Vendredi 21 mars, l´affaire du « squat de Jonruelle » a été plaidée devant le juge de paix du 3ème canton de Liège. Le juge a pris le dossier endélibéré et rendra son jugement dans les semaines à venir (probablement fin avril).
Pour rappel, c´est le 30 août dernier que quelques jeunes sans-abris décident de s´installer dans un vieil immeuble1 abandonné depuis dix ans. La maison en mauvaisétat appartient à une dame qui vit en Italie et ne s´en occupe pas. Le jour même, la police du bourgmestre Jean-Maurice Dehousse (PS) intervient et expulse les occupantsimpromptus. Quelques jours plus tard, les jeunes sont de retour et s´installent cette fois pour de bon. Commence alors une longue bataille juridique … et politique.
L´objectif des jeunes : faire de ce lieu une maison communautaire, après l´avoir rénovée de fond en comble. Selon eux, il n´est pas normal que des logementsrestent vides alors que des gens sont sans logement ! Ils écrivent à la propriétaire italienne pour lui expliquer leurs intentions et lui envoient même, plus ou moinsrégulièrement, une petite somme d´argent comme loyer symbolique. La réponse de la propriétaire est moins élégante : elle leur envoie son avocat etmenace de les expulser. Ils doivent avoir quitté les lieux pour le 4 novembre au plus tard. Les jeunes décident alors d´organiser la riposte. Ils prennent contact avec ledélégué liégeois de l´asbl Solidarités Nouvelles2, M. Jean-Claude Bomhals. Celui-ci prend immédiatement la défense di, nous explique-t-il. Ilsne veulent plus aller autre part. D´ailleurs, ils sont très bien intégrés dans le quartier. Une pétition en leur faveur a circulé chez les voisins et dans lescommerces des alentours. » Une conférence de presse est organisée pour alerter les médias et l´opinion publique, ce qui permet de reporter l´expulsion. Mais labataille n´est pas terminée pour autant. La propriétaire décide de les traîner en justice.
Soutenu par l´association de M. Bomhals, le « squat » de Jonruelle trouve des alliés au sein du CPAS de Liège, mais aussi à la Région wallonne et au Centre pourl´Egalité des Chances. Le CPAS décide même d´offrir aux jeunes les services de son avocat, Maître Didier Pire. Le jugement est prévu pour le 8 janvier. Ilsera reporté une première fois au 21 février. Puis une seconde, au 21 mars. « Il est difficile de faire un pronostic sur l´issue de ce procès, nous adéclaré Maître Pire, avocat des jeunes. Il est raisonnable de penser que le juge pourrait appeler la propriétaire à comparaître en personne ». La question est,en effet, de savoir pourquoi elle s´obstine à refuser les propositions faites par les jeunes de signer un bail à réhabilitation. L´avocat de la propriétaireinvoque le droit, mais rétorque Maître Pire, « dans ce cas d´espèce, c´est comme si quelqu´un qui vivait sur une île déserte revendiquait le droit devote ! ».
D´ici fin avril, le juge décidera si la demande d´expulsion est fondée ou non. Il se pourrai ce procès, de nombreux acteurs sociaux s´interrogent sur lerôle de la Ville de Liège accusée d´ »inertie ».
1 rue Jonruelle, 1 à 4000 Liège
2 rue de Campine, 171 – 4000 Lge, tél. 04/226 00 15.
Archives
« L’affaire du « squat de Jonruelle » plaidée devant la justice de paix de Liège »
Alter Échos
24-03-1997
Alter Échos
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