Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

La prévention : des Tapas aux Mena

Focus sur deux projets de « Prévention générale ». L’un concerne les Mena, l’autre la sexualité.

10-07-2011 Alter Échos n° 319

La réforme des Conseils d’arrondissement de l’Aide à la jeunesse (CAAJ) – dont la mission est la prévention générale – se fait attendre. Iln’empêche, des projets de prévention continuent à être soutenus. A Bruxelles, les Mena, la sexualité et les mineures enceintes sont mis en avant.

Déguster des Tapas, au soleil, quel plaisir ! Le plaisir, c’est justement l’un des sujets de « Tapas »1 – tout sur l’avant, le pendant,l’après et les services – un document sur la sexualité, la grossesse et la naissance, rédigé par l’asbl Cemo2, un service d’aide en milieu ouvert deSaint-Gilles.

Comme chaque année, la ministre de l’Aide à la jeunesse finance des projets de « prévention générale ». Pour que ces projets correspondentà la réalité de terrain, ils sont choisis par les Conseils d’arrondissement de l’Aide à la jeunesse qui ont défini leurs priorités. Tapas fait partie desprojets sélectionnés à Bruxelles.

Les projets de prévention générale en 2011

En 2011, 511 400 euros ont été distribués, via les CAAJ, au titre de la « prévention générale ». Septante-quatre projets ontété retenus. Parmi eux, trente-quatre sont portés par des services d’aide en milieu ouvert (AMO).

A Bruxelles, l’accompagnement des Mena et le projet du CAAJ « La Marque jeune » obtiennent le gros du financement.

Tapas donne des informations concrètes et renvoie vers des services spécialisés. C’est donc à la fois un document de sensibilisation, de prévention et unrépertoire. Il s’adresse aux intervenants sociaux et aux jeunes qui se posent des questions relatives à « la vie sexuelle et affective ». On y trouve aussi« toutes les démarches à entreprendre lors d’une grossesse ». La forme de l’objet est aussi importante que le fond, histoire d’accrocher les jeunes. Le Tapas estdiffusé dans différents services à près de mille exemplaires.

Olivier Gatti, le coordinateur de l’asbl nous explique que l’idée de faire le Tapas est venue des demandes des jeunes. D’abord, des demandes de mineures enceintes ou de parents ados. Maisaussi, plus largement, de jeunes, concernant la sexualité. Pour Olivier Gatti : « Il existe des services, mais ces jeunes en reviennent parfois avec des expériencesdifficiles et des informations qui peuvent être contradictoires. De plus, ils reçoivent différents « flyers » sur des thématiques. L’information estmorcelée, mais ils ne reçoivent pas d’information complète. »

Finalement, le Tapas, si l’on en croit la brochure elle-même, c’est une « information pertinente et diversifiée aux questions que se posent les jeunes ». C’esten tout cas un bel outil de prévention.

La réincarnation d’Aïcha

Aïcha fut une asbl innovante. Alter Echos avait fait la part belle à cette initiative qui proposait un accompagnement original des Mineurs étrangers nonaccompagnés. Espace d’accueil convivial et ludique, Aïcha proposait aux Mena de se détendre, de participer à des activités collectives tout en assurant un suiviindividuel et une aide aux tuteurs. Puis Aïcha a périclité, pour d’obscures raisons budgétaires. Mais sa fondatrice, Anne Graindorge n’en est pas restée là.Elle fonda « Menamo ». Une asbl dont l’objectif était de capitaliser les acquis d’Aïcha et de les transmettre aux AMO bruxelloises, de plus en plusconfrontées à la problématique.

En 2011, malgré une méfiance, nous dit-on, du cabinet de l’Aide à la jeunesse, Aïcha avait obtenu, en compagnie de toutes les AMO bruxelloises et d’une association detuteurs, que Menamo perdure grâce au fonds de « prévention générale ». Mais badaboum, Aïcha disparaît de la circulation. Alors, les AMOpensent au Service droit des jeunes pour reprendre l’affaire. Un projet qui a les faveurs du CAAJ, car il représenterait plus de 50 % du budget « préventiongénérale ».

Benoît Van Keirsbilck, directeur du Service droit des jeunes3, nous détaille ce que sera ce projet : « Le projet commencera le premier octobre. Il y auraune embauche pour soutenir les AMO. L’objectif, c’est que les droits du mineur soient respectés. C’est aussi un soutien éducatif, social et juridique. Les AMO seront là pourfaire en sorte que les services qui doivent intervenir interviennent. » Le projet sera bien sûr orienté « formation » des AMO et proposera aux Mena unaccompagnement individuel et collectif. Le tout sera épicé d’interpellations collectives du monde politique.

1. Document accessible sur ce lien : www.cemome.be/spip.php?rubrique60

2. Cemo :
– adresse : rue du Danemark, 15-17 à 1060 Bruxelles
– tél. : 02 536 52 34
– courriel : cemo@cemoasbl.be
– site : www.cemome.be
3. Service droit des jeunes :
– adresse : rue Marché aux poulets, 30 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 209 61 61
– courriel : bruxelles@sdj.be
– site: www.sdj.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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