A l’occasion du festival Bruxitizen, nous avons pu rencontrer Catherine Closson, spécialiste en alimentation durable, alors qu’elle y animait un atelier sur l’agrobusiness. Elle a accepté de nous parler de son métier et de donner quelques conseils et astuces aux étudiants qui aimeraient passer à une alimentation plus durable.
Tout d’abord, Catherine nous parle des deux principales facettes que son activité en alimentation durable comporte. « Il y a d’un côté les projets plus éditoriaux, rédactionnels, de communication. Et puis les projets d’accompagnement : recherche de fournisseurs, sensibilisation et montage de projets. » Elle conseille les organisations qui souhaitent introduire une alimentation plus durable au sein de leur structure : du secteur public (écoles, communes) au secteur privé (hôtels, banques, entreprises comme Sodexho, etc), toutes tailles confondues.
Greenwashing ?
Une pointe de scepticisme peut naître en entendant des organisations, surtout des entreprises privées, chercher conseil en matière d’alimentation durable : s’agit-il de « Greenwashing » ? Pour rappel, le « Greenwashing » est une opération marketing (ou de relations publiques) mise en place par une organisation et qui consiste à vouloir se donner une image d’acteur écologique responsable en misant donc plus sur les relations publiques et la publicité que sur des actions concrètes.
Catherine nous dit que la question est en effet délicate. « Il y a toujours quelques personnes qui sont motivées. Et donc en général, mes contacts, les responsables projets, sont sincèrement convaincus. Mais ce n’est pas toujours le cas de l’ensemble de la structure, ça peut n’être le cas que du cuisinier par exemple. Mais là est mon rôle : essayer de les aider à convaincre leurs collègues, pas tous et tout d’un coup bien sûr, mais le maximum grâce à une communication en lien avec des actions concrètes. Il ne s’agit pas seulement d’utiliser de grands slogans. »
Par exemple ? « On essaye d’introduire de nouveaux produits plus durables dans leur consommation en réunion, dans les services traiteurs quand ils font des événements (dans le cas de l’Ancienne Belgique, par exemple), dans les distributeurs automatiques, etc. On tente d’introduire du plus durable, plus sain, plus équitable et plus bio : en faisant cela, on sensibilise le personnel qui est en fait composé des consommateurs. »
Voilà pour l’alimentation durable en entreprise, mais qu’en est-il de l’aliment durable pour l’étudiant qui vit dans son kot et qui n’a pas forcément un gros budget ni énormément de temps pour cultiver un potager ? « Là où tu ne peux jamais te tromper, c’est quand tu manges des fruits et légumes, c’est quand même la base, on l’entend beaucoup mais ce n’est jamais inutile de le répéter. Et plus généralement, essayer de manger des aliments frais plutôt que des aliments industriels : prendre un peu le temps, quelquefois, de préparer une vraie soupe plutôt qu’une soupe en boite. Ce n’est sans doute pas facile tous les jours, mais faire cela, c’est déjà pas mal. Et alors limiter la consommation de sodas (privilégier l’eau comme boisson) qui viennent de ces grandes entreprises multinationales et qui ne sont pas terribles au niveau santé, environnement et social. Limiter les crasses donc, mais sans culpabiliser. »
Et tant que nous y sommes, nous lui avons demandé de nous donner quelques astuces shopping. « Malheureusement, le problème avec les magasins bio ou de commerce équitable est souvent leurs prix qui ne sont pas toujours accessibles à des étudiants. Par contre, il y a d’autres alternatives comme le système de circuit court qui peut être très chouette notamment si tu es dans un kot avec d’autres étudiants (tout seul, ce n’est pas évident) : il y a le système des paniers, qui consiste à acheter en groupe, par exemple, un panier de fruits chaque semaine, directement chez le producteur. Une autre idée est de privilégier les marchés : acheter des produits locaux et de saison n’y coûte pas très cher en général. Il y a aussi les petits commerces locaux, les petites épiceries : ce serait chouette de convaincre l’épicier de proposer quelques produits locaux et pourquoi pas des produits issus du commerce équitable ou bio. »