Le Conseil européen de Lisbonne, qui s’est tenu les 23 et 24 mars, s’est donné pour ambition de relancer l’économie européenne afin, notamment, de réduire leretard accumulé par l’UE par rapport aux États-Unis dans le domaine de la société de l’information et de la connaissance, et de renforcer simultanément lacohésion sociale et l’emploi. 1
15 millions de chômeurs, taux d’emploi européen trop faible, participation insuffisante des femmes et des travailleurs âgés au marché de l’emploi,sous-développement du secteur des services, manque de personnel qualifié dans les technologies de l’information. C’est au départ de leurs constats habituels que les Quinze sesont fixé un nouvel objectif stratégique pour les dix années à venir : «Devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamiquedu monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésionsociale.»
Le texte des conclusions du Conseil rédigé par la présidence portugaise de l’UE, mentionne le plein emploi comme objectif à atteindre et évoque un taux decroissance économique moyen de 3% comme «perspective réaliste pour les années à venir».
«État social actif»
Sur le plan social, il s’agit de moderniser le modèle social européen en investissant dans les ressources humaines. La notion d’ «État social actif» estdéfinie comme un objectif à atteindre, au moyen notamment de :
n l’éducation et la formation : réduction de moitié d’ici à 2010 du nombre de jeunes de 18 à 24 ans n’ayant accompli que le premier cycle de l’enseignementsecondaire et ne poursuivant pas leurs études ou leur formation, mise au point d’un modèle européen de curriculum vitae, promotion de la mobilité des étudiants, desenseignants, des chercheurs, mise en place d’un cadre européen définissant les nouvelles compétences de base dont l’éducation et la formation doivent permettrel’acquisition, mise en œuvre dans les écoles et les centres de formation de «centres locaux d’acquisition de connaissances polyvalents et accessibles à tous»;
n une politique active de l’emploi : dans le prolongement du processus de Luxembourg, amélioration de la capacité d’insertion professionnelle et réduction du déficit dequalification, promotion de l’éducation et de la formation tout au long de la vie, accroissement de l’emploi dans les services, amélioration de l’égalité des chances (ence qui concerne l’emploi, le Conseil estime que l’objectif que l’Union doit se donner est de porter le taux d’emploi – actuellement à 61% en moyenne – à un niveau aussi proche quepossible de 70% d’ici à 2010, et de faire en sorte que la proportion de femmes actives – actuellement de 51% en moyenne – dépasse 60% d’ici à 2010 ; dans ces domaines, lesÉtats membres sont appelés à se fixer des objectifs nationaux);
n la modernisation de la protection sociale : renforcement de la coopération entre les États membres par l’échange d’expérience et de meilleures pratiques, mise en placed’un «groupe de haut niveau» sur la protection sociale chargé de préparer une étude sur l’évolution future de la protection sociale en Europe;
n la promotion de l’intégration sociale : établissement d’indicateurs et échanges d’informations et de meilleures pratiques, intégration de la promotion de lasolidarité dans les politiques des États membres en matières d’emploi, d’éducation, de formation, de santé, de logement, définition d’actions prioritairespour des groupes cibles déterminés (minorités, enfants, personnes âgées, personnes handicapées). Il faut ici souligner que la future présidencefrançaise de l’Union européenne souhaite, au Conseil européen de Nice en décembre 2000, faire adopter un «agenda social européen».
Concrètement, ce sommet ne lance pas de nouveaux processus (après les processus de Luxembourg, de Cardiff et de Cologne pour la convergence des politiques d’emploi) mais tented’intégrer dans ceux existants une plus grande cohérence et une coordination accrue. Une nouvelle méthode de coordination est à cet égard inaugurée, quiconsiste en quatre volets : la définition des lignes directrices pour l’UE assorties de calendriers spécifiques, l’établissement d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs, latraduction des lignes européennes en politiques nationales et régionales, et l’évaluation et le suivi par les pairs. Cette méthode ressemble à celle qui avaitété mise en place dans la stratégie européenne pour l’emploi ainsi que dans les grandes orientations de politique économique. Elle est désormaisétendue à l’ensemble des réformes économiques et sociales. Comme l’écrit la présidence du Conseil dans ses conclusions, «la réalisation dunouvel objectif stratégique reposera essentiellement sur le secteur privé et sur des partenariats entre les secteurs public et privé. (…) Le rôle de l’Union est de servirde catalyseur».
1 Voir les conclusions sur internet à l’adresse : http://www.Portugal.ue-2000.pt
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