L’Année internationale de la jeunesse a été lancée le jeudi 12 août. Les trois Conseils de la jeunesse ont tenu à mettre en avant l’engagement des jeunes.Deux enquêtes ont été présentées sur ce thème. Le volontariat aurait toujours la cote chez les jeunes Belges. Une affirmation à prendre avec despincettes.
À 13 heures, un DJ à la mode enchaîne les tubes face à une foule clairsemée de jeunes un peu lascifs. Nous sommes au parc Royal à Bruxelles, le 12août, Journée internationale de la jeunesse et, de surcroît, lancement de l’Année internationale de la jeunesse. Pour marquer le coup, les trois Conseils de la jeunesse duRoyaume ont créé l’évènement en organisant un « Picnic eurostatic », sorte de fête engagée où l’on mange des sandwiches bio enbutinant de stand en stand. Mais la fête fut surtout l’occasion de mettre en avant un thème : l’engagement volontaire des jeunes.
« On sort de la logique monétaire »
Deux « études » étaient présentées. Elles avaient pour ambition de dresser un état des lieux du volontariat chez les jeunes. Un constatenthousiaste semblait partagé par les promoteurs de ces enquêtes : « Ces études battent en brèche le stéréotype d’une jeunesse désinvestie.Le volontariat a toujours la cote chez les jeunes. » Cette volonté de mettre en lumière une jeunesse qui s’engage fut soulignée par de nombreux participants. GiuseppePorcaro, du Forum européen de la jeunesse rappelait le contexte de crise économique « qui prouve que l’engagement est plus que jamais un besoin ». Philippe Cori,représentant des Nations unies à Bruxelles, haranguait l’auditoire en appelant la jeunesse à « réinventer la planète ». Enfin, BernardMathieu, qui représentait la ministre de la Jeunesse, Évelyne Huytebroeck (Écolo), soulignait l’importance du volontariat : « Avec le volontariat, on sort de la logiquepurement monétaire et beaucoup de jeunes font le pari du changement. »
Mais les jeunes s’engagent-ils vraiment plus ? À cette question, difficile d’obtenir une réponse. On pourra regretter que l’étude francophone sur l’engagement des jeunesn’étaye en rien les affirmations optimistes mises en avant par les organisateurs. La méthodologie de l’enquête réalisée par le Conseil de la jeunesse catholique(CJC)1 laisse percevoir le peu de représentativité de l’échantillon : 258 jeunes ont participé à cette enquête « en ligne »,réalisée sans panachage. De plus, la totalité des jeunes interrogés pratiquaient déjà une activité volontaire. Le volontariat a donc toujours lacote… chez les jeunes volontaires.
« Une enquête qualitative »
Lorsqu’on l’interroge sur ce biais, Christophe Cocu, représentant du Conseil de la jeunesse catholique, prend le temps de mieux expliciter sa démarche : « Non, nousn’avons pas de chiffres sur l’engagement des jeunes « en général ». Notre enquête est basée sur l’avis de jeunes volontaires. C’est surtout une enquête qualitative.Grâce à cette enquête, on propose un coup de sonde, une photographie de l’engagement de certains jeunes et du sens profond de cet engagement. De manière plusgénérale, l’engagement en mouvements de jeunesse est assez stable et même en légère hausse. Les organisations membres du CJC touchent environ 100 000 jeunesgrâce à 10 000 bénévoles. On sait qu’il faut faire un effort vers les publics plus défavorisés qui s’investissent moins massivement. »
Si l’on ne tire pas de conclusions générales de cette enquête qualitative, certains de ses éléments ne sont pas dénués d’intérêt. Parmiles jeunes interrogés, bien peu étaient demandeurs d’emploi, ce qui pose inévitablement des questions à la CJC : la recherche d’emploi est-elle contradictoire avec levolontariat ? Le risque de sanctions par l’Onem empêche-t-il des jeunes de s’engager ? Faut-il mieux reconnaître le volontariat comme une forme d’acquisition decompétences ?
Parmi les motivations de ces jeunes volontaires, on trouve en premier lieu la volonté d’être reconnu. Le volontariat n’est pas proposé comme un service mais dans une logique de« don contre don ». Le don en retour est généralement immatériel : acquisition de compétences, reconnaissance sociale, épanouissement.Selon la CJC, « le volontariat aide à trouver une place dans la société. »
Heureux hasard, l’Année internationale de la jeunesse sera suivie de l’Année internationale du volontariat. L’occasion d’en savoir un peu plus sur l’engagement des jeunes etd’approfondir les connaissances en ce domaine.
1. Conseil de la jeunesse catholique :
– adresse : rue de la Charité, 43 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 230 32 83
– courriel : cjc@cjc.be
– site : www.cjc.be