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L'extension de l'APE Jeunes sème la discorde chez les partenaires sociaux

Un projet d’arrêté propose d’ouvrir le dispositif APE Jeunes à de nouveaux secteurs. Si la mesure semble bien accueillie par les entreprises, les syndicats, eux, grincent desdents.

27-03-2009 Alter Échos n° 270

Un projet d’arrêté propose d’ouvrir le dispositif APE Jeunes à de nouveaux secteurs. Si la mesure semble bien accueillie par les entreprises, les syndicats, eux, grincent desdents.

Le 5 décembre 2008, dans le cadre du Plan anti-crise, le gouvernement wallon a décidé d’affecter 12 658 500 euros du budget non consommé de la mesure 2.5 du PlanMarshall à la création de nouveaux APE Jeunes. « Cette mesure vise à créer 750 nouveaux emplois destinés aux PME, TPE et spin off, expliqueRaymonde Yerna, conseillère en charge du dossier au cabinet de Jean-Claude Marcourt (PS)1, ministre wallon de l’Emploi. Pour ce faire, le gouvernement a ouvert lebénéfice de l’APE Jeunes à de nouveaux secteurs et, en particulier, au commerce de détail, au commerce équitable ainsi qu’à la production etdistribution d’énergies renouvelables. »

Une ouverture qui a eu tôt fait de faire bondir les syndicats. « Cette initiative pourrait avoir d’importantes conséquences en termes de précarisation, de turnover et de dérégulation dans la politique d’emploi de ces secteurs », affirme ainsi Annick Thyré, secrétaire régionale de l’Interrégionale wallonnede la FGTB2. Même son de cloche à la CSC.

Les syndicats semblent craindre que cette ouverture n’enclenche un effet d’aubaine pour les employeurs et vienne ainsi saper les efforts fournis par les partenaires sociaux afin de garantir auxtravailleurs des contrats « tendant vers le temps plein » dans un secteur comme le commerce de détail où une bonne partie de l’emploi est constituée de mi-temps.S’ils ont obtenu gain de cause pour une partie de leurs revendications (le secteur de la grande distribution, initialement inclus dans les secteurs « élargis », reste finalementexclu du champ d’application du dispositif), ces mêmes syndicats restent méfiants, tout en élargissant le débat : « En fait, les critiques concernant les effetsd’aubaine et le turn over peuvent s’appliquer à pas mal d’autres aides à l’emploi que l’APE Jeunes », déclare Marc Becker, secrétaire nationalCSC3.

Une évaluation attendue

Pour les organisations syndicales, la pratique de l’emploi subsidié serait justifiable pour autant qu’elle ne vise pas seulement la mise au travail temporaire du jeune peu qualifiéet qu’elle leur offre également de réelles perspectives d’insertion durable. Un souhait dont on ne peut dire aujourd’hui s’il se réalise dans le cadre de l’APEJeunes puisqu’aucune évaluation du dispositif et de son efficacité n’a encore été mise sur pied. Ce à quoi Raymonde Yerna répond : « Le dispositifdevra être évalué durant le second semestre 2009 sur le taux d’engagement, les secteurs d’activité et le profil des entreprises concernées ainsi que surles profils et fonctions des travailleurs engagés. Une évaluation sera ensuite menée fin 2010 pour évaluer l’impact réel sur l’augmentation du volumeglobal de l’emploi, une fois que l’entreprise ne bénéficie plus de l’aide APE (sachant qu’elle est octroyée pour deux, voire trois ans). »

À l’Union wallonne des entreprises4, par contre, on semble ravi : « Nous avons soutenu ce projet d’arrêté dès le début, déclare ThierryDevillez, directeur du département emploi/formation. Nous ne comprenons d’ailleurs pas pourquoi ces secteurs étaient exclus du champ initial d’application du décret. Pour allerplus loin, nous serions même favorables à ce que ce champ soit étendu aux non-PME… En ce qui concerne les effets négatifs éventuels, on sait évidemmentqu’il y a des secteurs où ces phénomènes sont plus importants mais il est trop tôt pour juger. Nous sommes favorables à une évaluation du dispositif par unorgane extérieur, comme l’Iweps5 par exemple. Et pour répondre aux critiques des syndicats, il nous semble que le but de l’APE, c’est de mettre des jeunes à l’emploi,ce qui est le cas ici… »

Notons pour conclure que le projet d’arrêté a été envoyé au Conseil d’État pour avis et qu’il devrait être présenté au gouvernementwallon en troisième lecture début mai.

1. Cabinet Marcourt :
– adresse : place des Célestines, 1 à 5000 Namur
– tél. : 081 234 111
– courriel : info@marcourt.gov.wallonie.be
– site : www.marcourt.wallonie.be
2. FGTB :
– adresse : rue Haute, 26-28 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 549 05 49
– site : www.fgtb-wallonne.be
3. CSC:
– adresse : chaussée de Haecht, 579 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 246 31 11
– site : www.csc-en-ligne.be
4. UWE :
– adresse : chemin du Stockoy, 3 à 1300 Wavre
– tél. : 010 47 19 40
– courriel : info@uwe.be
– site :www.uwe.be
5. L’institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique.

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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