« Si les progrès ont été appréciables dans certains domaines depuis Lisbonne, les déceptions – réelles – n’ont pas manqué »1. RomanoProdi, le président de la Commission européenne, ne fait pas preuve d’autosatisfaction à un bon mois du sommet de Stockolm du mois de mars malgré les progrèsindéniables accomplis par l’Europe en matière d’emploi. Et le président en exercice de reconnaître que « le taux d’emploi global en Europe est loin d’atteindre les objectifsfixés à Lisbonne et l’on n’a pas fait assez pour arrêter des objectifs correspondants au niveau national ».
Le rapport sur l’Emploi en Europe 2000 publié par la Commission en décembre dernier ne dit pas autre chose2. Au rayon des bonnes nouvelles, il indique que les performances enmatière d’emploi se sont améliorées significativement en 1999 (année pour laquelle on dispose de données complètes). Quelque 2,1 millions d’emplois ontété créés notamment dans les secteurs nécessitant de hautes qualifications et le taux d’emploi est monté à 62,1%. Les femmes semblent être lesprincipales bénéficiaires de la forte croissance de l’économie continentale. En fait, au cours des trois dernières années, ce sont plus de quatreümillions dejobs qui ont été créés en Europe dont la moitié sont occupés par des anciens chômeurs. L’implantation progressive de la stratégieeuropéenne pour l’emploi n’y est pas étrangère. Dans la foulée, le chômage continue de chuter avec un niveau de 9,2%.
Pourtant, de gros points noirs subsistent sur le marché de l’emploi en Europe. On constate ainsi une polarisation croissante entre les emplois très qualifiés et bienrémunérés et les emplois à faibles qualifications qui se caractèrisent par une précarité croissante. Par ailleurs, les progrès dans la luttecontre le chômage à long terme restent modestes. Il représente encore 46% des personnes sans emploi. Trois grands pays, la France, l’Italie et l’Allemagne présentent desrésultats décevants en matière de création d’emploi. Autre sujet d’inquiétude que relève aussi le rapport sur la cohésion sociale etéconomique, les disparités régionales en matière d’emploi à l’intérieur des États membres s’accentuent depuis une décennie.
Le sommet européen de Stockolm au printemps prochain aura notamment pour mission d’évaluer les progrès réalisés par les États membres dans le cadre dunouveau paradigme constitué par la société de connaissance et l’inclusion sociale et défini à Lisbonne en mars 2000. Les États membres ont désormaisen main les nouvelles lignes directrices 2001.
1 Carte blanche parue dans Le Soir du 7 février 2001, p. 14.
2 On peut consulter ce rapport de plus de 120 pages à l’adresse suivante: http://www.europa.eu.int/comm/employment_social/empl&esf/empl2000/jer2000_1_fr.pdf
philippe
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