd’hui auraient de quoi décourager les fabricants. Mais comme c’est une cible enor, on leur pardonne tout. » À la liste de ces péchés véniels que la société Bluecomm attribue aux ados sur la page d’accueil de son site, elle pourradésormais en ajouter un, plus incommodant pour elle : certains jeunes, quand ils travaillent, sont vindicatifs. Pour preuve, la révolte de travailleurs engagés par Bluecommelle-même (Bureau de recherche suisse « spécialisé dans le comportement et les tendances de consommation des 15-24 ans ») afin de remplir des questionnaires pour lecompte de la Fondation Free1. Organisés de manière à la fois professionnelle et anonyme – derrière la figure ironique de « Bob le précaire» emblème d’un collectif nommé Flexblues –, ces militants d’un nouveau genre ont réussi un joli doublé en à peine une semaine. Obtenir une augmentationde 100 % de leur rémunération de base, et éclabousser une fondation réunissant le gratin du capitalisme belge derrière la promotion de l’esprit d’entreprise chezles jeunes Wallons et Bruxellois…
Les pédagogies émancipatrices au service de la cohésion sociale
Dans les débats sur et autour de l’école, une des questions les plus récurrentes concerne l’opportunité de faire entrer « le monde extérieur » dansl’enceinte scolaire. Tour d’ivoire, citadelle assiégée, ou au contraire maillon essentiel du réseau social, les métaphores les plus contradictoires font florèsà son sujet… C’est en partant de la question symétrique que le CFS (Collectif Formation Société) organisait ce 16 février une soirée de rencontres etd’échanges : qu’est-ce qui peut sortir de l’école ou, plus précisément, comment des pédagogies émancipatrices peuvent-elles êtreréappropriées par les acteurs de la cohésion sociale ? Pour tenter d’y répondre, le collectif avait invité pédagogues et travailleurs sociaux mais aussi exsans-abri.