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L'enseignement qualifiant remue du bassin

En septembre 2008, un projet pilote instituait la création d’un bassin scolaire pour l’enseignement qualifiant dans la zone du grand Charleroi. Huit mois plus tard, le projet fait despetits.

27-03-2009 Alter Échos n° 270

En septembre 2008, un projet pilote instituait la création d’un bassin scolaire pour l’enseignement qualifiant dans la zone du grand Charleroi. L’initiative est maintenant étendueà toute la Communauté française.

Un peu moins d’un an après sa création, le projet pilote de bassin scolaire pour l’enseignement qualifiant dans la zone du grand Charleroi fait des petits. Une proposition dedécret et a été votée en Commission le 25 mars1. Elle donne une assise légale au projet et l’étend à l’ensemble des dix zonesd’enseignement de la Communauté française.

Concrètement, le projet ainsi dessiné a les mêmes objectifs que le projet pilote : revaloriser l’enseignement qualifiant et aboutir à un redéploiement progressif,pertinent et non concurrentiel de l’offre d’enseignement dans les zones concernées. Un redéploiement qui se doit également d’être en accord avec le contextesocio-économique de la zone puisque le but de l’opération est, outre l’amélioration du niveau de qualification des jeunes, d’augmenter leurs chances d’insertionsocioprofessionnelle. Pour ce faire, les instances de pilotage sous-régionales instituées dans chacune des dix zones et dont le but sera d’effectuer lesdites opérations deredéploiement de l’offre d’enseignement seront notamment composées des interlocuteurs sociaux issus des comités subrégionaux de l’emploi et de la formation. Outre cesderniers, on y trouvera également des représentants de tous les réseaux d’enseignement, un représentant de la Direction générale de l’Enseignementobligatoire ainsi que des représentants du Forem ou d’Actiris. Notons également que d’autres acteurs seront conviés, comme la promotion sociale. Les décisions serontprises en consensus.

Au rayon des actions potentiellement réalisables par les instances : la cession d’options, le maintien d’options trop faiblement fréquentées et la créationd’options sont au programme. « Dans le cas de la cession d’options, un ou plusieurs établissements scolaires pourront décider de stopper une option afin de confier sonorganisation à un autre établissement plus à même de le faire, explique Frédéric Ligot, conseiller en charge du dossier au cabinet de Rudy Demotte(PS)2 et qui a traité le dossier en collaboration avec le cabinet de Christian Dupont (PS). Pour ce qui est du maintien d’options trop faiblement fréquentées, certainsétablissements pourront maintenir des options sous-fréquentées pour peu que celles-ci soient porteuses d’emploi. Ainsi, l’option « électromécanicien », qui est unprofil fortement demandé sur le marché de l’emploi mais qui ne rencontre pas beaucoup de succès parmi les élèves, pourra être maintenue même si elle nerespecte pas les normes de maintien. La création d’option, quant à elle, permettra d’obtenir une dérogation aux normes d’ouverture d’une option couvrant un métier enpénurie. » Il est à noter que ces opérations de redéploiement de l’offre d’enseignement seront toutes accompagnées d’incitants à destination desétablissements scolaires, notamment sous forme de majoration ou d’augmentation de l’emploi et que la participation des établissements au projet se fera sur une base volontaire.

Des critères de sélection

Trois critères seront à respecter afin que les projets soient acceptés. Ainsi, il faudra que les options concernées soient en correspondance avec les métiers enpénurie (sauf pour la cession d’option). Il importera également que les projets soient cohérents et pertinents par rapport à l’offre de formation sur la zoneconcernée (principe de non-concurrence). Enfin, les projets devront comprendre l’utilisation d’outils pédagogiques déjà existants sur la zone, comme les centres detechnologie avancée ou les centres de compétence (sauf pour la cession d’option).

Côté finance, s’il est apparemment encore trop tôt pour citer des chiffres précis, Frédéric Ligot fait déjà savoir que les financements seferont en fonction des moyens dont disposera la Communauté française et seront déterminés par zone en tenant compte de la population d’élèves dansl’enseignement qualifiant et de la situation socio-économique.

Rappelons qu’à l’époque de la mise en place du projet pilote de Charleroi, quelques opérateurs s’étaient montrés peu favorables. Un tel projet touche en effetpotentiellement aux spécificités et à l’autonomie des différents réseaux scolaires. De l’aveu même du cabinet, l’arrivée des partenaires sociaux dansla discussion par le biais des comités subrégionaux semble ici quelque peu ennuyer les représentants des réseaux. De fait, les Comités auront le pouvoir de bloquerles décisions au sein des instances de pilotage, où les décisions doivent être prises en consensus. Le prix à payer pour que l’enseignement dans une zone soitréfléchi en tenant compte de son contexte socio-économique ?

1. Le texte final devrait passer en séance plénière du parlement aux alentours du 21 avril.
2. Cabinet de Rudy Demotte:
– adresse : place Surlet de Chokier, 15-17 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 227 32 11
– courriel : cabinet.rudy.demotte@cfwb.be
– site : www.demotte.cfwb.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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