Après les consultations pour enfants, l’ ONE entreprend de dépoussiérer les consultations prénatales. Entre autres nouveautés, les mères les plus fragiles bénéficieront d’un suivi renforcé.
En plus de ses 624 consultations pour enfants, l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) 1 met à la disposition des futurs parents quarante-neuf consultations prénatales. L’objectif est de surveiller le bon déroulement de la grossesse, de dépister et de prévenir les risques de prématurité. Il s’agit également de veiller à la santé des futures mères et du fœtus, notamment en luttant contre le tabagisme et autres assuétudes. Si ces consultations sont ouvertes à toutes les mères, nanties ou moins nanties, leur gratuité en fait souvent un véritable observatoire des problématiques sociales. « Dans nos consultations à Bruxelles, on reçoit de plus en plus de personnes qui n’ont aucune couverture sociale. Des personnes qui n’ont pas droit à l’aide médicale d’urgence ou ne veulent pas se faire connaître du CPAS. Par exemple, des femmes qui travaillent en noir avec un titre de séjour de tourisme », remarque Jean-Luc Agosti, directeur général adjoint de l’ONE et responsable du département accompagnement. Et de souligner que pour des personnes dans des situations précaires, la grossesse est une période particulièrement délicate. « Pendant la grossesse, tous les problèmes sont exacerbés. D’un point de vue financier, la grossesse a un coût. De plus, les futures mères doivent parfois interrompre leur travail. D’un point de vue affectif, c’est aussi un moment qui peut être difficile pour certains couples. »
Une réforme après l’autre
En 2004, le gouvernement de la Communauté française a adopté un arrêté réformant les consultations pour enfants. Satisfait de l’expérience, l’ONE entend à présent dépoussiérer un peu ses consultations prénatales.
Dorénavant, les mères les plus fragiles bénéficieront d’un suivi renforcé. Durant le premier entretien, le médecin, la sage-femme ou le travailleur médico-social recueille des informations sur la situation de la future maman, tant sur le plan médical que social (situation financière, connaissance du français,capacité à donner les soins, etc.). Cette anamnèse servira à déterminer le type de suivi le plus adapté. La réforme prévoit également une meilleure communication entre le secteur des consultations prénatales et celui des consultations pour enfants. « Il n’y a pas une bonne transmission entre les deux actuellement,ce qui pose particulièrement problème pour les familles précarisées », note Jean-Luc Agosti. Pour assurer le relais, la réforme prévoit désormais une visite à domicile en présence à la fois d’une travailleuse des consultations prénatales et des consultations pour enfants. Un passage de flambeau d’autant plus nécessaire que « pour des questions de rentabilité, les femmes doivent sortir de plus en plus vite des hôpitaux. Le taux de natalité augmente et dans le même temps, on ferme des maternités », souligne le directeur adjoint de l’ ONE.
La réforme comporte aussi une série d’éléments moins liés aux questions sociales. La nouvelle réglementation doit, par exemple, tenir compte de l’évolution des métiers de la santé et du développement de nouvelles fonctions comme les sages-femmes.
L’ ONE a déjà testé ces changements dans six consultations et s’apprête maintenant à généraliser le système. « Mais cette réforme-ci sera plus complexe à mettre en œuvre que la précédente sur les consultations pour enfants », confie Jean-Luc Agosti. Les consultations prénatales se divisent d’une part entre les consultations de quartier – structures autonomes où les médecins et les sages-femmes collaborent avec un comité de volontaires qui veille à leur gestion globale – et les consultations hospitalières. « Les relations avec le partenaire hospitalier sont plus compliquées. Les hôpitaux ont leur propre logique, leurs propres contraintes, avec des exigences de rentabilité. »
[t]Campagne allaitement[t]
En collaboration avec la Fondation Roi Baudouin, l’ ONE a lancé un projet de recherche-action visant à promouvoir l’allaitement auprès des familles précarisées.Objectif : élaborer et expérimenter un module de soutien à la parentalité qui sera adapté aux populations défavorisées. Une expérience pilote est actuellement menée dans six consultations prénatales de l’ONE et des focus groupes sont organisés avec les parents. « Toute la difficulté est de développer une stratégie pour toucher un certain public sans pour autant le stigmatiser », note Jean-Luc Agosti.
1. Office de la naissance et de l’enfance :
– adresse : chaussée de Charleroi, 95 à 1060 Bruxelles
– tél. : 02 542 12 11
– courriel : info@one.be
– site : www.one.be