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Lancement de l'alliance européenne contre la pauvreté

L’ACW, en collaboration avec son équivalent francophone le MOC, appelle la société civile à former une alliance européenne de la société civilepour combattre la pauvreté.

04-10-2010 Alter Échos n° 302

L’ACW, en collaboration avec son équivalent francophone le MOC (Mouvement ouvrier chrétien), appelle la société civile à former une alliance européenne dela société civile pour combattre la pauvreté. Et entend redonner son sens militant au mot « lutte ».

Un vent rafraîchissant au parfum de militantisme soufflait ces 17 et 18 septembre dans les couloirs du Comité européen des Régions où se tenait leséminaire « société civile et lutte contre la pauvreté » organisé par l’ACW, de Koepel Van Christelijke Werknemersorganisaties1.Plus qu’un moment de réflexion, l’objectif de cet événement était d’appeler les organisations de la société civile, les partenaires sociaux et lesassociations de terrain à collaborer au-delà des clivages pour influencer les politiques de lutte contre la pauvreté. Une main tendue que les invités Patrick De Bucquois,président de Caritas Europe, Ludo Horemans, président belge du réseau européen de lutte contre la pauvreté EAPN, et Josef Niemec, secrétaireconfédéral à la Confédération européenne des syndicats, ont publiquement acceptée.

« Dans le cadre de la stratégie Europe 2020, l’UE s’est engagée pour la première fois sur un objectif chiffré de réduction de la pauvreté de 20millions. Nous serons là pour lui faire tenir ses promesses », lançait avec emphase la secrétaire générale de l’ACW, Ann Demeulemeester, enconclusion.

Cette alliance s’inspirera, d’une part, de l’expérience du Decennieumdoelen, un réseau flamand de lutte contre la pauvreté qui réunit des syndicats et des acteurs dusocio-culturel et de l’action sociale. D’autre part, elle doit renforcer la Spring Alliance, un groupement européen d’ONG mobilisé sur les questions de développement durable.

C’est le moment, c’est l’instant

Ce n’est pas par hasard si 2010 a été proclamée année européenne de lutte contre la pauvreté. Pas plus que ce n’est une coïncidence si le moment aété choisi par l’ACW pour lancer l’Alliance.

Entre l’ambitieuse stratégie de Lisbonne – supposée faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde pour 2010 – et lastratégie Europe 2020 – qui vise plus modestement à recoller les morceaux de la crise –, l’Europe est à un tournant stratégique. Et ses nouvelles positions enmatière sociale inquiètent plus que jamais. Certes l’UE se donne pour la première fois un objectif chiffré de réduction de la pauvreté, mais plusieurs de sesÉtats membres, comme l’Irlande, le Royaume-Uni, la Grèce, pratiquent des politiques d’austérité lésant directement les plus pauvres.

Des craintes existent aussi quant au devenir de la Méthode ouverte de coordination (MOC sociale). Cette méthode permet d’avancer dans des domaines où l’UE n’est pasformellement compétente. Les États définissent des objectifs communs non contraignants et comparent leurs performances. Pour l’ACW, ce n’est pas la panacée. Mais c’estdéjà mieux que rien. « Europe 2020 parle de la mise en place d’une plate-forme de lutte contre la pauvreté, sans dire ce que deviendra la MOC. Les États neveulent plus qu’on pointe du doigt les mauvais élèves. Ils préfèrent se retrancher derrière une plate-forme d’experts peu transparente », craint MichelDebruyne, organisateur du séminaire.

Le message

Le séminaire était l’occasion de préciser le cadre dans lequel l’alliance veut évoluer. Les conclusions doivent encore être traduites en revendications formelles,mais on peut déjà tracer les grands axes2. Outre la pérennisation de la MOC sociale, l’alliance plaide pour la mise en place d’un revenu minimum et une approche enterme de droits sociaux. La fiscalité doit servir d’outil à une meilleure répartition des richesses. « Les impôts ne sont pas un gros mot », commenteMichel Debryune.

L’alliance défend aussi une interprétation différente de l’activation que celle sur laquelle s’est engagée l’UE. Une version à gauche d’un concept utiliséà droite, en quelque sorte. « Pour nous, activation veut dire investir dans l’humain, dans les conditions qui permettent d’avoir un emploi décent, dans les crèches, dansles services. Ce mot, pour nous, doit plutôt être synonyme d’économie sociale. » Et de rappeler aussi qu’ils ne veulent pas d’une Europe où la lutte contre lapauvreté se bornerait aux questions d’emploi.

Pour un revenu minimum

En cette année 2010 de lobbying pour une politique sociale européenne de lutte contre la pauvreté, EAPN vient de lancer une campagne appelant à mettre en place desdispositifs de revenu minimum (www.adequateincome.eu). « Trois États membres n’ont toujours pas de régime d’allocation de revenu minimum: la Grèce,l’Italie et la Hongrie », rappelle EAPN.

1. ACW :
– adresse : chée de Haecht, 579 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 246 37 29
– courriel : michel.debruyne@acw.be
2. Pour consulter les conclusions du séminaire : www.acw.be/EU-seminarie/fr/

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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