L’espace-rencontre culture a réuni huit expériences de terrain. Chacune met en avant, à sa manière, l’intérêt de travailler l’insertion à partir dulevier culturel. Ces projets mettent l’accent sur la dimension participative, l’expressivité, l’intérêt de croiser les points de vue, de se décentrer, travailler lesdifférences…
Antoinette Corongiu, directrice de la Fédération des maisons de jeunes définit les MJ1 comme « un espace d’échange et de rencontre qui favorise pour lejeune une vie collective à travers ses projets, l’insertion culturelle, sociale ». L’intérêt de la culture pour l’insertion des jeunes est néanmoins indirecte.« Cela ne permet pas de trouver du boulot. Mais cela permet de s’exprimer, se réaliser, prendre sa vie en main. » Avec 106 maisons de jeunes, la FMJ cherche àdévelopper « des projets dans lesquels les jeunes se sentent bien ». À l’image du projet « Trajet réel, trajet rêvé » développéces dernières semaines (voir AEduc n° 124).
Lézarts urbains
Alain Lapiower est le directeur de Lézarts urbains2, l’ancienne Fondation Jacques Gueux qui travaille au développement et au soutien des cultures urbaines. « Ce sontces cultures qui se sont développées dans les zones suburbaines et qui ont été rejetées des centres-villes. Paradoxalement, s’y sont développées desformes d’expression culturelle qui rénovent de façon fulgurante les formes d’expressions reconnues. » Ici aussi la culture est conçue comme un moyen d’insertion : «Nous partons du principe qu’en pratiquant une discipline artistique, un jeune peut se trouver un boulot. Cela aide au sens où c’est une manière de s’exprimer par l’art qui permet dedévelopper des compétences, c’est une manière de s’en sortir, c’est aussi une forme de reconnaissance sociale susceptible de donner confiance. »
Caravane des quartiers
Nina Gazon du centre culturel « Les Grignoux »3 expose quant à elle le projet Caravane des quartiers, inspiré d’une expérience française. Cetravail de proximité dans le quartier de Droixhe à Liège cherche à renverser la tendance à la stigmatisation de certains quartiers et des populations qui y vivent.« Nous sommes attentifs à intégrer la population dans la préparation de l’activité. Le travail se réalise donc en collaboration avec le reste du tissuassociatif présent dans le quartier. Cette participation au projet dès son origine permet au jeune de développer des savoir-faire, des savoir-être… » Le festival sedéroule au pied des tours et mélange les styles, les âges et les populations, ce qui permet de briser les stéréotypes. On y trouve des arts du cirque, du rap, durock… Boum, qui vit à Droixhe, est, cette année le coordinateur de l’événement. « La programmation est le reflet de ce que le quartier vit… Tout le monde s’yretrouve parce qu’elle se base sur des réunions auxquelles les jeunes participent. Ce festival, c’est une manière d’ouvrir un quartier refermé sur lui-même. C’est uneouverture à l’autre, à d’autres modes d’expression. » Et cette ouverture fonctionne dans les deux sens…
SIAJ
Le Service d’information et d’animation des jeunes (SIAJ)4 propose des animations à partir de la photographie. Emilio De Benedicti, son coordinateur explique la démarche.« À partir de techniques qui ne sont, a priori, pas leurs modes d’expression habituels – par exemple la photographie –, on leur propose d’exprimer leur quotidien.L’idée est de promouvoir une démarche réflexive et participative centrée sur l’expression des jeunes par eux-mêmes et pour eux-mêmes à partir d’un moyend’expression reconnu socialement. L’objectif est de les aider à faire entendre leurs idées, leurs projets à la société en général. »D’après Emilio De Benedicti, « la première réaction est souvent : « Mais il n’y a rien à photographier ici. » Les jeunes photographient ce qui les entoure. Petità petit, en leur apprenant à s’approprier la technique, on les invite à voir ce qu’il y a derrière les choses. En utilisant un mode d’expression socialement reconnu,l’objectif est de proposer un dialogue avec le reste de la société. De dire au monde des adultes : ‘Vous voyez le monde que vous êtes en train de nous laisser ». »
Musique et espérance Belgique
Waldia Allegria a exposé l’action de « Musique et espérance Belgique ». À l’origine, l’action de Miguel Angel Estrella, un pianiste emprisonné sous la dictature enArgentine. Le travail en Belgique s’inscrit dans une volonté d’éveil aux sons, de dialogue à partir de ce qu’évoque pour chacun la musique. « L’éveil musicalpeut aussi constituer un appui aux méthodes d’apprentissage de la lecture. » Évoquant un travail à partir d’un opéra, elle parle des savoirs qui sontmobilisés : lire, bouger, parler correctement…
Wake up
Pierre Muylle a coordonné le projet Wake up dans le cadre de Bruges 2002. Cet évènement culturel d’envergure s’est traduit, au-delà du centre historique, par unemobilisation des habitants et des travailleurs sociaux de trois quartiers les moins favorisés de la ville. « L’objectif était, en utilisant les moyens disponibles dans le cadre deBruges 2002, de créer une certaine proximité entre les autres habitants et ces quartiers. » Pour l’intervenant, « déjà, le fait de se poser cette questionétait une bonne chose ». Finalement, le projet s’est prolongé en développant une responsabilisation des habitants alors qu’au départ, « la pluparts’attendaient à quelque chose de tout fait, que l’on n’aurait qu’à consommer, comme on le demande d’habitude ».
1. FMJ, Place Saint-Christophe, 8 à 4000 Liège – tél. 04 223 64 16 – courriel : fmj@skynet.be – site :http://www.fmjbf.org
2. Lézarts urbains, rue Hôtel des monnaies, 184-186 à 1060 Bruxelles – tél : 02 538 15 12 – site : http://www.lezarts-urbains.be/
3. Les Grignoux, rue Soeurs de Hasque, 9 à 4000 Liège – tél : 04 222 27 78 – courriel : contact@grignoux.be
4. SIAJ, Rue du Marteau ,19 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 219 46 80 – site : http://www.siaj.be