Les petits-déjeuners de l’économie sociale organisés par l’asbl SAW-B (Solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises)1 ont abordé,ce 19 novembre, le thème de la mobilité et de l’économie sociale.
À l’heure des grands débats sur les coûts financiers et écologiques de la mobilité, l’économie sociale ne pouvait pas faire l’impassed’une réflexion à propos de la mobilité de « ses » travailleurs. Il faut dire qu’avec les caractéristiques qui lui sont propres,l’économie sociale génère des questions bien particulières concernant la mobilité. En effet, les travailleurs du secteur sont souvent appelés àse rendre sur des lieux d’activités « mal » situés, leur demandant ainsi une mobilité accrue. Ce qui semble poser certains problèmes,d’après Véronique Huens, coordinatrice éducation permanente à SAW-B qui, pour lancer les débats, fait état de la préoccupation croissante desentreprises d’économie sociale à ce propos.
Une préoccupation que l’on peut également trouver du côté des travailleurs puisque, comme le soulignera Véronique Thirifays, de la cellule mobilitéde la CSC, « les employeurs demandent de plus en plus de flexibilité aux travailleurs. Ce qui les pousse, bien souvent, à envisager la possession du permis de conduire comme unecondition à l’embauche alors que la fonction proposée ne l’exige pas vraiment. »
La mobilité reste donc une « valeur » fortement valorisée socialement et professionnellement. À titre d’exemple, Véronique Thirifays soulignerad’ailleurs que les ménages wallons consacrent en moyenne 13,7 % de leur budget annuel aux transports. Elle insistera également sur le lien fort existant entre mobilitégéographique et mobilité sociale.
Dès lors, les différents intervenants vont s’interroger sur les initiatives mises en place au niveau des entreprises d’économie sociale afin de favoriser lamobilité des travailleurs. Un domaine où l’on se rend compte que, à l’image des initiatives politiques, les projets mis sur pied fonctionnent de manièrerelativement localisée, en fonction de la volonté des uns et des autres. Avec, en filigrane, la nécessité de bénéficier de partenariats externes, par exempleavec les sociétés de transport en commun. Car, s’il faut faire confiance aux lignes « régulières » des transports publics, tous les intervenants semblentd’accord sur un constat : la desserte assurée ne semble pas adaptée à la localisation des entreprises. Un constat qui, au fil des débats, remettrarégulièrement la question du permis de conduire au centre des discussions.
Le vélo, une alternative ?
Dans ce contexte, un constat est fait : si le travailleur ne possédant pas de permis de conduire ou de véhicule peine à trouver du travail, il peine également àse procurer un permis et un véhicule car, faute de travail, il manque des fonds nécessaires pour se les offrir. Un cercle vicieux que certaines entreprises d’économiesociale tentent de briser. « Nous engageons des personnes sans permis et patientons le temps qu’elles apprennent, dira ainsi le représentant d’une entreprise de titresservices. Mais nous ne pouvons le faire que de manière limitée. Pour une personne « aidée », il en faut environ trente qui soient indépendantes. »
Par conséquent, quelle est la solution ? Etienne Holef, de l’asbl Provélo, évoquera la formule « train + vélo ». « L’utilisation duvélo augmente de neuf fois la zone qu’un individu est prêt à couvrir en 10 minutes, déclare-t-il. À pied, celle-ci correspond à 2,8 kilomètrescarrés. À vélo, cela monte à 19,63 kilomètres carrés. » D’où l’idée d’enfourcher un vélo pour aller à lagare prendre son train. Un concept incarné par le projet « Point vélo » dont le principe est d’offrir une série d’infrastructures « vélo», dans les gares, à destination des cyclistes. Parkings sécurisés, boutiques permettant d’effectuer des réparations, de louer un vélo oud’obtenir des informations doivent ainsi être mis en place. Une situation qui existe déjà partiellement en Flandre où la plate-forme pour l’économiesociale Vosec tient aujourd’hui huit « Points vélo » dans différentes gares. En Région wallonne et à Bruxelles, la SNCB a lancé un appel àprojets et propose une participation de 17 500 euros pour chaque initiative. Le reste étant à financer par d’autres voies. Une gageure si l’on en croit les intervenants.Reste qu’en Flandre, il faut croire que des solutions ont été trouvées puisque le projet tourne. Mais Etienne Holef prévient : « Le secteur du vélo estbeaucoup plus développé en Flandre où il y a une véritable tradition. Ce qui facilite la recherche de voies de financement. »
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