Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale
Nathalie Cobbaut

Nathalie Cobbaut

Rédactrice en chef Échos du crédit et de l'endettement

Pauvreté et endettement : de meilleurs indicateurs

Le 13 juin dernier, le SPF Sécurité sociale1 organisait une journée d’étude au cours de laquelle les résultats de deux études ontété exposés, relatifs à des indicateurs qui permettraient de mieux corréler endettement et pauvreté. En effet, pour le monitoring de la pauvreté et del’exclusion sociale, les revenus de la population étudiée constituent l’élément central, mais d’autres facteurs peuvent également jouer unrôle non négligeable. C’est le cas de l’endettement.

Le Règlement collectif de dettes englué dans Phenix ?

En mars dernier, le gouvernement fédéral rompait le contrat d’informatisation de la Justice (mieux connu sous le nom de Phenix) conclu avec Unisys. Se pose dès lors laquestion du transfert de la compétence des juges des saisies vers les juges du travail en ce qui concerne le règlement collectif de dettes, initialement prévu pour le1er septembre.

Surendettement des travailleurs : mieux cerner le phénomène

Le 9 novembre dernier se tenait le colloque annuel de l’Observatoire du crédit et de l’endettement1. Le thème de cette année portait sur la lutte contrele surendettement et le monde de travail. En effet, sur la base des dossiers de médiation de dettes traités en Région wallonne, on se rend compte que près d’un tiersdes personnes surendettées ont des revenus du travail. D’où l’importance d’une sensibilisation du monde des entreprises à cet égard et la mise en placede réponses adaptées. Lors de ce colloque, plusieurs études ont été présentées afin de mieux appréhender le surendettement des travailleurs etles réalités qu’il recouvre.

Restructuration de la lutte contre le surendettement en Wallonie, exit les écoles de consommateurs

La ministre régionale wallonne, Christiane Vienne, a déposé un projet de décret tendant à améliorer la lutte contre le suredenttement. Le budget pourrenforcer les services de médiation de dettes, les centres de références et l’Observatoire du crédit devrait être augmenté de quelque 500.000 euros. Quant auxécoles de consommateur, elles ne seront plus subsidiées.

Le règlement collectif de dettes enfin réformé

Le 24 novembre dernier, la Chambre votait le projet de loi déposé en juillet 2004 par le gouvernement, évoqué par le Sénat et visant à introduire unesérie de réformes de la procédure en matière de règlement de collectif de dettes1. Pour rappel, cette procédure permet, depuis 1999, aux personnessurendettées de faire appel au juge des saisies afin qu’un aménagement soit trouvé avec leurs créanciers afin de leur permettre de vivre dans la dignitéhumaine, tout en remboursant leurs dettes dans la mesure du possible. Coïncidence ou prescience, c’est précisément cette même date du 24 novembre quel’Observatoire du crédit et de l’endettement2 avait choisie pour organiser son colloque annuel sur le thème de la médiation et du règlementcollectif de dettes dans la pratique. Autant dire que cette procédure judiciaire a été au centre de toutes les attentions.

Des initiatives pour prévenir les dangers du crédit

Le 26 novembre dernier, Journée internationale sans achats lancée par l’association canadienne Adbusters, les Équipes populaires1 ont organisé pour ladeuxième année consécutive, leur « Journée sans crédit ». Avec pour slogan : « Crédit facile…N’avalez pas n’importe quoi». Leur cible : les ouvertures de crédit proposées par les grandes surfaces et les sociétés de vente par correspondance. En effet, malgré uneréglementation assez stricte, il semble que les ouvertures de crédit passent au travers des mailles du filet et soient octroyées de manière plutôtlégère: pour preuve, le nombre de ce type de contrats, qui ne cesse d’augmenter, et, dans le même temps, la progression des défaillances de paiement qui s’yrapportent. Le 29 novembre, c’était au tour du Centre d’appui aux services de médiation de dettes de la région de Bruxelles-Capitale2 de lancer une campagne deprévention du surendettement sur le réseau de la Stib.

