En juin dernier, la Confédération Construction1 (CC) de Bruxelles-Capitale présentait son rapport annuel 2001 « Le logement à Bruxelles, vers une approche qualitative ».D’entrée de jeu, elle reconnaît que le logement est une fonction forte de la ville au même titre que la fonction économique. En termes quantitatifs, elle adécidé d’aller au-delà des constats classiques concernant le logement à Bruxelles (propriétaires à revenus élevés installés dans ladeuxième couronne, manque de logements sociaux, nécessité de rénover les logements existants, etc.). Citant l’enquête « Diversités urbaines »,réalisée en 1998, la CC souligne le déficit qualitatif des logements bruxellois : 19 % sont « sans petit confort » (salle de bains, WC intérieur) et 38 % n’ont pas dechauffage central. « Dans les quartiers défavorisés, les taux de logement sans petit confort peuvent atteindre 56 %. »
Elle pointe encore l’insalubrité des logements et les conséquences pour la santé physique et mentale de leurs occupants, en se référant à la revue Article 23: « Les dangers des intoxications au CO, les maladies et allergies provoquées par les problèmes d’humidité, les matériaux utilisés, les violences familialesliées à l’exiguïté des logements, les dépressions psychologiques, le mauvais équilibre alimentaire ou le manque de soins médicaux minimaux parce que leposte logement mange ‘une trop grande partie du budget’. » Cette insalubrité touche aussi bon nombre de logements sociaux, elle devrait être combattue plus facilement grâce aucadastre du logement social. Ce dernier permettra, par exemple, d’identifier les châssis, toitures ou systèmes électriques ayant dépassé la limite d’âge.
Qui est propriétaire ?
En 1991, 38 % des Bruxellois étaient propriétaires de leur logement, 50 % étaient locataires et 10 % occupaient un logement social. Ce phénomène seraitprincipalement dû à la présence importante de jeunes et de personnes âgées qui n’ont pas – ou pas encore – les moyens de devenir propriétaires.Cependant, le taux de propriétaires tend à croître : de 31 % en 1981, il est passé à 38 % en 1991, pour atteindre 43 % en 1998. Selon le Plan régional dedéveloppement, cette augmentation résulte de trois facteurs : acquisition par des jeunes, achat par des familles étrangères (issus de l’immigration ou fonctionnairesinternationaux) et le phénomène du « noodaankoop », à savoir « l’acquisition indispensable à défaut de trouver un logement adapté aux besoins et auxpossibilités financières sur le marché locatif ».
D’une manière générale, les prix d’acquisition ont grimpé en flèche : en 1998, le prix moyen d’une maison unifamiliale était de 150.000 euros, soit unehausse de 103 % ; le prix moyen d’un appartement était lui de 100.000 euros, soit une augmentation de 65 %. « La différence de prix entre appartements et maisons unifamiliales aaugmenté d’environ 25 % en 1988 à plus de 50 % en 1999. » Par rapport aux autres capitales européennes, le prix d’acquisition d’une maison ou d’un appartementbruxellois reste l’un des moins chers d’Europe. Cependant, cette comparaison ne prend pas en compte le pouvoir d’achat réel de la population. Sur la based’études, la CC explique ces bas prix par « les distorsions que créent les charges d’urbanisme et les projets de la SDRB (Société de développementrégionale bruxelloise). » Elle estime également que le niveau de taxation élevé en Belgique contraint bon nombre de candidats-acquéreurs d’un logement às’endetter.
En ce qui concerne le marché de la location, pour la CC, les prix semblent rester relativement stables par rapport à ceux du marché de l’acquisition. LaConfédération Construction attribue cela aux interventions législatives visant à limiter les fluctuations des prix des loyers.
Taux de croissance annuel des loyers selon
le niveau de confort des logements
Période
Sans
Petit
Moyen
81-85
3,6 %
4 %
5,3 %
85-88
5,6 %
3,8 %
3,7 %
88-90
10,7 %
8,5 %
9 %
90-92
2,2 %
9,1 %
3,5 %
92-96
4,1 %
1,2 %
– 0,2 %
Source : Observatoire des loyers 1/1998, cité par la Confédération Construction
Pour le développement durable
En termes qualitatifs, la CC met l’accent sur la qualité de vie urbaine : la sécurité, l’emploi, la qualité de l’espace public, l’environnement, lamobilité, la circulation automobile et les transports publics urbains, l’urbanisme et l’aménagement du territoire, la participation des citoyens dans la prise dedécision et la culture. Pour la Confédération, le développement durable implique de « réaliser un équilibre dans la gestion d’une ville, entre lesimpératifs économiques, sociaux et environnementaux. »
Pour la CC, cette approche se caractérise, entre autres, par le concept de logement durable, lequel possède trois caractéristiques principales :
> « son caractère durable : l’espérance de vie du bâtiment, son agencement interne qui le rend adaptable à l’évolution des besoins, son environnementimmédiat qui doit être approprié ;
> son caractère soutenable : le fait qu’il soit abordable financièrement, qu’il constitue un environnement favorable à une bonne santé physique et mentale,qu’il puisse constituer un ‘chez soi’ » ;
> son caractère éco-efficient : le fait qu’il puisse garantir ou augmenter le bien-être tout en limitant la consommation des ressources non renouvelables, principalementle sol. »
Pratiquement, le logement durable devra donc :
> « en termes de société : répondre au mieux au cahier des charges établi ; pouvoir évoluer en fonction des exigences futures (extensibilité,flexibilité d’usage) ; assurer la sécurité et le confort des occupants et favoriser les relations humaines et sociales ;
> en termes d’économie : conduire à un investissement ayant un bon rapport qualité-prix ; être économique tant pour son utilisation que pour son entretien ;tenir compte de l’ensemble des coûts, y compris les coûts externes et conserver sa valeur, sur l’échelle de temps considérée ;
> en termes d’environnement : consommer le moins d’énergie non renouvelable possible ; avoir un impact faible ou positif sur le paysage et l’environnement etgénérer peu de déchets. «
Souhaits politiques
Enfin, la CC souhaite une politique différenciée « par catégorie, selon le secteur et au niveau territorial. » Elle regrette que les plans de développement ou d’affectationdu sol ne prennent pas assez en compte l’importance des entreprises : « Les gens désireux de ne pas passer une ou deux heures dans leur voiture ou dans les transports en commun pour se rendreà leur travail, habitent à proximité de leur emploi. La proximité de l’emploi
est un des principaux attraits de la vie en ville. Trop souvent, la politique bruxelloiseoppose la fonction dite faible du logement à la fonction dite forte du bureau. »
Par ailleurs, elle souligne qu’un des objectifs majeurs de la politique bruxelloise est « d’attirer vers la ville des ménages avec des revenus moyens et supérieurs, domaine où unepolitique de logement social est bien entendu inopérante. »
Pour terminer, la CC voudrait voir s’étendre à Bruxelles des initiatives positives en matière de logement qui existent dans les autres Régions du pays : l’assurancegratuite contre la perte de revenus ; la simplification du système des aides au logement et des primes à l’acquisition et à la rénovation2 ; et l’harmonisation desrèglements communaux d’urbanisme.
1 Confédération Construction, rue du Lombard 34-42 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 545 56 00, fax : 02 545 59 00, e-mail : info@confederationconstruction.be, site : http://www.confederatiebouw.be
2 Notons que le système des primes à la rénovation a été refondu en juin.
Archives
"La Confédération Construction de Bruxelles-Capitale veut des logements de qualité"
Baudouin Massart
09-09-2002
Alter Échos n° 126
Baudouin Massart
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