Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Social

La famille sous l’aile d’Ixelles

Cette année encore, des familles en errance, souvent roms, se sont retrouvées à la rue. À Ixelles, un projet modeste explore des solutions concrètes pour stabiliser la vie d’une famille slovaque.

Les Roms, une population systématiquement discriminée en Europe...

Cette année encore, des familles en errance, souvent roms, se sont retrouvées à la rue. À Ixelles, un projet modeste explore des solutions concrètes pour stabiliser la vie d’une famille slovaque.

Cela fait déjà un an qu’une famille slovaque est logée par la commune d’Ixelles. «Le logement est mis à disposition par les services des propriétés communales, explique Valérie Caprasse, chargée de projets à Ixelles-prévention. Il s’agit d’un bien qui relève du logement social, mais qui n’était pas louable en l’état. Nous avons signé une convention d’occupation temporaire pour deux ans.»

Le logement, c’est la clef du projet d’Ixelles-prévention. La clef censée ouvrir la porte de la stabilisation en Belgique. Celle qui permet de souffler un peu et de s’engager dans des démarches d’intégration après des années à errer dans la rue ou dans les squats. Le but est ensuite d’apprendre la langue, de se former, de comprendre le système de santé et d’affronter les méandres administratifs de la Belgique grâce à un accompagnement social intensif prodigué par deux éducatrices d’Ixelles-prévention. Les familles ont deux ans devant elles.

«C’est un processus long et difficile, témoigne Catherine Cremers, travailleuse communautaire d’Ixelles-prévention. Ces familles sont dans une logique de survie, elles ne se projettent pas et elles ont un niveau connaissance du français très bas.» À cela s’ajoutent des décennies d’exclusion et de stigmatisation dont les effets sont difficiles à contrecarrer.

Vers l’intégration en Belgique…

Si Ixelles s’est lancé dans ce projet pilote, c’est que la commune a régulièrement été confrontée aux familles en errance. Il y eut le squat de la rue de la Concorde, celui de l’ULB ou du Polygone. Autant de lieux où s’accrochent et se concentrent les pauvretés de Bruxelles.

«La commune avait tenté de s’impliquer face à l’urgence humanitaire et sanitaire, rappelle Valérie Caprasse. Mais le résultat était très mitigé. On retrouvait les familles à la rue ou dans d’autres squats.»

Leur expulsion du territoire n’a aucun sens dans un espace de libre circulation. Une fois en Slovaquie, ces familles reviennent.

Un collectif d’associations avait publié, en 2012, un «manifeste» pour ces familles en errance.

La situation de ces familles est particulière. Européennes, elles peuvent s’installer en Belgique plus de trois mois à la condition de ne pas être une «charge déraisonnable» pour le système social du pays. Ce qui implique de trouver un emploi. Chose plutôt difficile vu la désaffiliation sociale de ces familles. Dans le même temps, leur expulsion du territoire n’a aucun sens dans un espace de libre circulation. Une fois en Slovaquie, ces familles reviennent.

Les associations proposaient d’inverser le schéma en faisant tout pour leur permettre de se stabiliser et d’activer leurs droits.

Afin de faciliter ce chemin vers l’insertion sociale et professionnelle, le CPAS d’Ixelles est mis à contribution. Il octroie un revenu équivalent au revenu d’insertion sociale. Valérie Caprasse nous donne quelques explications: «On se disait que si ces familles n’avaient pas de revenu, si elles luttaient pour se nourrir, elles ne pourraient pas travailler la langue, ni la mise à l’emploi, ni s’impliquer dans la scolarité des enfants.»

Une deuxième famille va bientôt bénéficier de ce projet pilote. Quant à la première, sa situation s’améliore. Au dire d’Ixelles-prévention, le père de famille est en stage professionnel, dans le domaine du nettoyage. La commune tient sa belle histoire. Mais un tel modèle, plutôt coûteux à grande échelle, est-il vraiment tenable et multipliable? Valérie Caprasse y croit: «Si chaque commune met une pierre à l’édifice, alors ces familles pourraient trouver une place en Belgique. Après tout, on ne parle que de 200 à 250 personnes.»

Aller plus loin

Alter Échos n° 423, «Housing First : vers la fin du sans-abrisme ?», Marinette Mormont, 23 mai 2016

Alter Échos n°423, «Le sale printemps des familles à la rue», Cédric Vallet, mai 2016

Cédric Vallet

Cédric Vallet

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)