Du crédit pour lutter contre le surendettement ? Un paradoxe aujourd’hui dépassé

C’est au moulin de Beez (Namur), le 28 octobre dernier, date colorée des drapeaux verts et rouges de la CSC et de la FGTB en ce jour de grève nationale, qu’une centainede participants, travailleurs sociaux et autres, se sont rassemblés pour faire le point sur cette expérience pilote que constitue le crédit social. Menée depuis deux ansmaintenant en Wallonie grâce au soutien initial de l’ancien ministre wallon des Affaires sociales, Thierry Detienne (Écolo), et de son successeur, la ministre Vienne (PS),l’expérience du « Prêt 5 sur 5 »1 commence à porter ses fruits. Ce colloque intitulé « Crédit social, une nécessité? » fut en tout cas l’occasion de tirer certains enseignements de ces deux années de pratique de crédit social. Pour mémoire, il faut savoir que ce projet pilote aété précédé d’une première expérience de prêt solidaire menée par la Fondation Roi Baudouin et d’une étude sur lesconditions de possibilité d’un tel projet réalisé par l’Observatoire du crédit et de l’endettement.

« De rien, Saïd » : un cri pour rester humain

« Ce spectacle est dur, difficile mais très beau », annonce Isabelle Gillard, du Centre culturel du Brabant wallon (CCBW)1. C’est un cri. « Est-ce que çatouche quelqu’un ? », lance Jabir, un des acteurs, depuis la scène. Oui, ça transperce. Sur fond de décor réduit à un écran, un pupitre et une chaise,les comédiens, professionnels et amateurs, belges, marocains et d’ailleurs, se déplacent dans une pénombre qui permet aux spectateurs de se laisser emporter, accrochés parle roulis des mots pourtant loin d’être tendres. « L’indifférence est ta carapace, étranger. Insensible, distant, tu sembles hors d’atteinte des attaques et des rejets quetu ressens pourtant avec la vulnérabilité d’une méduse. C’est que l’écart où l’on te tient répond à celui où tu te loges toi-mêmejusqu’au noyau indolore de ce que l’on appelle l’âme, cette humilité qui, en définitive, est une brutalité nette. »2

Bébé Bus Basse-Sambre… une halte-garderie mobile

Le Groupe d’animation de la Basse-Sambre, le GABS1, service régional indépendant d’éducation permanente et organisme d’insertionsocioprofessionnelle, a inauguré, ce lundi 17 mars, la première halte-garderie itinérante pour les enfants de 0 à 3 ans en Communauté française, et àvrai dire, en Belgique. Les activités de Bébé Bus démarreront le 24 mars prochain. Le concept existe dans le nord de la France, sur le plateau Picard, et y fait un tabac.Une expérience pilote qui mobilise les communes de Jemeppe-sur-Sambre, Sambreville et Sombreffe et vivifie une sous-région marquée par un chômage important et endéficit d’offres de formation, surtout pour les femmes. Des communes qui s’impliquent par la mise à disposition de locaux inoccupés aménagés pouraccueillir quinze enfants au maximum, et agréés par l’ONE, un apport financier au prorata de la participation financière des parents, la présence des échevinsde la petite enfance au sein du Comité d’accompagnement qui suit de près le projet. Des communes qui pourront défendre le projet de manière conjointe auprèsdes pouvoirs publics afin de le pérenniser, fin octobre 2003, espère Claudio Pescarollo, directeur du GABS. Un projet qui aura nécessité pour son lancement un budget de161 131 euros (6 500 000 FB) et produit, au total, la création de six emplois, à durée déterminée pour le moment (deux puéricultrices, deuxéducatrices, une animatrice à mi-temps, et une coordinatrice à mi-temps). Le projet Bébé Bus est porté par le Fonds expérimental « Services deproximité » géré par la Fondation Roi Baudouin (FRB). Une première enveloppe de 49 578 d’euros (2 000 000 FB) a permis de faire une étude defaisabilité et d’engager deux personnes. Une enquête menée auprès de deux cent cinquante personnes a permis de répondre par l’affirmative à laquestion : « L’idée d’une halte d’accueil itinérante vous semble-t-elle intéressante ? »

