L’avant-projet de décret sur la réforme des Conseils d’arrondissement de l’aide à la jeunesse (CAAJ) a suscité plus de contestations que d’enthousiasme. Face à la salve d’avis négatifs et dans un contexte de fin de législature, le secteur préfère se donner le temps de la réflexion.
« Depuis six ans, les gouvernements successifs ont accumulé les constats d’ineffectivité de certaines missions des CAAJ et de difficultés à en mettre en œuvre d’autres. Il y a lieu d’envisager, à brève échéance, une réorganisation limitée des CAAJ par le biais d’une modification du décret du 4 mars 1991 relatif à l’Aide à la jeunesse », dit la note de la ministre Fonck1 en préambule de son avant-projet de décret. À l’urgence, les CAAJ ont pourtant préféré la prudence. Sur les treize CAAJ, sept ont ainsi remis un avis clairement négatif, cinq des avis positifs mais nuancés par des demandes de modifications ou des réserves concernant certains points. Quant au CAAJ de Charleroi, il a jugé les délais trop courts pour remettre un avis circonstancié.
Trop court, c’est aussi le point de vue du Conseil communautaire de l’aide à la jeunesse (CCAJ)2 qui a cependant accepté d’examiner le texte et de remettre un avis.Là encore, on ne peut pas parler d’enthousiasme débordant puisque le vote sur l’opportunité de s’exprimer dans les délais imposés par le cabinet Fonck a été positif à une seule voix près. Dans son avis rendu le 6 mars dernier, le CCAJ souligne poliment « le travail important et la qualité des réflexions entamées sur les missions des CAAJ », mais indique aussi que « le travail reste inachevé et nécessiterait une réflexion et une concertation plus grande avec le secteur ». Il conclut très logiquement que « dans le contexte de fin de législature, malgré les débats et avis pertinents, le Conseil communautaire doit constater qu’il n’y a pas unanimité sur l’ensemble des modifications soumises. » Il devrait donc poursuivre le travail de réflexion, entamé depuis deux ans sur la question.
On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même
L’un des points sensibles concernait la composition des CAAJ jugée obsolète par beaucoup. Actuellement, elle est subdivisée en trois tiers – un tiers de membres des Conseils d’action sociale, un tiers issu du secteur de l’Aide à la jeunesse et un tiers de membres attestant d’une expérience dans d’autres secteurs. « Cette composition n’est plus en adéquation avec les réalités actuelles, la surreprésentation des conseillers de CPAS par rapport aux autres secteurs ne se justifie plus », estime la ministre qui a proposé de remplacer cette répartition par six catégories de membres « plus représentatifs de secteurs qui interagissent avec celui de l’Aide à la jeunesse », comme celui de l’enseignement, par exemple. Une suggestion plutôt saluée par le secteur, même si elle demandera sans doute de huiler les rouages et un temps d’adaptation.
Outre le manque de temps, certains CAAJ ont aussi souligné le manque de moyens techniques et financiers pour travailler correctement. À l’instar du CAAJ de Mons qui, en dépit de son avis positif, regrette que les « frais de fonctionnement du CAAJ soient décidés de manière aléatoire ; il serait intéressant qu’ils soient fixés par circulaire en début de mandat et qu’ils bénéficient de l’indexation annuelle. »
Pour beaucoup de travailleurs du secteur, le texte se recentre utilement sur l’Aide à la jeunesse mais devrait aussi renforcer la prévention générale en collaboration avec d’autres partenaires. « Ce qui nous est souvent revenu également, c’est le souci d’accorder une plus grande place aux jeunes », note Guy De Clercq, président du CCAJ. « De toute façon, comme il est très improbable que le texte passe sous cette législature, nous allons poursuivre le travail de réflexion sans attendre la nomination d’un nouveau ministre. Finalement, on reproche souvent au politique de ne pas être en adéquation avec les attentes du secteur, mais peut-être devrions-nous être plus pro-actifs. Pourquoi ne pas, nous-mêmes, proposer un texte qui servirait de base à un projet de réforme ? »
CAAJ, mais encore ?
Il existe un CAAJ dans chaque arrondissement judiciaire, composé de 12 à 24 membres nommés par le gouvernement pour 6 ans. Les missions des CAAJ sont multiples : favoriser lacoordination de la politique de prévention générale dans les arrondissements, donner des avis sur l’affectation des budgets de prévention, recueillir les besoins et avisdes jeunes, remettre des propositions au gouvernement, publier un rapport annuel qui comprend notamment une analyse critique de la situation dans les arrondissements, attirer l’attention desautorités publiques sur des situations problématiques, etc.
1. Cabinet de Catherine Fonck, ministre de la Santé, de l’Enfance et de l’Aide à la jeunesse :
– adresse : bd du Régent, 37-40 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 788 83 11
– courriel : cabinet.fonck@cfwb.be
– site : www.catherine-fonck.be
2. CCAJ
– tél. : 02 413 32 06
– courriel : dgaj@cfwb.be