C’est juste une maison, où tout un chacun peut pousser la porte pour venir parler. De tout, de rien, de choses futiles ou importantes. L’air de rien, c’est souvent la dernièrebouée de sauvetage pour des seniors bien seuls.
Le principe de « De Open Deur » ou DOD, c’est l’écoute immédiate. Les locaux de l’association sont ouverts tous les après-midi sauf le dimanche etn’importe qui peut s’y présenter sans rendez-vous pour dire ce qu’il a à dire. Même si c’est la dixième fois qu’il vient raconter la même histoire. Jan Scheers, l’undes volontaires, résume : « Certaines personnes nous disent qu’ailleurs on leur répond qu’il ne faut pas venir aussi souvent. Chez nous, ces personnes-là sonttoujours les bienvenues. »
C’est le principe ici. Il n’y a pas de liste d’attente, alors que souvent, dans des structures plus spécialisées, il n’est pas rare de se voir proposer un rendez-vous quatre semainesplus tard. Les personnes peuvent également téléphoner si elles n’ont pas la possibilité de se rendre sur place, mais le principe général est plutôtcelui des rencontres en tête-à-tête.
Cette « Porte ouverte » est située dans une maison particulière, en plein centre d’Anvers, à proximité de la Groenplaats. Presque uneinstitution : elle existe depuis 1975. Elle compte actuellement 27 volontaires qui se relayent jour après jour, mais d’ici quelques semaines, ils seront 31. Tous reçoivent uneformation en « écoute empathique ». Le but affiché de l’association est de lutter contre la solitude. En moyenne, de 5 à 8 personnes sont reçueschaque après-midi : en 2011, quelque 1 400 entretiens ont eu lieu ici. La plupart des utilisateurs sont des habitués, mais il y a chaque semaine de nouvelles personnes pourvenir pousser cette « Porte ouverte ». Et pas seulement des personnes âgées. La semaine précédente, Jan Scheers a accueilli un jeune pèredivorcé et désespéré. « Je lui ai donné les coordonnées d’un Centre général d’aide sociale parce que je pense qu’il pourraitbénéficier d’une aide à domicile. Je lui ai aussi dit qu’il pouvait revenir quand il voulait, mais nous ne l’avons pas revu depuis. » Toutefois, si DOD accueille desgens issus de toutes sortes de publics (y compris des personnes n’ayant aucun problème financier), les jeunes utilisateurs sont plutôt moins nombreux que les autres. Selon Jan Scheers,parce qu’ils trouvent plus facilement d’autres structures qui peuvent les aider.
Un succès discret
Au total, l’asbl n’est pourtant pas très connue. Pour Els Van Berendoncks, 72 ans et 26 ans de volontariat, cela n’a rien d’étonnant : « Nous ne pouvons pas comptersur le bouche-à-oreille dans la mesure où la plupart des gens qui viennent ici ne se vantent pas de venir chercher de l’aide. Et faire de la publicité coûte trèscher. Nous recevons bien un peu de subventions, mais pour l’essentiel, l’association fonctionne sur la base du volontariat. » Après tant d’années passées àfaire ce travail, elle affirme « n’avoir plus peur de rien ». Parmi les gens qui recourent au service de la « Porte ouverte », on trouve des personnes quipassent ou sont passées par la case psychothérapie, mais aussi d’anciens pensionnaires d’institutions psychiatriques. « Parce qu’elles ne peuvent voir leur thérapeuteque sur rendez-vous. Mais c’est parfois le thérapeute lui-même qui les aiguille vers chez nous, comme pour bénéficier d’une sorte de soins complémentaires. Les gensqui viennent ici parlent de tout : de leurs soucis de couple, de problèmes sexuels, de leurs angoisses ou même de chagrins d’enfant non digérés. »
Les volontaires qui travaillent ici pourraient-ils imaginer d’avoir un jour recours aux services offerts par DOD ? « Jusqu’à présent, j’ai toujours trouvé despersonnes à qui parler dans mon entourage », lâche Jan Scheers, après une longue hésitation. Quant à Els Van Berendoncks, elle reconnaît que lesobstacles restent malgré tout assez importants. « J’ai rencontré pas mal de personnes qui m’ont avoué être passées plusieurs fois devant la porte avantd’avoir osé frapper. Mais je sais, de par ma propre expérience, que l’on peut trouver une excellente écoute ici. Et il m’est arrivé d’y avoir recours. Je peux conseillerà tout le monde d’en faire autant. »
D’après De Morgen et De Standaard