C’est en tous les cas la conclusion que l’on pourrait tirer des résultats d’une récente enquête1 que la Fondation Roi Baudouin a confiéeà l’Université de Liège (Centre d’économie sociale) et à HIVA (Hoger Instituut Voor de Arbeid, KUL). Le scoop : l’emploi salariédans ce secteur connaît une croissance annuelle deux fois plus élevée que celle de l’emploi salarié partout ailleurs. Représentant à lui seul plus de 10% de l’emploi salarié du pays, l’associatif est, sans conteste, un poids lourd de notre économie.
Pour réaliser le volet quantitatif de l’étude, les chercheurs ont fait appel aux statistiques de l’ONSS, ainsi qu’aux chiffres du « compte satellite desinstitutions sans but lucratif » (ISBL, qui regroupent les asbl, les associations de fait et les fondations), soit un ensemble de tableaux très récemment établis parl’Institut des comptes nationaux. Une première étude du genre avait été publiée en 2005.
Des chiffres encourageants
Le compte satellite des ISBL en Belgique couvre près de 17 000 associations (ne sont retenues que celles qui emploient du personnel salarié). Sont exclues également : lesécoles du réseau libre. Au total, ce personnel assure une production de plus de 22 milliards d’euros. En termes de valeur ajoutée, c’est-à-dire de contributionau produit intérieur brut (PIB), ces associations interviennent pour 4,6 % de l’apport national (soit 13,3 milliards). « À titre de comparaison, le secteur financier ycontribue à concurrence de 16,6 milliards et celui de la construction de 12,5 milliards. Le secteur associatif n’est donc en aucun cas un secteur en marge, mais constitue bel et bien unacteur de taille », indique Jacques Defourny, directeur du Centre d’économie sociale (CES).
La valeur ajoutée (VA) de la vie associative se concentre nettement dans les soins de santé et les prestations de services sociaux, ces deux secteurs générant àeux seuls 70,1 % de la VA des ISBL. Avec l’enseignement (pour lequel le compte satellite ne livre que des chiffres partiels), ces branches d’activité constituent toujours lesdomaines de prédilection des associations avec emplois rémunérés.
Si l’on se penche sur les ressources de ces ISBL, on verra que 60 % d’entre elles proviennent du financement public contre 35 % issues du privé (dons, cotisations, ventes, etc.)et 5 % de fonds étrangers (citons, par exemple, le Fonds social européen). Les résultats démontrent donc que, contrairement aux idées reçues,l’associatif, ce n’est pas uniquement du « subsidié ».
Avec un taux de croissance annuelle de 2,9 % entre 1998 et 2005, on l’a dit, l’emploi associatif bat des records ! C’est la branche « culture, sports et loisirs » quiconnaît la croissance relative la plus importante (+ 85 %), même si c’est avec un volume de création d’emplois plus faible en termes absolus (+8 886 ETP). Selon JacquesDefourny, « cette augmentation peut s’expliquer notamment par l’explosion de l’offre des activités organisées pendant les congés scolaires, par exemple.»
On pourrait penser que les divers plans de résorption de chômage mis en place par les pouvoirs publics pourraient expliquer en bonne partie cette croissance importante. Mais, selon leCES, il semblerait que ce soit davantage la dynamique interne de ce secteur qui soit l’élément explicatif majeur de ce phénomène. Une étude plus approfondiedes résultats permettrait cependant d’affiner encore l’analyse.
Un monde associatif vivant et dynamique
C’est en substance ce que l’on retiendra du volet qualitatif de l’enquête menée auprès de 500 associations. Ceci correspond aux tendances observéesdans l’analyse quantitative, à savoir l’augmentation de l’emploi et le soutien important des pouvoirs publics. Il ressort également que le monde associatif a bienassimilé la nouvelle législation sur les asbl. Une grande majorité de ces acteurs portant un regard positif sur ces nouvelles dispositions.
La Banque nationale va désormais publier les données quantitatives tous les deux ans. Celles-ci seront enrichies de commentaires et de comparaisons chiffrées dans le temps,exposés dans un langage didactique.
1. Cette étude peut être téléchargée gratuitementsur le site de la Fondation Roi Baudouin ou commandée par téléphone au 070 23 37 28.