Le décret Cohésion sociale bruxellois n’est pas parfait. Pour pallier cela, une réforme intègre le Plan bruxellois pour l’alphabétisation (PBA) mis en place en2002.
Ce 9 février, le Parlement de la Cocof (Commission communautaire française) a adopté un projet de décret réformant le dispositif de Cohésion sociale enRégion bruxelloise. La principale modification apportée au décret consiste à y faire rentrer le PBA coordonné par l’asbl Lire et Écrire. Pour rappel,l’objectif du décret Cohésion sociale est de favoriser le développement harmonieux des différentes communautés vivant dans les quartiers bruxelloisdéfavorisés et/ou d’origine immigrée, au travers du travail social de terrain. Une attention toute particulière est portée à la construction dedynamiques communautaires et participatives. Pour la période 2006-2010, cinq thématiques prioritaires avaient, en effet, été définies par le collège de laCocof :
• soutien et accompagnement scolaires ;
• alphabétisation et lutte contre la fracture numérique ;
• accueil des primo-arrivants, dont l’apprentissage du français ;
• actions intergénérationnelles ;
• mixité et égalité femmes-hommes.
« Lire et Écrire » en bonne position
On perçoit tout de suite le recoupement à faire entre le décret Cohésion sociale et le PBA. « Le dispositif actuel des contrats communaux et régionauxde cohésion sociale comporte déjà actuellement de telles actions mais l’important volet visé par le plan bruxellois pour l’alphabétisation estactuellement « hors décret » », peut-on lire dans l’exposé des motifs.
Aussi, pour faire rentrer ce plan dans le décret, le texte propose la création d’un Centre régional pour le développement de l’alphabétisation etl’apprentissage du français pour adultes. Ce centre reprendrait les missions actuellement dévolues à Lire et Écrire en vertu du PBA. Reste à désignerce centre et à convenir de ses modalités de financement. Le Collège se prononcera à ce sujet ultérieurement.
On s’attend bien entendu à ce que Lire et Écrire pose sa candidature. Au cours des débats parlementaires, Nathalie Gilson (MR) a fait part de sa crainte de voir« la position dominante » de Lire et Écrire se renforcer, au cas où cette association deviendrait le Centre régional d’alphabétisation. Leministre-président Charles Picqué (PS), compétent pour la Cohésion sociale, assure que Lire et Écrire n’est pas le « candidat exclusif », touten reconnaissant que l’asbl occupe « une bonne place sur le marché de l’alphabétisation ». Il a aussi assuré que « lorsque Lire et Écrireposera sa candidature, un débat sera ouvert en matière de vérification de ses missions pour répondre au cadre du décret. De plus, le décret permettra derencontrer le contrôle exercé dans le cadre des subsides déjà octroyés actuellement. »
Toutefois, on notera que, dans son deuxième rapport d’évaluation, le Cracs (Centre régional d’appui cohésion sociale)1, chargé d’évaluer lapolitique de Cohésion sociale, avait salué la modification proposée par le décret. Pour l’absl, cela « permet d’apporter un cadre structurel aufinancement des actions d’alphabétisation mises en œuvre par Lire et Écrire dans le cadre du PBA. Cependant, il existe dans le cadre du décret relatif àla cohésion sociale des opérateurs qui ne font pas partie du PBA. Le Cracs attire l’attention sur les craintes potentielles de ces mêmes opérateurs de devoirs’inscrire dans ce nouveau cadre et, notamment, adopter les méthodologies et les prescrits pédagogiques définis par Lire et Écrire. »
Et de conclure : « C’est pourquoi une information complète et précise sur l’implication de cette intégration de l’asbl Lire et Écrire dansle décret, destinée à l’ensemble du secteur, permettrait de dissiper ces inquiétudes. »
Faut-il en conclure que Lire et Écrire sera le candidat ?
1. CBAI-Cracs :
– adresse :av. de Stalingrad, 24 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 289 71 61
– courriel : alexandre.ansay@cbai.be
– site : www.cbai.be