Les nouvelles priorités de cohésion sociale avaient été plutôt bien accueillies, car le «vivre-ensemble» faisait son grand retour. Mais depuis, des inquiétudes se font entendre quant à leur mise en place. Alain Maron, député Ecolo s’en est fait le relais au parlement francophone bruxellois.
Il y a de l’eau dans le gaz de la cohésion sociale à Bruxelles. Certes, en la matière, les nouvelles priorités pour le prochain quinquennat (2016-2021) avaient été globalement bien accueillies (cf. l’article «Cohésion sociale: le changement dans la continuité?», Alter Échos n°395). On réintégrait la possibilité de financer des projets consacrés au «vivre ensemble», alors que cette dernière dimension avait été rendue marginale lors du précédent quinquennat. Le soutien scolaire, l’alphabétisation restent les grandes priorités, mais le vivre ensemble revient.
Depuis, l’administration a publié des circulaires et formulaires pour que les associations adressent leurs demandes de subsides, en fonction des priorités politiques, mais aussi de différents critères qualitatifs et quantitatifs (nombre d’heures consacrées à un projet par exemple).
Et depuis lors, l’ambiance se crispe. Il y eut d’abord des couacs administratifs. Les formulaires proposés dans un premier temps par l’administration contenaient des erreurs. Ils ont été modifiés alors même que les associations tentaient d’y répondre.
Au delà de ce problème technique, le ministre-président Rudy Vervoort a été vertement interpellé par Alain Maron au parlement francophone bruxellois le 30 janvier 2015.
Vivre-ensemble: un budget plafonné
Car selon l’élu écolo, le problème est plus profond que ces erreurs techniques. Il dénonce par exemple le fait que le budget consacré à la fameuse priorité du «vivre ensemble» soit plafonné à 15% des contrats communaux de cohésion sociale. Ce qui exclurait, selon lui, certains projets que les concertations locales pourraient trouver pertinents.
D’autres critiques sont adressées au sujet des exigences «quantitatives» réclamées par l’administration aux associations. Selon Alain Maron, ces exigences vont «exclure une partie des petits acteurs, des petites associations, sans l’assumer». Exemple avec la priorité «vivre ensemble»: seuls les projets qui proposeront 250 heures d’activités annuelles pourront être soutenus. Pour Alain Maron, cette limite «interdit un certain nombre d’initiatives qui pourraient être intéressantes».
Des critiques qui concernent aussi le soutien scolaire ou la priorité «citoyenneté interculturelle».
Rudi Vervoort, de son côté, justifie le choix des 15% par le fait que les nouvelles priorités doivent émerger «sans prendre le pas sur les projets de qualité existants». Sans cette limite, le risque serait alors de «réduire les activités de soutien scolaire, d’alphabétisation, etc.»
Quant aux exigences quantitatives, elles sont assumées.
Dans le même temps, il se dit que certaines concertations locales de cohésion sociale grondent face à ces critères, craignant que des projets intéressants ne disparaissent.
On annonce un avis du conseil consultatif de cohésion sociale sur ces questions qu’Alter Échos suivra de très près ces prochaines semaines.