Trop souvent, la tendance serait de penser que la coopération ne se passe qu’au niveau fédéral qui détient, jusqu’à ce jour, cette compétence.Séjours diplomatiques des ministres de la Coopération au développement (Armand De Decker, VLD) ou des Affaires étrangères (Karel De Gucht, VLD), missionshumanitaires des grandes ONG : ces événements sont relatés, le plus souvent, à fortes doses d’émotivité dans les médias audiovisuels.Qu’en est-il dès lors des actions menées aux échelons locaux ? Quelques exemples d’initiatives prises « ici » pour collaborer avec « là-bas».
« Les problèmes rencontrés dans la lutte contre la pauvreté sont similaires au Nord et au Sud. C’est pourquoi la Ville de Liège, elle-mêmedensément peuplée par des publics fragilisés, s’est engagée voici cinq ans dans un partenariat avec la ville de Lubumbashi en RDC », commente Carmen Fernandez,chef du service Relations extérieures1 à la Cité ardente. « Quand nous sommes arrivés la première année pour aider les sept communes formantl’entité, il n’y avait même pas de papier ni de bic pour commencer notre mission de registration de la population » poursuit-elle en souriant. Aujourd’hui,l’une des sept communes est informatisée, ce qui permettra graduellement d’enregistrer des actes (naissance, mariage, etc.) mais aussi d’envisager l’organisationd’une couverture sociale inexistante jusqu’à présent. Le budget octroyé à la Ville pour ce partenariat est de 1,33 millions d’euros majoritairementcouverts par la Direction générale de coopération au développement (fédéral)2. Forte de ces résultats encourageants, la Ville planchedéjà sur un second projet environnemental destiné à doter Lubumbashi d’un réel service de gestion des déchets via l’achat d’un camion maisaussi l’apprentissage du compostage qui revêt un coût moindre.
ULg – Sénat congolais – DGCD : Le triangle des élections congolaises
« Il faut bien l’avouer : la Belgique manque actuellement de véritables africanistes et l’un des derniers encore actif dans l’enseignement universitaire est BobKabamba, politologue à l’Ulg » confie le professeur Pierre Verjans3 qui a collaboré à l’ébauche de la nouvelle constitution congolaise. Lapremière version de 1964 de même que sa révision ultérieure (octobre 2004) comportaient des irrégularités procédurales. D’où l’appellancé par un rapporteur du Sénat congolais de collaborer avec les professeurs Kabamba et Verjans pour réécrire la constitution et les lois électorales en vue duprochain scrutin. « Si l’on veut intervenir efficacement, le respect de la culture locale est plus que jamais de mise car nous n’avons aucune légitimité face àun peuple muselé par le pouvoir colonial et les régimes dictatoriaux » poursuit Verjans.
Créer son propre emploi dans la coopération
Yadranka Zorica, responsable de l’Espace international du Forem4, fait part à une assemblée composée majoritairement de personnes ouest-africaines de laformation courte (5 mois à temps plein) d’intermédiaires en projets de Solidarité internationale. Cette formation, qui est donnée une fois l’an, estprincipalement destinée à des migrants en ordre administrativement et inscrits comme demandeurs d’emploi au Forem mais accepte également des Belges désirantœuvrer dans ce champ d’activités. Outre une formation théorique de base sur la gestion de projets de développement (financement, logistique, communication, ressourceshumaines), elle comprend une immersion linguistique en Irlande et au Royaume-Uni de même que deux stages : l’un dans un des dix-huit pays cibles de la Belgique et le second dans unorganisme ou une institution belge. Un encadrement au niveau de la recherche d’emploi est ensuite offert afin de créer son emploi ou rejoindre les projets existants en Wallonie.
Ces trois exemples illustrent donc l’importance accordée au respect des cultures, au choix des projets (ex. : pour Liège, se focaliser sur les services communaux et non lasanté ou l’éducation même si la registration paraît marginale à côté des autres enjeux) et à l’écoute des besoins (partird’un besoin et non en créer un !).
1. Carmen Fernandez, chef de bureau – Service du Protocole, des Relations extérieures, de l’Information et de la Presse – Ville de Liège
Place du Marché, 2 à 4000 Liège – tél. : 04 221 81 79.
2. SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au Développement – DGCD, rue des Petits Carmes, 15 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 501 8111 – site : http://www.dgcd.be
3. Pierre Verjans – ULg, Service de Science politique, faculté de Droit, Université de Liège, bd du Rectorat, 7, B31 à 4000 Liège – tél. : 04 366 30 34 – fax: 04 366 45 – courriel : pverjans@ulg.ac.be
4. Espace international du Forem, contact : Yadranka Zorica, responsable de l’Espace, place Cathédrale, 16/8 à 4000 Liège – tél. : 04 220 03 50 – fax : 04 223 54 57- courriel : yadranka.zorica@forem.be