Une étude commandée par le programme européen d’aide à la formation Leonardo da Vinci1 passe en revue le marché de la seconde main en Europe. Sonverdict pour la Belgique : ce sont les entreprises d’économie sociale centrées sur la collecte et le réemploi des déchets qui tiennent le haut du pavé dans cedomaine. Une situation favorable néanmoins mise en danger par l’essor grandissant d’eBay.
L’économie sociale en position favorable sur le marché de la seconde main en Belgique ? C’est du moins ce que montre une étude de l’université deBrème (Allemagne), commandée par le programme Leonardo da Vinci de la Commission européenne dans le cadre de son action « QualiProSecondHand », dont le but estd’aider à la professionnalisation du secteur de la seconde main. Les chercheurs soulignent en effet l’importance « historique » du secteur « non lucratif » dansla collecte et le recyclage des divers matériaux de seconde main en Belgique.
Un secteur, de près de 650 enseignes sur tout le pays d’après le rapport, dans lequel les entreprises d’économie sociale se taillent la part du lion pour uneraison toute simple : n’offrant que de faibles perspectives de profit, la seconde main ne propose de surcroit que des emplois pénibles aux travailleurs. Les entreprises classiques yinvestissent donc peu et, selon l’étude, se limitent bien souvent au rôle de firmes de dépôt d’objets ou de cash converters. Alors que les entreprisesd’économie sociale vont, elles, plus loin et tendent à développer, par exemple, des systèmes de collecte gratuite des déchets et de recyclage, pourréinvestir l’argent généré par la vente dans la création ou la consolidation d’emplois.
Un acteur de développement local
Partant de ce constat, l’étude consacre une large part de ses pages aux réseaux d’économie « KVK » en Flandre et « Ressources » en Walloniequi fédèrent, chacun dans leur région, un grand nombre d’opérateurs dont l’activité consiste en la récolte, le tri, la réparation, lerecyclage et la revente de produits en fin de vie. Ainsi, si le Koepel van Vlaamse Kringloopcentra (KVK) rassemble 33 centres de recyclage, 100 boutiques et permet la mise àl’emploi de 2167 équivalent temps plein au niveau de qualification assez bas, le réseau « Ressources »2 n’est pas en reste avec 1 500 travailleurséquivalent temps plein et ses 55 entreprises d’économie sociale fédérées. Selon l’étude, « Ressources » illustre l’existence d’unedemande réelle dans ce type de secteur : demande en provenance non seulement du milieu lui-même mais aussi des pouvoirs publics. L’existence du réseau indiqueégalement, toujours selon l’étude, que l’économie sociale est aujourd’hui un des acteurs principaux de la prévention au niveau environnemental et unacteur important de développement local en termes d’emploi.
Plus loin, les chercheurs saluent également une série d’initiatives qualité mises en place par « Ressources » comme Solid’R (un label éthiquefédérant quelques membres du réseau et qui garantit que ceux-ci respectent certains critères éthiques et solidaires certifiés par l’organismeindépendant Ethibel) ou Electrorev (groupe de réparateurs d’électroménagers de seconde main offrant aux nouveaux acquéreurs une garantie sur dumatériel dûment révisé et réparé).
De manière plus générale, au rayon des bémols, l’étude pointe également du doigt certains phénomènes qui pourraient venir affaiblir laposition dominante de l’économie sociale au sein du marché de la « seconde main ». Ainsi, l’émergence récente de groupes purement commerciaux comme «Eco-shop », « Troc international » ou « Cash converter » est mise en évidence, de même que l’irrésistible progression du site de vente enligne eBay.
1. Rapport disponible sur le site de Rreuse :
– adresse : rue Washington, 40 boîte 7 à 1050 Bruxelles
– tél./fax : 02 647 99 95
– courriel : info@rreuse.org
– site : www.rreuse.org
2. Ressources (Réseau des entreprises d’économie sociale actives dans la récupération et le recyclage) :
– adresse : av. Cardinal Mercier, 53 à 5000 Namur
– tél. : 081 71 15 81
– courriel : info@res-sources.be
– site : www.res-sources.be