Coincé entre la formation et l’enseignement de plein exercice, l’enseignement de promotion sociale tente de solidifier ses positions.
Il y a deux ans, l’enseignement de promotion sociale s’interrogeait à propos de son avenir. Aujourd’hui… il s’interroge toujours. Tout d’abord concernant les opérateurs de formation, parfois soupçonnés de vouloir lui tailler des croupières, même si le secteur ne le dit pas comme ça. Pour rappel, un processus de validation permet à l’heure actuelle à certaines personnes de faire reconnaître une partie de ce qu’elles ont acquis au sein de centres de formation pour accéder à l’enseignement de promotion sociale et/ou pour y obtenir une certification en bonne et due forme. Depuis 2011, ce processus de validation a même été «automatisé» dans certains cas. Une convention a été passée dans ce sens entre la promotion sociale et l’Ifapme. Elle permet à tous les établissements de promotion sociale de reconnaître de la même manière et automatiquement les compétences des étudiants en provenance de l’Institut pour certaines études. Autant dire que cela amène du monde dans les couloirs des établissements de promotion sociale…
Un nombre grandissant de hautes écoles organisent des cours en horaires décalés visant un même public que celui de la promotion sociale.
Il y a cependant un hic: voilà longtemps que les opérateurs de formation, Ifapme en tête, demandent de pouvoir avoir accès à une certification débouchant sur des effets de droits identiques à ceux que confèrent les titres – certificats – diplômes des établissements de la Communauté française, et donc de la Promotion sociale. Si cela devait arriver, inutile de préciser que c’en serait fini de la validation évoquée plus haut… Or, «les opérateurs de formation sont plus demandeurs que jamais pour un accès à la certification», explique Hervé Pétré, président du Conseil général de l’enseignement de promotion sociale. Ils ont même presque failli obtenir ce qu’ils désirent il y a peu. Dans le cadre d’un dossier relatif à la formation en alternance, un projet d’arrêté avait été mis sur la table afin que tous les élèves sortis de la formation en alternance (Ifapme, Sfpme, Cefa) puissent bénéficier du certificat d’études de sixième année de l’enseignement professionnel. Aujourd’hui, Stéphane Heugens, secrétaire général de la Feprosoc (Fédération de l’enseignement de promotion sociale catholique), se dit soulagé «parce que ce n’est plus d’actualité». Vérification faite auprès du cabinet de Marie-Martine Schyns (CDH), ministre de l’Éducation de la Communauté française, on nous dit «que la piste n’est pas écartée mais que d’autres sont sur la table». L’option semble donc avoir du plomb dans l’aile. Ce qui n’empêche pas le secteur de la promotion sociale de continuer à s’inquiéter. Et d’insister sur la validation. «Le secteur des centres d’insertion socioprofessionnelle (CISP) a mieux pris le train en marche que l’Ifapme, qui n’a pas renoncé à accéder à la validation, souligne Hervé Pétré. Nous avons de plus en plus de ‘flux’ en provenance des CISP.»
Et l’enseignement supérieur?
Autre inquiétude: la place de l’enseignement de promotion sociale par rapport à l’enseignement supérieur de plein exercice. Ici aussi, le secteur tente de solidifier ses positions et son image. Une tâche parfois peu aisée «tant il est vrai que nous sommes un enseignement pluriel, avec beaucoup d’établissements de niveau secondaire ou supérieur», constate Stéphane Heugens. Il est vrai qu’un nombre grandissant de hautes écoles organisent des cours en horaires décalés visant un même public que celui de la promotion sociale. Ce qui pousse le secteur de la promotion sociale à l’affirmer: son public reste le même. «Nous sommes très attachés à la définition de notre public. Il s’agit des personnes âgées de 30 ans et plus qui travaillent», affirme Hervé Pétré. Qui souligne que, à l’inverse, l’idée de la promotion sociale «n’est pas de venir créer des structures qui viendraient capter un public jeune destiné à s’orienter vers les hautes écoles». «Coincée entre supérieur et formation», la promotion sociale cherche donc à sécuriser sa place.
En savoir plus
«Crise d’identité pour la promotion sociale?», Alter Échos n°390, 14 octobre 2014, Julien Winkel.