La Croix-rouge vient d’ouvrir deux « Espaces migrants » 12, à Bruxelles et à Verviers. Et bientôt un troisième à Charleroi. Unprojet pilote dont l’objectif est de proposer aux personnes migrantes un lieu d’accueil et d’informations.
Nous sommes mardi soir, il est 19h. Toutes les lumières sont éteintes dans la maison Croix-rouge, rue du Rempart des Moines. Toutes, sauf une, qui brille au fond de la cour comme unevague lueur d’espoir. Derrière la vitre, un jeune-homme d’origine africaine se confie devant d’une tasse de café fumante. Il a l’air agité. Les deux bénévolesl’écoutent avec une attention religieuse.
« Les gens viennent ici avec toutes sortes de questions, observe Eric Leurquin, un des bénévoles de l’espace migrants. Il y a des gens qui cherchent un hébergementd’urgence pour la nuit, d’autres qui ont besoin de soins médicaux, de l’aide d’un avocat, d’un traducteur. On a aussi eu la visite d’une personne qui voulait qu’on l’aide àrentrer dans son pays. »
L’espace migrants est ouvert une soirée par semaine. Il fonctionne à la manière d’une plate-forme d’orientation. Eric désigne les tiroirs derrière lui. Logement,formation, aide juridique, les bénévoles y ont soigneusement rangé et étiqueté, thèmes par thèmes, toutes les informations recueillies depuisl’ouverture de la permanence, en mai 2010. « Nos visiteurs en savent parfois plus que nous sur les procédures, reconnaît Eric. Je me souviens d’un soir où j’avaisappelé toute ma liste d’hébergements de nuit pour une personne sans-abri. Tous complets. Quand j’ai raccroché, la personne m’a signalé qu’il manquait le Home Fabiola dansma liste. J’ai appelé et on lui a trouvé une place. Ici, on apprend tous les jours ! »
A l’espace migrants les portes sont ouvertes à tous, quel que soit leur statut ou leur parcours, qu’ils soient demandeurs d’asile, réfugiés ou en séjourirrégulier. « Pour les personnes en séjour irrégulier, c’est particulièrement compliqué car il existe peu de structures vers lesquelles on peut lesorienter. Notre rôle ici se limite pour le moment à apporter un peu d’écoute et de chaleur », confie Laurence Eschbach, responsable du projet jusqu’il y a peu.
Ce projet-pilote est amené à évoluer. A terme, ces permanences pourraient aussi mettre l’accent sur l’accompagnement à la recherche d’un logement pour les personnes quiont obtenu le statut de réfugié et doivent quitter les centres d’accueil de Fedasil et de la Croix-rouge. Une étape particulièrement délicate au vu de lacrise du logement que connaît Bruxelles. Sans parler des discriminations que pratiquent certains propriétaires.
Crise humanitaire dans les squats
Le projet pilote d’espace migrants est né dans la foulée de la crise de l’accueil des demandeurs d’asile. La Croix-rouge de Belgique gère vingt centres d’accueil.Lors de la crise, elle a effectué des tournées dans les hôtels et dans les squats. « On nous a parfois reproché de faire du shopping dans les squats, de ne nousoccuper que des demandeurs d’asile en cours de procédure, remarque Laurence Eschbach. Avec le projet espace migrants, nous souhaitons que la Croix-rouge puisse venir en aide à tous lesmigrants au sens large, y compris ceux qui sont en situation irrégulière. »
En 1965, le mouvement international de la Croix-rouge a adopté sept principes fondamentaux pour mener ses missions. Les principes d’humanité, d’impartialité et deneutralité, lui imposent de secourir les individus sans faire de distinction, quelles que soient les controverses d’ordre politique ou idéologique. Reste que venir en aide à ceuxqui n’ont légalement pas le droit d’être là demeure une position complexe. « La Conférence internationale de la Croix-rouge prévoit que l’on doit apporterde l’aide à toute personne migrante sans distinction, et donc à tout migrant, qu’il soit en situation régulière ou non. D’un autre côté, la Croix-rouge agiten tant qu’auxiliaire des pouvoirs publics. C’est une position qui peut parfois comporter des aspects schizophréniques. »
Laurence Eschbach fait régulièrement des visites dans les squats pour apporter des vêtements aux familles et aux enfants. « L’Etat a l’obligation de venir en aideaux familles qui sont accompagnées d’enfants mineurs, même en situation irrégulière », rappelle-t-elle. Elle espère pouvoir emmener bientôt desvolontaires dans ses tournées. Pour elle, la situation relève bel et bien de l’urgence humanitaire. « Il y a eu des accouchements, des nourrissons qui vivent dans desconditions terribles, des familles qui vivent à six dans une seule pièce dans un logement insalubre sans l’eau courante », s’inquiète Laurence.
1. Espace migrants Bruxelles :
– adresse : rue Rempart des Moines, 9 à 1000 Bruxelles.
– Permanence tous les mardis de 18 h 30 à 20 h 30C
– contact : Eric Leurquin
– tél. : 0473 43 04 45
2. Espace migrants Verviers :
– adresse : rue Peltzer de Clermont, 50 à 4800 Verviers.
– Permanence le mercredi de 14h à 16h 30
– tél. : 087 31 31 21