Le 17 mai, la Fébisp1 (Fédération bruxelloise des organismes d’insertion socioprofessionnelle) a organisé une journée d’étude sur «Lesdiscriminations à l’embauche et dans le parcours d’insertion : des défis pour l’insertion socioprofessionnelle». L’objectif était de faire le pointsur différentes questions relatives aux discriminations ethniques sur le marché de l’emploi : Est-il possible de les repérer dans les statistiques? Les critèresutilisés à cette fin sont-ils corrects? Est-ce que le recours aux «discriminations positives» ne contribue en soi à la stigmatisation? Quelles sont les pratiques desemployeurs et des acteurs de l’insertion socioprofessionnelle? etc.
Albert Martens, professeur de sociologie à la KUL, a tout d’abord retracé l’historique des discriminations en Belgique dans le monde du travail, rappelant qu’audépart les travailleuses ont été les premières victimes de discriminations. Il a souligné que ces pratiques n’étaient pas nécessairement le faitd’employeurs, mais aussi des organisations syndicales. Selon lui, les principes idéologiques des syndicats ont évolué par rapport aux travailleurs immigrés etétrangers : partant de l’internationalisme, passant entre autres par une forme de protectionnisme du marché du travail, pour en arriver ensuite à l’intégrationet la citoyenneté. Enfin, Albert Martens s’est référé à la «Banque carrefour» de la Sécurité sociale pour démontrer àquel point l’accès à l’emploi se fait surtout sur la base ethnique. Pour sa part, Estelle Krzeslo, chercheuse à l’Institut de sociologie de l’ULB, aévoqué les méthodes de lutte contre les discriminations utilisées en France et en Angleterre. Elle a mis en exergue les limites du «monitoring ethnique»(représentation proportionnelle des ethnies dans les corps constitués) : la réalité de jure ne correspondant pas forcément à une réalité defacto.
De son côté, Stéphane Thys, coordinateur de l’Observatoire bruxellois du marché du travail et des qualifications, a présenté les problèmesposés par l’ethnicité pour l’analyse des discriminations sur le marché bruxellois. Le marché bruxellois de l’emploiüse caractérise par uneexclusion assez importante des populations dites «allochtones», en particulier extra-UE (Union européenne) : «L’origine sociale, les réseaux sociaux,l’accès à l’information, la détérioration du marché du travail et la discrimination ethnique à l’embauche sont autant dedéterminants qui expliquent que l’entrée des enfants d’immigrés sur le marché du travail est caractérisée par un chômage et uneprécarité de l’emploi plus forts. Ainsi, les actifs étrangers hors UE sont touchés trois fois plus par le chômage que les Belges et étrangers UE.»Pour Michel Vanderkam, conseiller au Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, «le caractère insidieux de la discrimination souligne lacomplexité du phénomène et des moyens à mettre en œuvre pour lutter contre lui. Les comportements de racisme ordinaire sont d’autant plus difficiles àéradiquer que le racisme est euphémisé et l’auteur de la discrimination peu défini.» Il évoque dans une note de travail que «la lutte contre ladiscrimination à l’embauche et sur le lieu du travail n’est pas uniquement une question de législation et d’application de sanctions à l’encontre del’auteur. Elle implique une transformation des mentalités et de la culture d’entreprise, une adhésion des acteurs économiques, politiques et sociaux. Elle supposeaussi des actions ciblées.» Enfin, plusieurs représentants d’acteurs de terrain ont fait part de leurs expériences concernant les discriminations àl’embauche, «dernière étape du parcours d’insertion».
1 Fébisp, rue des Alliés 307 à 1190 Bruxelles, tél. : 02 537 72 04, fax : 02 537 84 04, e-mail : secretariat@febisp.be, site Web : http://www.febisp.be
Archives
"La Fébisp se penche sur la discrimination à l'embauche"
Baudouin Massart
27-05-2002
Alter Échos n° 121
Baudouin Massart
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