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"L'outplacement des + de 45 ans : les projets de la ministre Onkelinx"

12-03-2001 Alter Échos n° 93

Si les quinquas ont la cote auprès des agences d’intérim, prépensions et restructurations obligent, ils ont également leur petit succès auprès dessociétés d’outplacement. L’outplacement, qui se traduit généralement par l’expression « reclassement professionnel », consiste à accompagner une personnelicenciée dans la recherche d’un nouvel emploi. L’entreprise qui licencie paie un cabinet spécialisé qui accompagnera le candidat jusqu’à ce qu’il ait retrouvé unemploi, et ce, pour une durée maximale de deux ans.1
Selon Coutts Consulting Group2, actif dans l’outplacement depuis 1984 en Belgique, l’offre de main d’œuvre âgée de 50 à 64 ans augmente annuellement de 12.600 personnes,tandis que le taux de chômage qui touche des personnes âgées, a, lui, augmenté de 7,5% en 1999.3
Le 22 février, la Fondation Roi Baudouin, révélait les résultats de son projet « Perspective », visant à remettre au travail des chômeurs de plus de 45 ans. Cesont quelque 100 personnes, âgées entre 45 et 58 ans, qui ont été accompagnées intensivement et individuellement dans leurs recherches afin de retrouver un job. Dejanvier 1999 à décembre 2000, 94 chômeurs de plus 45 ans ont été aidés dans leur recherche d’emploi. Soixante-quatre d’entre-eux ont retrouvé dutravail, soit 68% du total. Si l’on rajoute les personnes exerçant un emploi d’intérimaire ou devenues indépendantes, le résultat est de 72%. Parallèlement, dans ungroupe similaire mais ne bénéficiant d’aucun accompagnement, seuls 32% des participants ont retrouvé un travail. Selon la Fondation Roi Baudouin, la réalités’impose d’elle-même : l’outplacement est la solution la plus adéquate pour les chômeurs âgés.
Partageant le constat, Laurette Onkelinx, ministre fédérale de l’Emploi et Hans Bonte, député SP, souhaitent que soit créé progressivement unvéritable droit à l’outplacement pour les personnes de plus de 45 ans. Pour la ministre socialiste, ce droit serait assuré via le paiement de l’outplacement par l’employeurtandis que Hans Bonte penche plutôt pour un Fonds. Des initiatives moins coûteuses que les prépensions et qui correspondraient mieux à l’évolution de lasociété… Du côté des services d’outplacement, on a accueilli à bras ouverts les propositions de la ministre mais en émettant toutefois quelquesréserves, notamment sur la somme allouée à l’outplacement. La note de la ministre prévoit en effet qu’à défaut pour l’employeur d’offrir au travailleur deplus de 45 ans licencié les services d’un outplacement pendant deux ans, l’employeur devra payer une amende de 230.000 F. Or, argumente le secteur, le coût moyen d’un outplacement pourun cadre est sensiblement supérieur à ce montant. L’employeur préférera donc payer l’amende. Dans le cas de reclassement d’un ouvrier ou d’un employé, le coûtest nettement inférieur (entre 55.000 et 80.000 F lors d’un licenciement collectif4). Autre point souligné par les firmes de reclassement : pour certaines entreprises comme cellesappartenant au secteur du transport, du commerce international et du métal, il existe déjà des fonds particuliers financés par les partenaires sociaux. Ils pourvoient aufinancement de l’outplacement pour chaque personne du secteur qui perd son emploi lors d’un licenciement collectif ou individuel.
À noter, parmi les décisions déjà prises en faveur des chômeurs de + de 45 ans, un fait amusant : à partir du 9 avril, ils seront pris en compte dans lesquotas d’emplois “Rosetta” que les employeurs doivent engager. Pour rappel, le plan Rosetta n’est autre que le plan “emploi jeunes”…
1 Le système est régi par la convention collective n°51 conclue au sein du Conseil national du travail.
2 Coutts Consulting Group, Bd Louis Schmidt, 64 à 1040 Bruxelles, tél. : 02 735 90 40.
3 Chiffres tirés du Références des 24 et 25 février 2001, p. 46.
4 Toujours selon le Références des 24 et 25 février 2001, p. 46.

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