En Flandre aussi, la question des priorités et des critères pour inscrire son enfant à l’école fait couler pas mal d’encre. Le 9 novembre dernier, le Parlement flamanda voté un nouveau décret qui devrait régir la procédure en la matière dès la rentrée 2013 dans les zones où le nombre de places disponiblespose problème.
Comment cela fonctionne-t-il ? Dans les trois villes où se posent de gros problèmes de capacité – Anvers, Gand et Bruxelles –, l’enfant doit êtreinscrit en ligne, les écoles indiquant le nombre de places disponibles. Dans les autres zones, cette inscription en ligne est facultative, quand la possibilité existe. Ensuite, ondétermine qui est prioritaire, les inscriptions proprement dites se faisant à partir du 1er février. Le premier groupe prioritaire est celui des frères et sœursd’enfants fréquentant déjà l’école (c’était déjà le cas précédemment). Le deuxième groupe est celui des enfants du personneltravaillant dans l’école (ça, c’est nouveau). A Bruxelles, 55 % des places sont en outre réservées à des enfants dont les parents parlent lenéerlandais. Pour la suite des attributions, on pourra encore tenir compte d’autres critères comme la préférence exprimée par les parents et la proximité dudomicile parental.
Mais la priorité, c’est aussi la mixité sociale des écoles et cette priorité-là se joue à un autre niveau, celui des plates-formes de concertation locale(LOP) entre les écoles. Les écoles de quartiers privilégiés doivent donner priorité aux enfants défavorisés, mais le contraire est égalementvrai. Comment toutes ces priorités pourront-elles dès lors s’articuler entre elles ? Les écoles travailleront en principe sur la base de deux listes : une pour lesélèves devant être aidés par une politique d’égalité des chances (GOK en néerlandais) et une pour les autres. On puisera dans chacune d’ellesjusqu’à l’obtention de la mixité sociale souhaitée, laquelle est définie au cas par cas au sein des LOP en fonction du quartier environnant l’école. Les LOP peuventêtre organisées au niveau d’une ville ou d’un quartier, mais doivent en tout cas transcender les réseaux et leurs décisions seront désormais contraignantes.
Ça coince à Anvers
Le but avoué de ce nouveau décret est d’améliorer la mixité sociale, un objectif manqué par le décret précédent qui datait de 2002. Cenouveau décret est né à la suite du cri d’alarme de Mieke Van Hecke, directrice générale de l’enseignement catholique flamand. Elle avait déclaré audébut de cette année que « les écoles blanches deviennent de plus en plus blanches et les écoles noires de plus en plus noires ». Elle aaussitôt été approuvée par sa consœur des écoles de la Communauté flamande, Raymonda Verdyck. Le Conseil flamand de l’enseignement (au sein duquel tousles réseaux sont représentés) et le Parlement flamand ont travaillé de concert, le CD&V étant aussi largement impliqué, notamment parl’intermédiaire de la députée Kathleen Helsen.
C’est pourtant du côté catholique que les premières réactions négatives sont venues : les écoles catholiques d’Anvers menacent de boycotter ledécret. On pourrait aussi parler d’un rejet anversois, l’échevin de l’Enseignement de la métropole, Robert Voorhamme (SP.A), l’ayant qualifié de« stalinien ». Les écoles anversoises ont développé depuis un certain temps leurs propres méthodes pour régler à leur manière leproblème du manque de places disponibles et n’ont pas envie de se voir imposer un autre système. « Au Parlement flamand semble régner l’idée malsaine qu’il estimpossible de dispenser un enseignement de qualité dans des écoles avec un grand pourcentage d’immigrés. C’est une gifle pour toute une série d’écoles anversoisesqui obtiennent de bons résultats », a déclaré Robert Voorhamme. Mais d’autres acteurs du secteur trouvent ces réactions exagérées. Jean-PierreVerhaeghe, président de la LOP-enseignement fondamental de Gand, entend remettre les pendules à l’heure : « Ce n’est pas comme si les écoles « blanches » quin’atteignent pas leurs quotas d’enfants GOK devaient obligatoirement en importer d’autres quartiers. C’est juste qu’elles doivent leur donner priorité à l’inscription dans le casoù ils se présenteraient. »
Reste que le problème de sous-capacité des écoles dans les zones urbaines reste entier et qu’il ne suffira pas du simple vote d’un décret pour le résoudre.
D’après Knack et De Standaard