"L'Églantier à Braine-l'Alleud : une maison d'accueil au parfum de rose sauvage"

L’Églantier est une maison d’accueil1 pour femmes en difficulté, accompagnées ou non de leurs enfants, et tient lieu souvent de refuge et ce, 24 h/24. L’Églantier2travaille également avec des personnes non hébergées, assure une permanence un soir par semaine et propose des colis alimentaires. L’Églantier est agréé pourdix-neuf lits et deux appartements supervisés en voie d’agrément. Il héberge en moyenne soixante femmes et cinquante enfants de tout âge par an. Depuis son ouverture en1978, cela représente 2.600 personnes.
« L’équipe pluridisciplinaire se compose de treize travailleurs, plus les stagiaires, qui font aussi partie du personnel, et les bénévoles », précise Ivan Grégoire,directeur de l’asbl. Les permanents du centre d’accueil accompagnent les adultes et les enfants au quotidien. Une cellule plus spécifique encadre les enfants, dont une personne qui s’occupe dusuivi de leur scolarité. Il n’y a pas de rythme communautaire. Les tâches ménagères se répartissent de commun accord. Ces femmes vivent à l’Églantier,elles décident de la vie dans la maison. Une réunion collective un soir par semaine permet de mettre à plat les tensions et les vécus de la semaine. La cellule socialeapporte une aide administrative, juridique et psychologique ; elle propose une guidance budgétaire, de l’alphabétisation, de la recherche de logement, de formation et d’emploi. Letroisième maillon est la brocante La Fol’Fouille, installée depuis 1998 dans un hangar mis à disposition par la commune de Braine-l’Alleud (mais qui doit êtredémoli). Elle se compose d’une quarantaine de bénévoles (ils étaient sept ou huit en 1998) qui trient, inventorient et vendent les dons déposés. LaFol’Fouille rend l’Églantier plus autonome financièrement et associe les femmes hébergées à toutes leurs activités en leur proposant une expérience detravail encadrée. « Un projet qui explose », se réjouit Ivan Grégoire. L’équipe de bénévoles a récolté le million et demi nécessaire pourassurer le fonctionnement de la maison, couvrir des projets innovateurs et alléger la participation financière des femmes. « Nos tarifs sont parmi les plus bas. Nouspréférons les encourager à s’engager dans un plan de remboursement ou à se constituer des économies pour leur départ », explique Ivan Grégoire. C’estun choix d’équipe. Une asbl perçue comme dynamique, débrouillarde et imaginative par la commune et ses habitants. Quatre-vingts bénévoles se mobilisent depuis huitans et se relaient durant le temps des fêtes pour une action « Emballages du cœur » dans des grandes surfaces. En six semaines, ils ont récolté 340.000 francs belges en 1999(deux grandes surfaces) et 245.000 en 2000 (au Bigg’s à Waterloo).
L’hébergement à l’Églantier est lié à un projet. Au-delà de la situation d’urgence et une fois la bourrasque apaisée s’opère tout un travail desensibilisation et de réflexion sur ce qui s’est passé et souvent se répète. « Nous les encourageons à donner un sens à leur demande d’accueil. » « Cetteformulation passe par l’expression pour ensuite vivre autre chose, poursuit Ivan Grégoire. Ce travail d’expression, cette possibilité de se situer par rapport à leur vécune leur est accessible que lorsqu’elles retrouvent une peu de confiance en elles. À leur arrivée, elles ont une image tellement catastrophique d’elles-mêmes ! » D’où lapriorité accordée aux deux journées de formation, obligatoires pour les femmes qui n’exercent pas 20 heures de travail par semaine à l’extérieur : ateliersd’information sociale, écriture, informatique, remise à niveau en calcul, réflexion sur l’actualité, préparation à l’emploi, aération (visites etbalades) et mise en situation de travail à la Fol’Fouille. « Une formation qui vient en amont du Parcours d’insertion », explique Geneviève Descamps, assistante sociale et coordinatricede la formation. « C’est un défi, ajoute-t-elle, d’organiser des ateliers avec des personnes en mouvance. » En 2001, l’Églantier veut développer sa collaboration avec les autresservices de la région et proposer ses formations à d’autres personnes. Ainsi, une convention vient d’être signée pour deux personnes inscrites aux ALE. L’une d’entre elless’occupera de la décoration du hangar de la Fol’Fouille. L’autre pourra intégrer l’équipe rénovation de meubles de la brocante. Priorité également auxateliers libres : fleurs (qui sont offertes par les fleuristes de Braine-l’Alleud), relaxation et massage (par des professionnels) et contes (par Myriam Mallié, conteuse etart-thérapeute, voir dépêche suivante). Beaucoup de ces femmes se coupent de leurs émotions. « Le conte a la possibilité de faire revivre des choses essentielles enelles », témoigne Ivan Grégoire. Autant de possibilités de rencontres et de portes d’entrée qui visent à ce que ces femmes nomment leur vécu. Essence d’unere-construction possible.
1 Il existe près de 120 maisons d’accueil en Belgique dont 55 en région francophone. 40% de ces lieux accueillent des hommes, 40% des femmes et 20% un public mixte (personnes seules,couples, familles).
2 L’Églantier, Accueil-Hébergement, rue Alphonse Allard 80 à 1420 Braine-l’Alleud, tél. 02 385 00 67, Services sociaux, rue de la Croix 44 à 1420 Braine-l’Alleud,tél. : 02 384 78 63, fax : 02 384 35 99.