Une « banale » conférence de presse semble avoir officialisé le réchauffement des relations entre Benoît Cerexhe1 et EmirKir2. Une bonne nouvelle pour les travailleurs bruxellois.
Une conférence de presse désertée peut parfois être riche en enseignements. Voilà en quelque sorte la petite leçon que peuvent avoir retenue les deux outrois journalistes présents le 10 mai dernier à Bruxelles Formation construction. Si elle n’était peut-être pas la plus excitante de l’histoire en ce qui concerne soncontenu, cette conférence dédiée à la signature du nouveau protocole d’accord sur les centres de référence (CDR)3 a en effet néanmoinspermis d’acter, pour qui savait lire entre les lignes, la grande réconciliation entre Benoît Cerexhe (CDH), ministre de l’Emploi de la Région de Bruxelles-Capitale et Emir Kir(PS), ministre Cocof de la Formation.
Il faut dire que depuis quelque temps, les relations entre les deux cabinets avaient tourné à l’aigre, même si les deux « camps » s’en défendaient.En cause : la généralisation aux moins de vingt-cinq ans du CPP (contrat de projet professionnel)4, mesure dont Benoît Cerexhe avait fait une priorité alorsque du côté d’Emir Kir et des opérateurs de formation, on s’inquiétait autant d’une possible déferlante de jeunes en formation (le CPP privilégie notamment laformation) que du manque de moyens à disposition de la Cocof pour y faire face. Ce qui avait poussé l’élu socialiste à évoquer un éventuel report de lamesure et à chiffrer les besoins de la Cocof à six millions d’euros.
Une collaboration parfaite
Si depuis lors une solution semble avoir été trouvée (voir Alter Echos n° 308 du 23 janvier 2011 : « CPP et formation : suffisants, lesmillions ? »), on s’interrogeait à propos des traces laissées par plus d’un an de tensions sur les relations entre deux cabinets appelés à s’entendre,dans leur intérêt mais aussi dans celui des travailleurs bruxellois. Aujourd’hui, le titre même de la conférence, « Les centres de référence : unecollaboration parfaite Actiris – Bruxelles formation. Un projet commun de plus… » semble vouloir rassurer jusqu’aux plus sceptiques. Les deux cabinets s’entendent ànouveau.
Cette nouvelle entente, si elle se confirme, est une bonne nouvelle, tout comme l’annonce lors de la conférence de presse de la mise en place par les cabinets d’un accord decoopération entre les politiques croisées « emploi formation ». Un accord qui, d’après Benoît Cerexhe, devrait être prêt pour la fin del’année mais dont le contenu n’a pas encore filtré.
Concernant les centres de référence, la principale nouvelle du jour consiste en la création d’un comité de pilotage composé d’un représentant du ministrerégional de l’Emploi, qui le préside, d’un représentant de chaque ministre en charge de la formation professionnelle à Bruxelles, d’un représentant d’Actiris, deBruxelles Formation et du VDAB-RDB. Un point important qualifié d’« ouverture » de la part de Cerexhe par certains membres du cabinet Kir. En effet, financésà 50 % par la Région et à 50 % par le privé, les centres de référence échappaient quelque peu jusqu’ici à l’influence du secteur dela formation. « Oui, c’est une porte ouverte à la formation. Je ne veux plus que l’on vive dans des mondes cloisonnés, déclare à ce propos Benoît Cerexhe.C’est déjà assez difficile à Bruxelles avec les deux entités [NDLR Région et Cocof]… »
Dorénavant, avec cette représentation au sein du comité de pilotage, on peut imaginer que la formation pourrait avoir son mot à dire dans le cadre du budget global descentres de référence, en ce qui concerne les moyens affectés aux fonctions de formation. Elle pourrait également être consultée au sujet de la créationde nouveaux centres de référence, un nouveau – le sixième, centré sur les « métiers de la ville » – étant d’ailleursannoncé.
1. Cabinet de Benoît Cerexhe :
– adresse : rue capitaine Crespel, 35 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 508 79 11
– courriel : info@cerexhe.irisnet.be
– site : http://www.cerexhe.irisnet.be
2. Cabinet d’Emir Kir :
– adresse : bd Saint-Lazare, 10 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 506 34 11
– courriel : info@kir.irisnet.be
– site : www.emirkir.be
3. Les centres de référence sont des interfaces entre le secteur de la formation, de l’emploi et les secteurs professionnels. Leur objectif est notamment de favoriserl’adéquation entre les offres de formation et les besoins des entreprises. En 2009, les CDR auraient dispensé près de 300 000 heures de formation.
4. Contrat passé entre Actiris et le demandeur d’emploi afin de définir clairement les actions à entreprendre pour réaliser le projet professionnel de ce dernier.