Nous vous avions présenté dans un numéro d’Alter Echos datant de 2001 l’association « Groupe-Crédit », une asbl émanant du CPASd’Havelange1 qui avait confectionné un jeu baptisé « Le Crédit en-jeu », outil destiné à sensibiliser et à prévenir lesurendettement.
L’association s’était fixé pour objectif de « réaliser un large travail de prévention à tous les niveaux en lien avec les associations,établissements scolaires et groupements divers soucieux de lutter contre les tentations et pièges du crédit à la consommation et de promouvoir une vie pluséquilibrée ». Aujourd’hui, l’association est en liquidation mais elle laisse derrière elle un héritage que d’autres vont s’employer à poursuivre. Petit coupd’œil dans le rétroviseur avec l’abbé Dardenne, administrateur de l’asbl.
Alter Echos : Quelles ont été les activités développées par l’association durant les deux dernières années ?
René Dardenne : En 2001 et 2002, divers groupes tels que « Trouver son chemin », « Alphabétisation » et « Atelier informatique » ont poursuivi etclôturé leur travail. L’animation par le jeu « Le crédit en-jeu », qui a fonctionné plus de cinq ans, s’est ralentie. L’arrivée de l’Euro posait pas malde problèmes comme la conversion des données des fiches individuelles, des billets de banque et de la monnaie. Le groupe a également constaté la diminution du nombre dedemandes extérieures par rapport aux années précédentes. Pendant ce temps, la mise en place de la loi sur le règlement collectif de dettes datant du 5 juillet 1998proposait d’offrir à des personnes surendettées de pouvoir régler leurs problèmes via des médiateurs formés. Les animateurs du groupe crédit ont alorsdécidé, en lien avec le service social du CPAS d’Havelange, de mettre en route un sous-groupe de personnes concernées que les participants ont appelé groupe «Paroles en médiation ». Dans la droite ligne de la philosophie développée depuis plus de 20 ans au CPAS d’Havelange, la priorité restait de constituer des groupesdonnant la parole aux usagers, car entre une loi et ses applications et d’autre part le vécu des personnes confrontées à ce problème et appelées à le vivrede l’intérieur, il y a de la marge…
AE : Que faisait-on à l’intérieur de ce groupe ?
RD : À raison de deux heures par mois, ces personnes se sont d’abord mises à l’étude du texte de loi pour pouvoir échanger à son sujet, puis à poser lesquestions d’ordre pratique, tout particulièrement sur la relation avec les médiateurs, qui eux-mêmes étaient novices en la matière, avaient des pratiquesdifférentes, certaines plus souples, d’autres plus contraignantes.
Ensuite, le recours à des experts, tels monsieur Pierre Dejemeppe, attaché au cabinet du ministre des Affaires économiques, a permis d’apporter des éclairagessusceptibles de pouvoir améliorer, demain, les arrêtés-loi. Durant cette période, les animateurs ont continué à participer à plusieurs colloquesorganisés par l’Observatoire du crédit et de l’endettement sur ce même sujet. Des contacts ont également été établis avec d’autres groupes comme« Bâtissons notre avenir » ou encore l’asbl « Dignitas » avec laquelle deux rencontres ont été programmées. Une autre caractéristique dutravail mené à Havelange, c’est qu’au-delà du travail individuel – personne surendettée-médiateur, un travail de soutien, de partage du vécu se faisaità travers les membres du groupe. Cela permettait de briser la solitude, appelait à la solidarité bien au-delà du problème de surendettement. Des questions tellesque l’harmonie en famille, les difficultés vécues par les enfants et les jeunes dans pareille situation, l’argent de poche, etc., étaient également abordées,créant au sein du groupe un esprit de « famille ».
AE : Qu’en est-il aujourd’hui puisque l’asbl est en liquidation depuis déjà cinq mois ?
RD : Je ne m’étendrai pas sur le sujet, il y a pour le moment un liquidateur qui est nommé mais en ce qui concerne les activités de l’association, je peux vous donner desinformations : le jeu a été cédé et remis à des groupes qui en faisaient la demande, notamment le CPAS de Charleroi. Concernant, la médiation, aucunen’étant aujourd’hui clôturée – le minimum étant de cinq ans, voire davantage, il n’était pas question de laisser les personnes au milieu du gué, même sise profilait à l’horizon la dissolution de l’asbl. L’AG et le CA, plutôt que de mettre la clé sous le paillasson, se sont efforcés d’assurer la poursuite du travailcommencé. Pour sa part, le magasin de seconde main sera repris par le CPAS et le groupe « Parole en médiation » va rejoindre une asbl voisine, le « Miroir vagabond» dans la commune d’Hotton où il pourra continuer son travail et développer l’action entreprise.
1. CPAS d’Havelange, rue de la Station, 14 à 5370 Havelange, tél. : 083 63 33 58.