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Regard critique · Justice sociale

Le Matin du 22 janvier a dévoilé en primeur la charte et le comité de pilotage autour desquelles s’organiseront les Assises pour l’Egalite1, dont le processus démarreraofficiellement le mois prochain. Elles sont portées par « des organisations syndicales, des associations et des partis politiques progressistes », regroupés pour la circonstance autour decette référence commune à l’égalité. Selon la Charte qui fonde l’initiative, « l’égalité ne se porte pas bien […] Cœur de tout projet politiqueauthentiquement démocratique, l’aspiration égalitaire doit être raffermie. De même, le critère d’égalité doit être mis au centre du jugementporté sur les politiques publiques ». Pour Henri Goldman, qualifié de « cheville ouvrière de l’opération » et co-directeur de Politique, revue dont le projet se centre sur lerassemblement des « gauches », il s’agira de « réactualiser une ancienne ligne de démarcation sociale et politique, qui s’est déplacée, enrichie, mais qui est toujourspertinente ».
Concrètement ces Assises seront le réceptacle de douze chantiers décentralisés (« y compris sur le plan financier ») en Wallonie et à Bruxelles, et dont la liste seraprésentée lors du lancement public de mars (les groupes porteurs locaux sont en train de se constituer). Abordant chacun « une dimension particulière de l’égalitédans les domaines socio-économique, de la justice, de l’enseignement, de la santé, des relations nord-sud, de la citoyenneté, de la culture ou de l’environnement », ces douzechantiers pourront « prendre des formes très diversifiées qui s’articulent obligatoirement autour d’une activité ouverte au public ». « Leur approche devra être progressiste,explique Henri Goldman. Leur préparation devra être pluraliste et ouverte à toute personne ou acteur qui manifeste l’intérêt de s’y impliquer. Pour une organisationou une association qui aurait de toute façon organisé cette année ou l’année prochaine un événement, les avantages de s’inscrire dans notre dynamique sontmultiples: p.ex. orienter sa thématique sur la question de l’égalité, ou trouver des suites dans différentes régions du pays. » Les débats alimenteront lessynthèses qui seront réunies en 2003 lors des Journées de l’Egalité.
La tenue de telles assises avait été évoquée en avril de l’année dernière par François Martou et le premier mai suivant par Elio Di Rupo. Ladémarche de ceux qui en apparaissent rétrospectivement comme les deux « parrains » a donc mis du temps à mûrir : celui nécessaire à la prise en compte desdivers équilibres et susceptibilités des protagonistes potentiels. C’est ce que révèle la composition du comité de pilotage dont les 23 membres actuels »siègent avec l’aval de leurs organisations ou à titre individuel ». On y compte deux PS (Frédéric Delcor, IEV et Stefan Verschuere, chef de cabinet d’Alain Hutchinson),deux Ecolo (Abraham Franssen et Jean-François Ramquet) et une PSC (Alda Colson), trois FGTB (Annick Thyré, Xavier Zeebroeck et Daniel Richard), trois MOC/CSC (Thierry Jacques, LahoucineTazribine et Isabelle Desorby) ainsi que divers représentants des milieux académiques et associatifs (dont Denis Lambert d’Oxfam, Sophie Charlier d’Entraide et Fraternité,Danièle Meulders de l’ULB, etc.). Constatons donc qu’au niveau politique et syndical, ce ne sont pas des dirigeants, ni des représentants trop en vue (comme des parlementaires) qui seretrouvent autour de la table mais bien des permanents.
La publication de l’ensemble de ces informations par Le Matin a malgré cette prudence donné lieu à quelques remous. Dès le lendemain de la parution de l’article, lesmembres du comité de pilotage tenaient à rectifier l’interprétation du quotidien qui voyait dans la démarche « le premier pas de la constitution d’une gauche plurielle » : »gare aux plans sur la comète […] ce n’est pas l’objet de la démarche ». Frédéric Delcor insistait ainsi sur l’intérêt d’un dialogue surl‘égalité « en-dehors des structures traditionnelles ». Une seconde tension a paru plus sérieuse si l’on se rappelle les conflits qui avaient eu raison des appels de PhilippeBusquin, fin octobre 1997, et puis de François Martou, en décembre de la même année, à la constitution d’un Olivier, pour l’un, et d’un front associatif, pour lesecond. Urbain Destrée, président de l’Inter-régionale wallonne de la FGTB a exigé que « la clarté » soit faite au sein de la FGTB sur les mandats des membres dusyndicat qui prendraient part à ces Assises, soulignant au passage la faible présence de son homologue chrétien. La tension semble, en fait, plus interne à la branchewallonne du syndicat socialiste : c’est son secrétaire général, Jean-Claude Vandermeeren, qui avait dirigé les contacts avec les responsables des Assises etcommuniqué leur résultat au sein du syndicat. La FGTB-wallonne, en attente de précisions sur la composition du comité de pilotage, sur les objectifs poursuivis et lesthèmes abordés, reste jusqu’à nouvel ordre, à bord.
1 Adresse provisoire de contact : Henri Goldman, rue du Coq 110 à 1180 Bruxelles, tél et fax : 02 375 28 46, GSM : 0478 492 356, e-mail : henri.goldman@wanadoo.be Un document completsur les thématiques et la méthode sera disponible à partir de la mi-mars, ainsi qu’un numéro de la revue Politique reprenant des contributions des initiateurs de ladémarche.

Thomas Lemaigre

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