Le 31 mars dernier, le ministre Émir Kir (PS), en charge de l’Action sociale et de la Famille à la Cocof, présentait un plan d’action relatif aux mariagesforcés et précoces : pérennisation d’un réseau, formation des intervenants et sensibilisation dans les écoles.
Le plan présenté par le ministre de l’Action sociale de la Cocof fait suite à la journée de réflexion organisée en juin 2008 par laFédération laïque des centres de planning familial (FLCPF) qui avait mis l’accent, notamment, sur la prévention et l’information tant des jeunes que desparents1. L’élément structurel du plan réside dans la pérennisation du réseau bruxellois « Mariage-Migration2 » qui existedepuis 3 ans. Désormais, celui-ci peut compter sur un emploi à mi-temps dévolu à sa coordination3.
Les moyens dégagés par la Cocof (50 000 euros sur 2008 et 2009) et la Région (15 000 euros au titre de la cohésion sociale) permettront au réseaud’organiser en priorité des formations de 3 jours à destination des travailleurs de première ligne, dès ce mois de juin 2009. Les modules porteront tant sur lesaspects juridiques et l’approche interculturelle que sur les pratiques d’accompagnement social et les outils de réflexion concernant les mariages forcés etprécoces.
Troisième axe à privilégier selon le ministre : la prévention et la sensibilisation auprès des jeunes dans les écoles essentiellement. Et de citer enexemple une pièce de théâtre-action actuellement en préparation et dont la première aura lieu au mois de mai au Centre scolaire des Dames de Marie àSaint-Josse.
Et ailleurs ?
Même relativement modeste, ce plan s’inscrit dans la continuité d’une réflexion initiée par le secteur. C’est en outre le premier planspécifique sur le sujet élaboré à Bruxelles ou en Wallonie. La Région wallonne a bien renforcé cette année les moyens du secteur de l’aide auxvictimes de violences conjugales à travers 52 emplois supplémentaires. Bien qu’ils puissent être pris en compte par ces services, les problèmes liés auxmariages forcés et arrangés ne sont pas spécifiquement ciblés dans le plan wallon.
À la Communauté française, c’est principalement à travers le projet pilote Evras (Éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle),mené en partenariat avec la Région wallonne et la Cocof, que la problématique est abordée. L’un des six thèmes à rencontrer par les candidats àl’appel à projets lancé en juin 2008 est en effet « la liberté de choix ». Émir Kir a déclaré avoir demandé qu’àBruxelles, l’enjeu du mariage fasse l’objet d’une animation spécifique. Estimant toutefois insuffisante l’offre d’animations disponibles pour les écolesdans le cadre de l’appel à projets, le ministre a également rappelé sa préférence pour une institutionnalisation des cours d’Evras dans toutes lesécoles.
Pour Patrick Petitjean, président de la Fédération laïque des centres de planning familial, le plan du ministre va dans le bon sens puisqu’il rencontre,directement ou indirectement, les trois volets spécifiques d’une démarche de prévention pertinente : « un rappel des droits et des infos sur les organismesressources, via des brochures notamment ; une aide au dialogue des jeunes avec leurs parents ; des initiatives visant la transformation sociale, comme le théâtre-action parexemple. » Toutefois, le président de la FLCPF considère que la prévention menée par les plannings familiaux dans les écoles n’est pas lapanacée. « En débarquant dans les classes pour faire de la sensibilisation aux mariages forcés, on risque de stigmatiser a priori les jeunes, explique-t-il.
– Nous venons faire de la sensibilisation aux mariages forcés.
– Ah bon !? Pourquoi nous ?
pourraient se demander les élèves… qui cherchent bien plus à être soutenus une fois qu’ils sont confrontés au problème, afin d’êtreaidés à en sortir. »
Une optique qui rencontre un écho auprès de Brigitte Charles, conseillère au cabinet de la ministre Fonck en charge de la Santé à la Communautéfrançaise. Selon elle, le recours à des professionnels spécialisés est préférable à une formation spécifique des (futurs) enseignants àl’éducation sexuelle et affective. « Un élève qui rencontre un problème de mariage forcé se confiera plus volontiers à un professionnelextérieur qu’à l’enseignant qu’il côtoie tous les jours », estime la conseillère qui entend privilégier le recours aux centres deplanning familial.
1. Les actes de cette journée sont téléchargeables sur www.planningfamilial.be – voir aussi Alter Échos n° 255)
2. Sont membres du Réseau, des organisations d’éducation permanente et sociales, des associations d’aide aux femmes, des services communaux, etc.
3. Claude Demulder, coordinatrice :
– adresse : rue Royale Sainte-Marie, 70 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 241 91 45
– courriel : info@mariagemigration.org
– site : www.mariagemigration.org