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Luc Demeester, ex-agent de développement chez SAW, est responsable depuis un peu plus de trois mois de la Mirena1, la Mission régionale pour l’emploi de Namur. Il nous a faitpart des multiples projets de recherche, de formation et d’accompagnement à l’emploi des chômeurs que va réaliser la Mirena à partir de septembre de cette année.
Mise à l’emploi directe et accompagnement des contrats PTP
« Nous avons un taux d’insertion des personnes qui suivent nos formations de 65% jusqu’à présent (avec une quinzaine de personnes par cycle de formation, un total de 160 stagiaires en2001 et de 220 en 2002). Le nouveau décret en préparation de la ministre Arena va nous permettre d’élargir le champ de nos actions confinées au spectre de la formation enalternance. Pour répondre aux besoins des stagiaires et du marché du travail, nous allons mettre en place des actions plus souples, plus flexibles et mieux adaptées pouraméliorer la mise à l’emploi directe sans nécessairement passer par de la formation mais par un accompagnement global à l’emploi. Tout en procédant à desprospections à l’aveugle des entreprises. »
« Nous allons faire de l’accompagnement à l’emploi des travailleurs sous contrat PTP laissés pour compte jusqu’à présent. Après des contrats de trois ans, ilsn’avaient aucune perspective d’emploi même à court terme. Or, ces publics sont plus faciles à insérer car ils ont acquis un savoir-être et un savoir-faire. Nousutiliserons différentes méthodes comme celle du job-coaching. Cette action sera expérimentale en 2002 et structurelle en 2003 sur l’arrondissement de Namur et Dinant. C’est leForem qui prend en charge la première partie du contrat et nous prenons le relais six mois avant la fin du contrat PTP pour préparer l’après-contrat précaire et pour leurassurer une mise à l’emploi. Ce, en fonction de leur demande et de leurs compétences et après avoir identifié des offres d’emploi. »
Éviter les phénomènes de surqualification à l’embauche
« Nous devons parvenir à une meilleure adéquation entre l’offre et la demande. Nous devons éviter des phénomènes de surqualification à l’embauche. Nous allonsrenégocier les fonctions avec les employeurs pour faire coller le profil du demandeur au profil recherché. Nous sommes persuadés qu’il y a des emplois nouveaux à activer,particulièrement dans le secteur tertiaire, où l’on a besoin d’employés polyvalents d’exécution. Dans le secteur secondaire, on recherche des chauffagistes, des couvreurs,des routiers. Les travailleurs PTP occupent des fonctions très diversifiées qui peuvent aller d’agents de propreté au MET ou pour les administrations communales à desfonctions à responsabilité dans le secteur associatif. »
« Avec l’ALE de Namur, nous allons collaborer à la mise à l’emploi de stagiaires. Nous allons procéder à un accompagnement global, en commençant par unaccompagnement social pour traiter d’abord les difficultés de la vie et les problèmes sociaux. »
« Sur l’entité de Somme-Leuze, nous avons un projet de formation tertiaire qui débutera en janvier 2003. On part de la demande du marché qui semble prometteur dans cetterégion dans le secteur tertiaire. Il y a souvent des personnes à trop hautes compétences qui exercent des fonctions de maintenance informatique ou de la gestion de courrierélectronique, des travaux d’exécution comme du classement de courrier ou des photocopies. Nous allons dispenser une formation pour un public peu qualifié : de la remise àniveau en français et math et une formation en bureautique. «
Projet Equal avec les FUNDP
« Dans le cadre d’un projet EQUAL, en partenariat avec les FUNDP (les facultés de droit et de psychologie sociale des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix), nous avons un projetde recherche-action sur les représentations sociales liées au travail tant des employeurs que des travailleurs et des professionnels. Le but est d’apprendre à ces mondes àse rencontrer et à mieux communiquer et à fluidifier les représentations pour atténuer les décalages. Un objectif sera aussi de mettre en place une formation pourpermettre aux professionnels de l’emploi d’être au diapason tant avec les employeurs qu’avec les demandeurs d’emploi. Dans le cadre de cette recherche, nous devons également identifierles gisements d’emploi mais de façon très synthétique et la plus explicite possible. »
« Au niveau de nos méthodes de travail avec les stagiaires, nous avons des séquences de gestion collective comme des simulations d’entretien d’embauche, des aides à larédaction de CV, des jeux de rôle et de la gestion de conflits. Nous avons aussi une approche individuelle. Il importe de parvenir à pérenniser le parcours de nosstagiaires pour qu’ils s’inscrivent dans un emploi de façon durable. Actuellement, leur mise à l’emploi ne dépasse pas trois à six mois. Il y a un phénomènepuissant de désaffiliation vis-à-vis du travail. Culturellement, ils sont dans un monde dont le travail ne fait pas partie, ce qui est légitime. Il y a aussi une connotationnégative vis-à-vis de certains métiers, comme les métiers de la construction. Il y a des stéréotypes séculaires qui font partie de la culture desdemandeurs d’emploi. Notre travail est de démythifier une série de métiers. » Luc Demeester insiste pour dire que les conventions d’emploi sont faciles à trouver mais qu’ilest difficile de trouver une dizaine de stagiaires alors que les offres de formation débouchent sur un emploi.
Limer les angles des employeurs, des demandeurs d’emploi et des professionnels
« Il importe de travailler pour qu’ils se construisent un nouveau processus d’identification. Pour qu’ils prennent conscience qu’en étant sous contrat d’emploi ils se créent un nouveauréseau de relations. Que si la motivation du salaire est faible (pour les chefs de famille, le différentiel avec l’allocation de chômage est très faible avec un salaire de36.000 FB ou 37.000 FB), ils reçoivent aussi des chèque-repas, un pécule de vacances, qu’ils cotisent pour leur pension. Il faut parvenir à modifier leur perception etmettre en avant qu’ils peuvent se réengager dans une formation et recommencer un processus professionnel. Mais je souligne que le droit au chômage ne doit pas êtreconditionné comme on tend à le faire aujourd’hui. »
« Nous sommes là comme un levier dans une situation de non-emploi vers une situation d’emploi. Il y a des stéréotypes dans le secteur de l’insertion socioprofessionnelle commecelui de l’autonomie du demandeur d’emploi. Notre rôle est de limer les angles des em-ployeurs, des demandeurs d’emploi et des professionnels. Nos agents de développement iront avec ledemandeur d’emploi pour se présenter chez l’employeur. Nous allons assurer un accompagnement global tant individuel que collectif. »
1 Mirena, rue Delvaux, 30 à 5000 Namur – tél. : 081 25 52 00.