Représentant quelque 360 services sociaux privés subventionnés, près de 5000 travailleurs sociaux et 10 000 prises en charge de jeunes et de familles au quotidien,l’Inter-Fédérations de l’Aide à la jeunesse1 est un poids lourd du secteur. En pleine négociation post-élections, celle-ci rappelleses valeurs et ses revendications.
L’Inter-fédérations de l’Aide à la jeunesse a souhaité réunir la presse ce 18 juin pour la présentation de son mémorandum. Lesujet n’attire manifestement pas les foules… L’absence de la presse serait révélatrice, selon l’Inter-fédérations, de la manière dont on traitel’Aide à la jeunesse dans les médias : « nous n’attirons l’attention que lorsqu’il y a des faits divers ». La date du 18 juinn’a pourtant pas été choisie au hasard. Zoran Kacarevic, le porte-parole de l’Inter-fédérations, évoque ainsi, sans rire, l’appel du 18 juin dugénéral de Gaulle, face à une république en danger…
Pascal Rigot, président de la Fédération des initiatives de prévention éducative (Fipe) plante le décor, rappelant les valeurs del’Inter-fédérations: la médiation, la réparation, la construction sociale et l’émancipation sont ses voies privilégiées. « Or,sous cette dernière législature, bien que de centre-gauche, les moyens ont été dirigés essentiellement vers les politiques d’enfermement et de traitement dela délinquance, pourtant ces secteurs sont minoritaires dans l’Aide à la jeunesse. Nous demandons qu’on redirige les moyens vers la prévention etl’éducatif. Nous savons que les marges de manœuvre seront réduites et qu’on ne peut faire pleurer une pierre mais il y a moyen de prioriser les choixautrement. » Et Vincent Dufour, directeur du centre de jour Le Palan, de rappeler que les services risquent dans les prochaines années d’être saturés :« un problème d’offre se dessine et il ne faudra pas gouverner alors en fonction des faits divers. »
Les revendications
L’Aide à la jeunesse demande l’augmentation des subsides liés aux conditions de vie des jeunes hébergés dans les services résidentiels, en logementautonome ou en famille d’accueil. Il s’agit des frais de prise en charge individuelle (alimentation, frais scolaires, d’habillement, activités éducatives, frais delocation de kot, etc.), ce qu’on appelle les frais variables. Selon l’Interfédé, ceux-ci n’ont pas été indexés entre 1999 et 2007, et il n’y a paseu de rattrapage, entraînant une perte de quelque 10 %. Pour les jeunes concernés, il est également demandé l’octroi d’un subside global, pourl’ensemble de leurs dépenses, équivalent au RIS lorsqu’ils accèdent à la majorité.
Autre revendication maintes fois mise sur la table : les frais de personnel et de fonctionnement des services devraient être mieux subsidiés, en tenant compte del’évolution des coûts (énergie, téléphone, frais de déplacement, contrôle de l’hygiène alimentaire, normes de sécurité)et du nombre de travailleurs, quel que soit leur statut. L’Interfédé ne se contentera pas des acquis et estime que les normes d’encadrement doivent encore êtreaméliorées. « Certains services ne peuvent se permettre d’engager du personnel administratif et ploient sous la tâche. » À cet égard, unsuivi annuel de l’inspection comptable est demandé, « ce qui éviterait de devoir subir des inspections portant sur des subsides remontant parfois à plusieursannées », et une meilleure communication devrait être installée avec la DGAJ, l’administration de l’Aide à la jeunesse.
Tenant compte des moyens, le secteur demande que la politique de prévention soit réfléchie en concertation avec le Conseil d’arrondissement de l’Aide à lajeunesse et qu’un état des lieux soit dressé par l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse.
De manière plus générale, l’Inter-fédérations insiste sur une vision à long terme. « Nous sommes depuis 20 ans dans une politique duone shot. Il n’existe pas de vision claire de ce que sont les priorités de la Communauté française pour sa jeunesse : enseignement, aide à la jeunesse,politique culturelle de jeunesse. » Et Christian Dehaspe, président de la Fédération des services de placements familiaux, de témoigner d’une vision plusprospective en Flandre : « Ils ont établi un plan avec une vision à 20 ans. Ce plan est le fruit d’une collaboration entre le secteur flamand de l’Aideà la jeunesse et l’administration. Nous en sommes loin. »
Mais au vu du contexte de disette généralisée à la Communauté française, ce programme de revendications aura sans doute des difficultés àêtre validé dans son ensemble. Une suggestion en cas d’échec : se réfugier à Londres pour préparer la contre-attaque… ?
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