Des syndicats et la Ligue des droits de l’homme pétitionnent1 avec des représentants des secteurs de l’action sociale, de l’insertion et de lasanté pour dénoncer la crise sociale derrière la crise économique. Et demander que ses victimes ne paient pas la facture lors des prochains arbitrages budgétairesfédéraux.
Relever les allocations sociales, les revenus de remplacement et les bas salaires. C’est la revendication prioritaire avancée les signataires de la pétition. Ils demandent queles allocations sociales soient alignées sur le seuil de pauvreté pour un isolé, à savoir 860 euros par mois.
Pour Charles Lejeune, secrétaire général de la Fédération des centres de service social (FCSS)2 et initiateur de la pétition, il devientimpossible de faire de l’accompagnement social quand l’accès à des droits fondamentaux est à ce point mis à mal. Pour lui, « faire del’accompagnement social de personnes qui n’ont aucune perspective de logement en raison de l’insuffisance de l’offre publique, ça devient schizophrénique !Faire de l’insertion, c’est bien mais s’il n’y a pas d’emploi à la clef, c’est limite. » C’est un facteur de démoralisation destravailleurs sociaux, consternés par la démission du gouvernement fédéral dans une période si délicate pour leurs publics.
Pour les signataires, « la crise économique et financière est avant tout une crise sociale ». Ils dénoncent le peu d’enseignements tirés dela crise par les politiques en termes de régulation des marchés financiers. Et redoutent par conséquent la cure d’austérité annoncée, qui fera pesersur le monde du travail et sur les exclus le poids de la relance.
Pour une politique de « prévention sociale »
Pas question pour autant de se contenter de politiques sociales trop souvent défensives. « L’arsenal de mesures protectrices au bénéfice de celles et ceux quela machine économique laisse « au bord du chemin » sont certes importantes, conviennent les signataires. Mais elles restent essentiellement défensives, et sont loin de gommer lefossé insupportable entre les riches et les pauvres. »
Pour lutter efficacement contre la pauvreté, ils réclament une politique axée sur la régulation financière et la prévention sociale. Celle-ci passerait,en outre par un relevé des minima sociaux, par « un investissement massif, ciblé, programmé et évalué dans le tissu associatif actif dans lacohésion sociale et la vie des quartiers ». La sécurité sociale doit être préservée et le marché de l’emploi et la formation,développés. Les signataires rappellent aussi qu’il s’agit « d’investir dans un enseignement de qualité qui participe àl’émancipation de tous ».
Décloisonnement
Pas banale, cette démarche de décloisonnement entre secteurs sociaux et syndicats. « Si on veut faire du syndicalisme urbain, ça n’a pas de sens de resterchacun dans son coin », estime Myriam Gérard, secrétaire régionale de la CSC bruxelloise et cosignataire de la pétition.
Les raisons de ce rapprochement sont aussi pragmatiques : la pauvreté n’est plus l’apanage des travailleurs sociaux, les acteurs syndicaux sont de plus en plusconfrontés à la précarité au sein même du monde du travail. « Dans les maisons d’éducation et d’hébergement, plus de 50 % destravailleurs sont à temps partiel, la plupart à mi-temps, constate Christian Masai, secrétaire fédéral du Setca. Leurs revenus sont proches du seuil depauvreté. Si ces gens n’ont pas d’autres ressources dans leur ménage, ils peuvent très vite basculer dans la pauvreté à l’occasion d’unemaladie, d’un accident, d’une grosse dépense imprévue. »
« Les progressistes des différents secteurs sont tous en butte à la difficulté de mettre en place des stratégies offensives », analyse Charles Lejeune,cheville ouvrière de la pétition. La pétition représente un premier pas, que ce dernier voudrait prolonger à travers quelques actions communes avec les syndicats.En restant lucide : « La plupart de cosignataires ont une double détente : on se retrouve sur les revendications de la pétition mais il reste desintérêts particuliers à défendre par les organisations. Mais les deux ne sont pas incompatibles. »
Les signatures recueillies seront présentées aux responsables des partis politiques et des interlocuteurs sociaux, avec qui rendez-vous est déjà pris.
1. La pétition avait rassemblé plus de 800 signatures en une dizaine de jours.
La consulter : www.lapetition.be/en-ligne/quelles-rponses-la-crise-sociale-7277.html
2. Fédération des centres de service social :
– adresse : rue Gheude, 49 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 223 37 74
– site : www.fcss.be