Dow Jane : des outils d’animation pour mobiliser et former à la démocratie paritaire

Sur une affiche à Londres, deux enfants, une fille et un garçon, avec ce texte : « Donnez-lui moins d’argent de poche (à la fille), vous l’éduquerezaux réalités professionnelles », rapporte Brigitte Grésy, responsable du Service des Droits des Femmes et de l’Égalité au ministèredélégué à la Parité et à l’Égalité professionnelle français. C’est le nœud de la question traitée par leréseau Flora1, l’OISP « Retravailler Liège » 2 et leurs partenaires français et italiens, dans le cadre du 5e programme communautaireÉgalité des Chances entre les femmes et les hommes et qui répond au doux nom de « Dow Jane ». Les associations participantes ont mené une réflexion surles représentations sexuées des valeurs du travail et de l’argent. En quinze mois, elles ont mutualisé, testé et imaginé des outils pour aborder cesthèmes avec des personnes en recherche d’insertion socioprofessionnelle, des travailleurs/euses et des syndicalistes. Une collaboration concrétisée par une malletted’outils3.

À la rencontre des publics éloignés de la lecture

Deux jours de colloque, les 26 et 27 avril 2003, pour réfléchir et échanger sur des actions entreprises avec des publics qui lisent peu ou pas et sont souvent exclus desprojets de lecture. La question des publics éloignés de la lecture, et donc de la culture, interroge le sens démocratique de nos sociétés, introduit Yvette Lecomte,directrice du Service de la lecture publique du ministère de la Communauté française, organisateur de la rencontre avec le Centre de Lecture publique1. La justicesociale et culturelle se construit dans des politiques culturelles avec des apports transversaux, différenciés, interculturels. Or, 10 à 15 % de la population belge estanalphabète, il existe une corrélation forte entre diplôme, classe sociale et pratique de la lecture, 50 % des élèves de l’enseignement technique etprofessionnel (30 % en général) possèdent moins de dix livres à la maison, seulement 19 % du public fréquentent les bibliothèques, et parmi celui-ci, lamoitié a moins de 18 ans2. Le théâtre attire 10 % du public, et l’opéra 2 %, complète Jean Hurstel, de « Banlieues d’Europe»3. Si nous connaissons les pourquoi, nous restons avec des interrogations sur les comment. Nous avons pourtant raison de continuer à nous battre pour contrer la menaced’une régression politique et sociale, poursuit Jean Hurstel. Les services publics de la lecture devraient être utilisés par tous, insiste Yvette Lecomte. Lesbibliothèques sont plus que des stocks de livres. Elles ont un rôle social à jouer et sont des lieux de vie et de communication. Les bibliothèques ne doivent pas devenir,après l’école, un autre lieu d’exclusion.

Le Miroir Vagabond : l’art d’unifier la culture et le social

Centre d’expression et de créativité, conventionné pour remplir des missions d’éducation permanente et organisme d’insertion socioprofessionnelle, leMiroir Vagabond, situé à Bourdon près de Marche-en-Famenne, couvre essentiellement le nord de la Province du Luxembourg avec les communes de Marche, Hotton, Rendeux et La Roche.Cette asbl, créée en 1995, lance et réussit le pari de développer l’axe social et l’axe culturel en région rurale. Entre 2001 et 2003,l’équipe passe de 7 à 15 travailleurs. Une vingtaine de bénévoles et une dizaine de professionnels vacataires renforcent l’équipe. L’asbl estsollicitée dans des projets pilotes et dans le conseil pour le statut et les contrats d’emploi des artistes et animateurs socioculturels. Le Miroir Vagabond propose des ateliersd’alphabétisation et d’expression par les langages artistiques. Et bien davantage. Il touche toutes les tranches d’âges, et toutes les populations, avec une attentionparticulière pour les personnes vivant des situations fragilisantes. Travailler au Miroir Vagabond, c’est un acte politique et un choix de vie.