Ce jeudi 5 décembre, le Volet citoyenneté de l’Ouest du Brabant wallon1 organisait une conférence-débat à Braine-le-Château sur laréinsertion professionnelle. L’occasion de poser une réflexion et des constats sur le système qui sont peut-être différents de ceux voulus par ses initiateurs.
Jean Mairy, secrétaire de CPAS de Braine-le-Château, resitue d’abord le problème historiquement. L’article 60 de la loi de 1976 permet de remettre une personne minimexéeau travail et de lui faire récupérer ses droits au chômage. Cette possibilité a été très faiblement utilisée car elle allait à l’encontrede la tradition des interventions des CPAS. En 1990, la loi Onkelinx oblige les CPAS à proposer un emploi aux jeunes minimexés. Cela amène un changement. À Braine, parexemple, en 93, 94 et 95, quatre personnes furent recrutées. Mais les difficultés restent importantes : la charge financière est difficile à assumer et il faut trouver desemplois adaptés au public. L’exonération des CPAS de payer la cotisation patronale pour les articles 60, en 97, et des subsides spécifiques de la Région wallonne, ontfavorisé l’usage de cet outil. Aujourd’hui, à Braine, sur une petite trentaine de minimexés, un tiers est en cours de réinsertion. La proportion est importante, mais ellerésulte d’un « écrémage ». On s’occupe d’abord des cas les plus faciles. La durée d’emploi d’un article 60 varie de un à trois ans. C’est à peuprès l’équivalent d’un stage au Forem. Le travailleur réapprend aussi toute une série d’habitudes sociales. Reste un problème. Qu’envisager après l’article60 ? C’est chaque fois difficile lorsque c’est terminé. Le travailleur reste seul. Selon Madi Dejasse, administratrice déléguée de Cadreci, un organisme de formation,« il faudrait un accompagnement individualisé et collectif ».
Un travail de fond
Que se passe-t-il avec les deux autres tiers ? C’est une approche de longue haleine, avec des assistants sociaux, des psychologues, des éducateurs. Recréer les conditions pour lesremettre au travail n’est pas toujours possible. Il faut savoir aussi que les CPAS évitent de proposer l’article 60 s’ils savent que cela va engendrer une catastrophe pour la personne ou pourl’employeur. Lorsqu’on envisage l’insertion, il ne faut pas la rater. Selon Mohamed Belguenani, travailleur social à l’AID, « pour une réinsertion, il faut que la personne soitdemandeuse et motivée, qu’elle connaisse le cadre dans lequel elle va travailler, qu’elle sache qu’elle a un contrat de travail, qu’elle s’y retrouve dans les informations parfoiscontradictoires qu’elle reçoit de la part de son CPAS ou d’autres associations et qu’elle ait donc un minimum de formation ».
Sans vouloir critiquer aucunement les chômeurs, Sylvie Terryn, formatrice à Cadreci, constate : « Le chômeur n’est pas du tout fainéant. Mais une personne qui a unpeu de qualifications et qui est chef de ménage au chômage n’a pas intérêt aujourd’hui à trouver un travail dans un circuit normal ». D’abord sur le planfinancier, un chômeur qui fait des heures ALE et un peu de noir gagne plus qu’en travaillant. Ensuite, sur le plan des conditions de travail, il peut adapter son horaire, sentir moins decontraintes et ainsi trouver un meilleur épanouissement. Sylvie Terryn fait un constat parallèle pour le travailleur en ALE. « S’il est contrôlé, il n’y a pas depossibilité de vérifier s’il fait du noir ou s’il est en contrat ALE. Le système favorise donc le noir. Des gens aujourd’hui sont très bien en circuit parallèle,poursuit-elle. Faut-il les remettre absolument au travail alors que la société vise au plein épanouissement de ses membres ? La valeur du travail a changé et n’est plus lamême qu’il y a 15 ans. »
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