Ces 18 et 19 septembre, à La Marlagne, à Wépion, l’Action chrétienne rurale des Femmes invitait ses 220 groupes de femmes répartis dans toute la Wallonieà réfléchir, s’informer et échanger sur leur habitat. L’association a également présenté en avant-première les résultatsassez inquiétants de son enquête et elle demande aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour le logement des petits et moyens revenus.
« Il est capital d’adapter l’offre de logement aux besoins de la population. La hausse des loyers et le marché de l’immobilier en milieu rural rendentl’accès au logement de plus en plus difficile pour les personnes isolées et âgées et les familles monoparentales au faible revenu mais aussi pour les ménagesà revenu moyen », explique Brigitte Laurent, secrétaire de l’ACRF1. Les femmes de l’ACRF insistent sur la dignité et l’identité que peutprocurer le logement.
Un courage politique ?
« Il faudrait maintenir une offre de logements suffisamment diversifiée pour répondre à la hausse des besoins. Devant le nombre insuffisant de logements sociaux, et unmarché locatif privé cinq fois plus cher que le logement public, une meilleure régulation du marché locatif privé s’impose. Si une intensification du soutienaux Agences immobilières sociales fait partie des solutions, nous attendons un courage politique pour mobiliser les 35 000 logements privés inoccupés en Wallonie. »
Pour étayer ses revendications, l’ACRF s’appuie sur l’enquête qu’elle est en train de finaliser. Sur 113 réponses, un pourcentage non négligeablede femmes s’y plaint
• du manque de logements sociaux (60,2 %),
• des critères d’octroi (57,6 %)
• du niveau très élevé des charges en électricité, eau et chauffage (14,4 %).
La mauvaise gestion n’est relevée qu’à 24,6 %.
La déliquescence de l’habitat rural est attribuée à une mauvaise planification du sol et à un manque d’évaluation des besoins avant laréalisation d’un projet immobilier par les communes. Les femmes déplorent une perte du caractère rural de leurs villages qui contribue à défaire le liensocial. Elles pointent du doigt la généralisation des habitats en ruban (urbanisation linéaire le long des voiries) et un manque de concertation dans l’organisation del’espace, nuisible à la vie en collectivité. Elles soulignent le choix du « tout à la voiture » et un accès difficile aux services publics qui confinentles habitants du monde rural dans l’isolement…
Une urbanisation intensive
Sophie Dawance d’Inter Environnement Wallonie a démonté les mécanismes de l’urbanisation intensive de la campagne. La démocratisation de la voiture, lemythe de la campagne, la volonté d’ascension sociale et l’attrait pour des valeurs immobilières basses ont provoqué un déplacement de la population de labanlieue des villes vers les villages. « En 1983, on comptait 2 400 km2 de terres urbanisées et en 1999 on en comptait 3 400. «
Parmi les causes d’une urbanisation démesurée, Sophie Dawance a relevé la volonté d’attirer plus de contribuables de communes qui y voient une source derentrées fiscales. Et cette urbanisation a, à son tour, pour conséquence une « hausse des valeurs immobilières et une exclusion du marché immobilier desjeunes ménages qui ne peuvent plus se loger dans leur propre village ». Hormis la commune d’Incourt, qui applique une politique novatrice vis-à-vis des jeunes : elleachète des bâtiments qu’elle destine aux jeunes locataires et ensuite leur ristourne la moitié des loyers perçus s’ils deviennent propriétaires dansl’entité.
Sophie Dawance a encore parlé de l’importance de « l’espace public dans un village, en tant que support de la vie sociale. Or, dans les nouveaux quartiers quis’implantent sans aucun lien physique avec le village, cet espace est transformé en desserte automobile… Ce qui a un effet négatif sur la cohésion sociale ».L’IEW a mis en cause les plans de secteur qui n’ont jamais été revus. « Pour réhabiliter le cœur des villages, il faudrait canaliser l’urbanisation,intégrer les nouveaux lotissements et développer une politique d’accès au logement pour tous ».
1. Forums sur le logement organisés par l’ACRF : à Perwez : le 1/10, et ensuite à Marche, Tournai, Herve, et Couvin. Info : ACRF asbl, rue Jaumain, 15 à 5330 Assesse – tél. : 083 65 51 92 – fax : 083 65 62 56 – courriel : contact@acrf.be