À force de traiter une actualité pas toujours riante, les journalistes sont-ils devenus d’indécrottables pessimistes? Tous les mois, le Forem et Actiris nous annoncent que le chômage est en baisse. Mais «les statistiques, c’est comme le bikini: ça donne des idées mais ça cache l’essentiel». Un adage du célèbre Coluche que la rédaction a fait sien le temps de cette enquête sur les chiffres du chômage. Calculette à la main, notre journaliste spécialiste des questions d’emploi a gratté pour comprendre ce qui se cachait sous le vernis de la communication officielle. Bilan des comptes: oui, le chômage baisse. Mais cette baisse doit tout de même être un peu relativisée. Ainsi, la baisse du chômage administratif en Wallonie au cours de l’année 2015 pourrait être grandement influencée par un changement effectué dans la réglementation du chômage, comme la limitation dans le temps des allocations d’insertion. Et pas au fait que les chômeurs aient trouvé du travail… (lire p. 4 «Chômage: alors tu baisses?»)
«Les statistiques, c’est comme le bikini: ça donne des idées mais ça cache l’essentiel.», Coluche
Traquer la petite bête, chercher le mais qui se cache derrière le oui. Serions-nous devenus des esprits critiques si endurcis que nous ne pouvons plus nous réjouir d’une simple bonne nouvelle? Fort heureusement, chaque bouclage se voit aussi égayé de son lot de belles rencontres, d’interviews inspirantes et d’initiatives solidaires qui nous rendent la plume plus légère. Comme cette rencontre touchante avec les membres du collectif Belgium Kitchen, quatre citoyens molenbeekois, qui sillonnent infatigablement la nuit bruxelloise pour distribuer des repas aux migrants abrités dans les anfractuosités du quartier Nord («Belgium Kitchen, dans la nuit des migrants»). Comme ce projet mené à Malines pour que la zone de police soit à la pointe de la lutte contre le profilage ethnique, une façon polie de nommer cette pratique policière qui consiste à contrôler des quidams sans autre raison que la couleur de leur faciès («La police de Malines s’attaque au profilage ethnique»). Comme, encore, ces citoyens qui se sont mobilisés pour demander à leurs communes d’exprimer leur désaccord avec la politique de Theo Francken («Communes sanctuaires») et de s’engager, par le vote d’une motion, à améliorer l’information et l’accueil des personnes migrantes sur leur territoire. À un an des élections communales, les citoyens de 53 communes du pays, soit une commune sur cinq de Bruxelles et de la Wallonie, se sont rassemblés pour interpeller leur élu. Et là, on sort notre calculette pour leur tirer notre chapeau.