Le Forum bruxellois de Lutte contre la pauvreté présentait, ce 26 juin, à l’hôtel de ville de Bruxelles, les résultats d’une étude qu’ila réalisée sur l’accès aux soins de santé pour les Bruxellois. Lors de la conférence de presse qui précédait l’événement del’après-midi, les orateurs ont dévoilé les lignes de force de leur rapport.
Albert Eylenbosch, président du Forum Bruxellois, a mis l’accent sur la communication nécessaire à l’égard des coûts des soins de santé. Selonl’association, il existerait une « peur d’aller à l’hôpital » car le citoyen fantasme sur les coûts des soins. Insistant sur l’information et laprévention, il ajoute « qu’il faut un accès facile, complet et réel à tous ».
Daniel Lhost a travaillé sur l’enquête à partir de questionnaires dans les permanences sociales et auprès des membres du Forum Bruxellois. Il rappelle que ce travail,qui s’inscrit dans le cadre du Contrat de citoyenneté, est un relais vers le politique pour qu’il écoute et prenne des dispositions face aux problématiquespointées. Il continue sur le thème de l’information des patients qu’il qualifie de surabondante et théorique; elle devient évasive dès qu’ils’agit de cas concrets.
Analyse des résultats
Les résultats de l’enquête montrent l’accroissement des difficultés financières rencontrées non seulement chez les plus pauvres mais aussi au sein de laclasse moyenne inférieure, voire supérieure. Le rapport dénonce le glissement qui s’opère de ce qui est couvert par l’assurance obligatoire vers des volets del’assurance complémentaire, payante, elle aussi obligatoire, proposée par les mutualités. Dans un tiers des cas analysés au cours de l’enquête, lespersonnes ne bénéficient pas de cette assurance. Une explication? Au niveau des CPAS, quand il s’agit de remettre une personne en ordre à ce niveau, on ne fait passouscrire l’assurance complémentaire laissée à charge de l’intéressé. D’où la proposition du Forum que le CPAS ait l’obligation deprendre en charge cette assurance complémentaire. Il ressort également de l’enquête que ce sont les frais de médicaments et d’hospitalisation qui engendrent leplus de difficultés financières. Aujourd’hui, ces frais devraient faire l’objet d’un poste spécifique dans le budget des ménages. Mais les reports et lesrecouvrements sont les plus nombreux en dentisterie, ophtalmologie et lunetterie, soins essentiels eux aussi mais qui sont étroitement liés aux revenus disponibles des personnes. Avecla kinésithérapie, ces soins sont parmi les « parents pauvres » du système de remboursement.
Pour Diégo de Sunraÿ, dentiste et membre des Dentistes sans frontières, les lacunes portent sur l’extraction dentaire qui n’est plus remboursée et quimériterait de le redevenir pour des franges plus défavorisées de la population, ainsi que l’orthodontie et les prothèses dentaires. « Car, explique-t-il, pour unjeune qui est édenté, il encore plus difficile de se réinsérer entre autres au moment de rechercher un travail. » Le dentiste a également insisté sur laprévention qui passe par des gestes simples de stimulation au brossage régulier et à l’utilisation de dentifrices au fluor. Dans l’état actuel desconnaissances, la prévention, insuffisante aux yeux du dentiste, permettrait d’éviter beaucoup de problèmes.
Par ailleurs, Daniel Lhost pointe le système de remboursement via le compte en banque, qui s’est généralisé et qui pose souvent problème aux personnesà faibles revenus (absence de comptes, comptes bloqués,…). Il suggère qu’une autre possibilité de remboursement soit offerte aux personnes.
Surendettement
Olivier Dardenne s’est penché sur le problème du surendettement relatif aux soins de santé en région bruxelloise. Il distingue trois catégories et leurpourcentage d’impayés après un an : les impayés relatifs aux hospitalisations (22%), ceux relatifs à l’ambulatoire (11%) et ceux des urgences (8%). La facturemoyenne impayée s’élève à plus de 50.000 F par personne en hôpital du réseau « IRIS », du secteur public. Les chiffres du privé n’ont, quantà eux, pas été communiqués. En ce qui concerne le recouvrement de dette dans les hôpitaux, l’enquête montre que les hôpitaux publics ont un servicede recouvrement gratuit qui mène rarement à des saisies. Ils seraient plus souples dans le recouvrement que les hôpitaux privés qui, après deux rappels, usent dessociétés de recouvrement de dette ou à des avocats. Ces procédures sont très coûteuses pour le patient, sans possibilité de faire marche arrièreune fois le dossier transmis.
Une proposition du rapport est de légiférer sur les sociétés de recouvrement extérieurs et leurs pratiques. Une autre proposition est de dissocier les soins desanté du reste des dettes et qu’elles soient traitées différemment que d’autres dettes liées aux achats de « loisirs » comme la télévision.
1 Forum Bruxellois de Lutte contre la Pauvreté, rue F. Bernier 40 à 1060 Bruxelles, tél. : 02 348 50 23.
Archives
"L'accès aux soins de santé à Bruxelles : couverture insuffisante pour un budget de plus en plus lour"
eric
02-07-2001
Alter Échos n° 101
eric
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