La Loupiote1 est une association qui promeut l’éducation « au et par le cinéma ». En passe d’être reconnue comme organisation de jeunesse, elletouche chaque année près de quatre mille jeunes.
Des films, de l’esprit critique, des jeunes et même des parrains connus. « La Loupiote » a tout pour plaire. Cette association née en 2004 se définitcomme un « projet d’éducation au et par le cinéma ». Elle est issue de rencontres entre cinéastes et pédagogues qui ont imaginé des outilspour aider à mieux comprendre le septième art. Mais dans un sens « citoyen, critique et responsable », précise Christophe Istace, le coordinateur du projet.Pas question de bouffer du « Fast and furious » ou autre « Twilight » que de nombreux jeunes ont vu et revu jusqu’à l’overdose.
Certes, l’équipe de La Loupiote utilise parfois des grosses productions américaines comme un appât, pour mieux faire émerger l’esprit critique. Car si Pierre-PaulRenders, Jaco Van Dormael et Bouli Lanners accompagnent avec bienveillance ce projet, c’est aussi parce qu’il concourt à promouvoir le cinéma belge. Pour Véronique Dahout, lacoordinatrice pédagogique, « La Loupiote va montrer aux jeunes qu’il y a des films différents, proches d’eux. Des films d’ici qui peuvent nous faire réfléchir.»
Il y a un petit côté « village assiégé » face à l’ogre américain dans ce discours. Un discours qui se justifie, selon ChristopheIstace, par le fait que le cinéma belge « ne peut pas rivaliser face à la publicité du cinéma américain ». L’idée défendue parLa Loupiote est donc de « rapprocher le cinéma du jeune. Sans jamais imposer de goûts, mais en proposant des pistes de réflexion, des films nourrissants sur lesquestions que les jeunes se posent tous les jours. »
« Des films qu’on a faits nous-mêmes »
Les jeunes de cinq à vingt-cinq ans sont dans la ligne de mire de La Loupiote. L’association leur donne rendez-vous chaque samedi au cinéma « Vendôme »pour un ciné-club convivial. Mais la plupart des animations répondent à des demandes d’écoles ou d’associations. En tout, ce sont environ 3 à 4 000 jeunes demilieux sociaux très variés qui sont touchés chaque année.
Ici, pas de bla-bla inutile ni de cours magistraux sur le cinéma. Les pédagogues ou cinéastes de La Loupiote partent du concret. « Mal de mère »par exemple, ou « Beaucoup », deux courts-métrages réalisés par La Loupiote, avec des jeunes. S’ensuivent des débats sur les thèmesabordés par les films. Les jeunes, lors de la deuxième heure d’animation, regardent un « making-of pédagogique ». La technique cinématographique estabordée. « On explique les choix artistiques par rapport au message qu’on voulait passer. C’est un décodage du langage artistique », dit Christophe Istace.
Les enfants ou les ados qui assistent aux projections-débats montrent de l’intérêt. C’est en tout cas la conviction de Christophe Istace : « Lesthématiques les touchent. Et quand on leur dit qu’on a fait nous-mêmes le film qu’ils ont vu, ils se sentent flattés. »
Outre les animations, La Loupiote propose aussi des stages pratiques de création de films, toujours en partenariat avec des associations ou des centres culturels, souvent pendant lesvacances scolaires. Là encore, l’idée est de pousser les jeunes à s’exprimer, à développer leur point de vue. « On propose des thèmes,détaille Véronique Dahout, puis les jeunes improvisent. A partir de ce qui sort, on crée ensemble une trame narrative. »
La Loupiote cherche à attiser la curiosité des jeunes à travers le cinéma, qui fascine toujours autant. C’est aussi la valorisation de l’expression et du sens critiquedes jeunes qui est mise en avant. Autant de raisons qui ont poussé l’association à demander une reconnaissance en tant qu’organisation de jeunesse. Une reconnaissance qui donnerait unpeu d’air à une association qui fonctionne depuis ses débuts sans subsides structurels.
« Mal de mère », un film par et pour les jeunes
Mal de mère est un court-métrage réalisé par La Loupiote. A la base, c’est l’idée d’un scénario interactif avec « beaucoupd’enfants. » Les premières lignes du scénario avaient été écrites sur le site de l’association. Des enfants de huit à quatorze ans pouvaientproposer une suite puis les permanents de La Loupiote collectaient ces idées et tentaient de les agglomérer en un tout cohérent qu’ils publiaient à nouveau sur le site.Deux ans d’allers-retours créatifs entre La Loupiote et des enfants. Le scénario interactif a remporté un prix de la Région wallonne qui a permis de financer la productiondu film, qui sert désormais de support aux animations de La Loupiote.
1. La Loupiote :
– adresse : rue Gachard, 63 à 1050 Bruxelles
– courriel : christophe.istace@laloupiote.be
– site : http://loupioteasbl.skynetblogs.be